chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
399 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer
Melvins - Bu... » Thy Art Is M... »

Enterré Vivant - 悪罪 (Akuzaï)

Chronique

Enterré Vivant 悪罪 (Akuzaï)
Si ENTERRÉ VIVANT est référencé sur Thrashocore, ce n’est pas parce qu’un célèbre chroniqueur masqué me soudoie en m’envoyant des photos salaces ou du hentai. Plutôt parce que « Shigenso », l’album précédent paru en 2023, avait fait l’unanimité chez toute personne l’ayant écouté ne serait-ce qu’une fois. Alors cela ne transparaît pas forcément en ces pages puisqu’aucune note de lecteurs ou d’autres webzines ne vient étayer cette affirmation mais, dans mon entourage, la découverte s’est systématiquement conclue par une commande auprès d’Antiq Records et il en va de même (n’est-ce pas Ludwiglio ?) pour « Akuzaï » (zaï-zaï-zaï aurait renchéri le facétieux Joe Dassin), le nouveau longue-durée pensé par l’indissociable paire Sakrifiss (concept, textes, chant) / Erroiak (instruments, chant).

Ceux qui suivent un peu l’actualité du site ont déjà pu en apprendre long sur le LP, l’interview récemment donnée par le groupe nous ayant permis de tout savoir sur les thématiques abordées ainsi que sur la structure même de l’offrande : une intro, deux compositions, un intermède, deux compositions, un intermède, deux compositions, une outro. 1/2/1/2/1/2/1. Les mots et les images restent pourtant encore insuffisants pour comprendre la musique même si, et c’est un aspect que j’apprécie particulièrement chez ENTERRÉ VIVANT, je ressens systématiquement le besoin de m’immerger un instant dans l’ambiance et le visuel avant d’entamer l’écoute. Et là… La pochette est d’une telle beauté… La vie et la mort bien sûr, la mort et l’amour aussi, l’amour et la vie également, tu peux lui apposer une symbolique, juste y voir l’illustration de l’éternel retour des conflits, le groupe quant à lui ne cherchant pas à psychanalyser son inspiration : la Deuxième Guerre Mondiale vue à travers le prisme des victimes civiles japonaises. Ce récit se décline au travers des dix péchés du bouddhisme : le meurtre, le vol, la luxure, le mensonge, la calomnie, l’injure, les paroles inutiles, la convoitise, la méchanceté, les vues fausses. Nous on en a que sept pour définir l’universalité de l’ordure.

Je n’ai jamais été grand amateur de l’exercice du track by track cependant, étant donné les deux ensembles distincts qui constituent « Akuzaï », je vais d’abord me focaliser sur les quatre intermèdes avant de m’intéresser aux six compositions. En temps normal, j’aurais eu tendance à me plaindre que ces entractes soient trop nombreux, qu’ils n’apportent rien, commentaire effectivement valable dans 80% des cas. Mais ici, nous sommes dans les 20% pertinents car, d’une, chacun illustre l’un des dix péchés mentionnés, jouant ainsi un rôle équivalent au pendant black du disque bien que sous une forme moins conventionnelle, de deux ils incarnent le liant, le ciment qui renforce le concept et lui donne toute sa portée historique. À ce titre, quelle meilleure introduction que « Jaken » (la bêtise) où l’on peut entendre le discours de l’empereur japonais (Hirohito, si je ne fais pas erreur) au moment d’entrer en guerre ? Ensuite, « Waruguchi » est une superposition d’insultes en japonais. Cela aurait pu s’avérer trivial, le résultat donne juste le sentiment qu’un yōkai te souffle à l’oreille, Akaname par exemple, le monstre des salles de bain, qui te passerait sa grande langue dans les esgourdes pour se nourrir de leur saleté… Moi ce titre il me colle un peu la pétoche pour tout dire, le slip n’est pas resté indemne. Mais pas autant que « Môgo » dont la narration pleine de souffre est assurée par Athena Nahkriin Halphas, espoir de la scène extrême en recherche de partenaires de jeu. Son timbre vocal, aussi spécifique que potentiellement clivant (car il détonne fortement), n’aura finalement qu’un seul défaut à mes yeux : celui de ne pas se faire entendre assez longtemps (une grosse minute), reproche que je pourrais d’ailleurs faire à l’ensemble de ces interludes : leur brièveté s’avère parfois frustrante, même si « Ryôshita » avoisine les trois minutes, ce dernier fonctionnant comme le parfait générique de fin de cette tragédie humaine mise en musique.

