Witchthroat Serpent - Trove of Oddities at the Devil's Driveway
Chronique
Witchthroat Serpent Trove of Oddities at the Devil's Driveway
Le désespoir.
S'il y a un mot qui marque la différence - claire depuis le début me concernant, mais dont les différentes critiques au sujet de ce nouvel album demandent visiblement d'encore en parler - entre Witchthroat Serpent et Electric Wizard, c'est bien celui-là. Les Anglais jouent un doom psychédélique référencé et autosatisfait, rappelant les longues soirées à regarder des cassettes d'obscurs films d'horreur rétro ; les Français vivent dans les dites-cassettes, leur grain vieillot, leur atmosphère poussiéreuse, la tristesse de leur décor fané et l'implacable sentiment de mort qui habite ses personnages.
Une question d'implication en somme, de suspension d'incrédulité qui devient de plus en plus aisée à ressentir chez eux. Witchthroat Serpent fait ici un pas de plus dans la croyance, se rêve avec plus de force damné d'un village de spectres, dans cette maison des feuilles où les mélodies avancent en dédales, lisibles et difformes, la voix soutenant l'ensemble de sa livide ferveur. Le chant n’a d’ailleurs jamais été aussi bon qu’ici, avec ce qu’il faut d’enjôleur tout en laissant traîner les syllabes. Séduisant mais bien fatidique, il se fait nappes tout autant qu’accroche lisible, une manière de happer qui me rappelle ce que pouvait avoir de trouble George Birch des défunts Wounded Kings.
On y croit, encore un peu plus, au point de se sentir également maudit, dans ce son encore plus lourd et organique, animal presque (il n'y a pas que les pattes qui sont d'éléphant ici). Enivrant aussi, chaque fin d'écoute se terminant comme un déchirement d'un monde où l'on a été placé en apnée. Witchthroat Serpent commence fort avec « Multi-dimensional Marvelous Throne (M-DMT) », meilleur titre de Trove of Oddities at the Devil's Driveway. Disons-le sans détour : il est ce qui rend indispensable l’écoute de ce disque pour qui est fan de doom psychédélique à tendance horrifique ainsi que ce qui fait languir le reste de ce qui constitue ces quarante-et-une minutes. Presque trop bon, il ne dérange pas la suite – qui contient encore quelques beaux moments, comme « The House That Dripped Blood » ou « Nosferatu's Mastery » – mais se situe à une hauteur dont on ne fait que descendre par la suite, comme ces introductions de films qui laissent planer le mystère, une allée, un meurtre, des ombres, avant de dérouler un scénario palpitant mais nécessairement plus didactique.
Que cela n’empêche pas de suivre l’histoire, pleine de manoirs inquiétants, de sang sur les murs, de velours vénéneux révélant que les promesses de la nuit sont celles du crime. Trove of Oddities at the Devil's Driveway tient son ambiance tout du long, emporté comme cela a toujours été le cas avec Witchthroat Serpent, mais allant plus loin dans l’immersion. Le meilleur album des Français ? On n’est pas loin de le penser, son allure classique, presque cliché (jusqu’à l’enregistrement analogique), cachant une fraîcheur redonnant de l’émotion à cet exercice de style. Ce qui fait que si on devait obligatoirement rapprocher cette œuvre de celles d’Electric Wizard, on ne pourrait que pointer du doigt We Live perdu dans le monde de Witchcult Today. À ceci près qu’il met une sévère raclée à ce dernier, façon serial killer répondant à celui écoutant des podcasts de tuerie pour le frisson.
Car il y a ce foutu désespoir, celui qui hante ces lieux au point que l’on se retrouve maintes fois à arrêter ce que l’on est en train de faire pour rester les yeux dans le vide, possédé. Ce foutu désespoir qui, à la fin, devient aussi celui d'un retour à notre triste réalité. Vite, rembobinons !
| lkea 4 Décembre 2024 - 346 lectures |
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