La place prise par ces quatre tranches de vie ne doit cependant pas occulter le cœur de l’album : le black metal atmosphérique ? Oui, plus que jamais mais sans pour autant être une simple redite de la sortie précédente. Déjà, ne serait-ce qu’au niveau des instruments traditionnels utilisés, si ce sont peu ou prou les mêmes qu’avant, leurs usages et donc leurs sonorités sont foncièrement différents. Autrement dit, nous retrouvons le style si particulier de la formation mais rehaussé de subtiles variations qui ancrent le duo dans une volonté de mouvement, d’évolution… Cela, c’est pour les aspects « folkloriques » si je puis dire : ils sont discrets, subtils, toujours à propos, tout du moins pour mon conduit auditif de vil béotien. Mais ENTERRÉ VIVANT c’est avant tout du black, et du bon. Voire du très bon, si tant est que nos attentes ne se focalisent pas sur l’agression constante ou la démonologie. Il faut le rappeler, personne n’écoute ce genre d’albums pour sa virulence, son agressivité et s’en plaindre serait un contre-sens. Si tu veux de la violence, change de fournisseur.

Là encore, le propos va se montrer aussi varié que cohérent. Ainsi, « Chûtô » marque d’emblée l’esprit grâce sa forte charge émotionnelle. Le riff à la deuxième minute et toute la montée qui suit sont tout simplement grandioses, les voix se faisant alors pleurs et lamentations, grincements de dents. Instant perturbant, à la frontière du lacrymal si tu traverses une phase dépressive. Un morceau Yin ? Mis au regard du suivant, « Sesshô », frondeur et semblant puiser ses racines dans le BM symphonique des années 90, oui. Si « Chûtô » est le Yin, « Sesshô » sera son Yang, ces deux compositions accolées pouvant fonctionner comme les principes féminin et masculin. Il faudrait peut-être que j’arrête de chercher à caser de la symbolique orientale un peu partout moi, ça frise le ridicule…

Une fois que l’on a bien intégré la structure de ces deux chansons, le reste coule de source : prépondérance de tempos lents ou médiums, agrémentés de longues plages mélancoliques (le dernier tiers de « Jain » par exemple, absolument sublime), omniprésence des claviers (symphoniques dans « Sesshô » ou « Shin'i », progressifs dans le break central de « Jain », quasiment religieux en introduction de « Don yoku ») avec toujours ce souci du détail, le désir presque charnel d’écrire un plan surprenant, original, disruptif, pour chacune des compositions. Ce peut-être un élément musical, tel qu’un pont inattendu, un instrument inusité, comme un élément vocal (des pleurs, une narration, un chœur épique, une voix croassant à l’image de « Don yoku » où le chant se mêle à celui des oiseaux), dans tous les cas jamais superflus. En fait, il n’y a guère que « Shin'i » qui me séduit moins, peut-être à cause de son riff trop quelconque en début de piste mais cette unique réserve est bien vite balayée par « Kigo » à qui je trouve des faux airs de SUMMONING, japonisant évidemment, et puis l’idée d’inclure un prélude de Chopin à 04:20 (on parle de NTM dans l’interview) avant de repartir sur un tempo lancinant, c’est du grand art. S’il s’agit de ma composition favorite ? Probablement, avec « Chûtô » dont les langueurs automnales imprègnent durablement l’âme.

Enfin, que serait un album d’ENTERRÉ VIVANT sans ses voix si particulières ? Nous le savons, elles divisent et c’est vrai que même pour du black metal certains choix de tonalités peuvent rebuter l’oreille. Cependant, ce sont ces lamentations, ces dérapages dans les aigus, ces croassements qui font une partie de l’identité du groupe, sa spécificité, sachant qu’ils restent minoritaires par rapport à un chant hurlé plus traditionnel et donc moins sujet à débat. Quoi qu’il en soit, peut-être plus encore que sur « Shigenso », le mélange des cultures franco-japonaises me paraît ici atteindre son climax, tant sur les aspects musicaux que textuels (et donc vocaux), tout en faisant du duo une réelle singularité au sein de la riche scène black atmosphérique.

Un grand disque par conséquent à qui je ne mets pas neuf pour deux raisons : la première, paradoxale, vient du fait que j’aurais apprécié des interludes plus longs. Comme dans tout documentaire, on apprécie lorsqu’il y a un équilibre entre les images d’archives et l’analyse théorique. Ici, compte-tenu du concept, je pense que chaque transition aurait mérité une ou deux minutes supplémentaires pour qu’elles deviennent des morceaux expérimentaux à part entière plutôt que de simples sas de décompression. La seconde, c’est « Shin'i », ou plutôt le riff à une minute de « Shin'i » que je trouve vraiment en-deçà du reste de l’inspiration sinon sans faute du LP. J’ai dit que c’était un grand disque ? Oui ? Je le redis quand même, des fois que tout le monde ne suive pas.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Enterré Vivant
Black Metal Atmosphérique
2025 - Antiq Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (1)  8.5/10
Webzines :   -

plus d'infos sur
Enterré Vivant
Enterré Vivant
Black Metal Atmosphérique - 2019 - France / Japon
  

formats
vidéos
Kigo
Kigo
Enterré Vivant

Extrait de "悪罪 (Akuzaï)"
  

tracklist
01.   Jaken  (02:34)
02.   Chûtô  (04:57)
03.   Sesshô  (07:00)
04.   Waruguchi  (00:36)
05.   Jain  (08:34)
06.   Don'yoku  (05:58)
07.   Môgo  (01:08)
08.   Shin'i  (07:52)
09.   Kigo  (08:12)
10.   Ryôshita  (02:56)

Durée : 49:44

line up
parution
26 Mai 2025

voir aussi
Enterré Vivant
Enterré Vivant
四元素 (Shigenso)

2023 - Antiq Records
  

Essayez aussi
Etoile Filante
Etoile Filante
Mare Tranquillitatis

2024 - Northern Silence Productions
  
Alda
Alda
Passage

2015 - Bindrune Recordings
  
Vallendusk
Vallendusk
Heralds Of Strife

2021 - Northern Silence Productions
  
Nahtrunar
Nahtrunar
Symbolismus

2015 - Altare Productions
  
Manetheren
Manetheren
Time

2012 - Debemur Morti Productions
  

Impiety
Formidonis Nex Cultus
Lire la chronique
Deathhammer
Crimson Dawn
Lire la chronique
Flesh Storm
The Path Of The War
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Décembre 2025
Jouer à la Photo mystère
Centinex
With Guts And Glory
Lire la chronique
Entretien avec Anthares
Lire le podcast
The Ultimate Soul Grinding Festival - Last Inhumate Show Ever
Illegal Corpse + Inhumate +...
Lire le live report
Warfield Within
Rise of Independence
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Novembre 2025
Jouer à la Photo mystère
R.B.Band
Chains of silence (EP)
Lire la chronique
Ordered To Kill
Endless War
Lire la chronique
Reabilitator
Fucking Thrasher
Lire la chronique
Hexecutor
…Where Spirit Withers In It...
Lire la chronique
Live Report Muscadeath 2025 2ème jour (samedi)
Lire le podcast
Live Report Muscadeath 2025 1er jour (vendredi)
Lire le podcast
La photo mystère du 1 Novembre 2025
Jouer à la Photo mystère
Mortal Scepter
Ethereal Dominance
Lire la chronique
Revocation
New Gods, New Masters
Lire la chronique
Ormagoden
Purphoros
Lire la chronique
Electrocutioner
Harbinger
Lire la chronique
Vio-Lence
Oppressing The Masses
Lire la chronique
Ex Tenebris Lux Acte VII
Gravekvlt + Zöldïer Noïz
Lire le live report
Entretien avec DEVANGELIC
Lire le podcast
Dead Heat
Process Of Elimination
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2025
Jouer à la Photo mystère
Entretien avec AVULSED
Lire le podcast
Vile Apparition
Malignity
Lire la chronique
Aragon
Aragon
Lire la chronique
Violator
Unholy Retribution
Lire la chronique
Death Feast Open Air 2025
AngelMaker + Brodequin + Ce...
Lire le live report
La photo mystère du 1 Octobre 2025
Jouer à la Photo mystère