Stolen Babies - There Be Squabbles Ahead Chronique
Stolen Babies There Be Squabbles Ahead
C'est pour ce genre d'albums qu'on fait des chroniques. C'est pour ces uppercuts venus de nulle part qu'on n'a pas vu venir et qui vous cueillent au menton pour un KO immédiat. Ces coups de cœur quasi-instantanés. Ces petites merveilles qu'on a tout de suite envie de partager, faire écouter aux proches, aux potes ( mes collègues commencent à se convertir !). Ces mini-religions dont les tables des lois tiennent en un long ruban de notes, sons, ambiances et merveilleuses mélopées s'étirant sur une demi-heure à une heure, pour lesquelles on serait prêt à monter en chaire et se lancer dans de longs prêches passionnés.
Alors, c'est quoi la nouvelle coqueluche de cette midinette de Cyril, mmmh ? Stolen Babies, donc. Encore un blaze à coucher dehors vous me direz. Certes. Ca sent encore les jeunes têtes blondes qui en prennent pour leur grade, mais ici, l'image se veut quelque peu éloignée des Aborted, Dying Fetus et Made Out of Babies. On est plus en aval – du point de vue de la conception des mômes ! –, et sur un terrain moins foncièrement néandertalien. On reste quand même dans le subversif, mais plus dans un trip darko-humorstico-barré, où la violence se mêle à un univers Tim Burtonien non dénué de poésie. L'univers visuel du groupe – que ce soit à travers les artworks très typés signés Crab Scrambly, la dégaine gothico-Zavatta du groupe ou l'univers décalé développé dans le clip de « Push Button » - est au diapason, tout empreint de folie douce, d'araignées velues, de godemichets-sucre d'orge, et d'un habile mélange de Stephen King époque « Ça », de « Freaks » et de Tim Burton.
Ok, mais la musique alors ? Ca part dans pas mal de directions, vous vous y attendiez. Néanmoins, on pourra distinguer trois axes majeurs de lecture, qui se côtoient, s'ignorent et se mélangent tour à tour pour le meilleur et l'encore meilleur.
- La partie la plus violente et la plus prenante est constituée d'une musique indus très rythmique, portée – en plus de grattes synthétiques et hyper incisives – par une basse extraordinaire, vrombissante et bondissante. On pense au meilleur de Nine Inch Nails, Killing Joke, Marylin Manson et Punish Yourself. Ces parties laissent la part belle à un chant féminin parfois sombre et froidement scandée, souvent saturé, dans un registre hardcore extrême énervé, à la limite – parfois franchie - du black metal. C'est cet aspect du groupe qui nous donne les morceaux les plus immédiatement jouissifs, parmi lesquels le superbe « Awful Fall » (Argh : le meilleur morceau jamais écrit par Marylin Manson, avec la basse d'Infectious Grooves, la voie d'une Gwen Stephanie barge, et un glaçage Mr Bungle), et le tube de l'année, « So Close », qui synthétise le meilleur de Nine Inch Nails et de Die Krupps pour créer le plus sanglant et groovy des cyber dance-floors jamais vus de mémoires d'électro-clubber. Il faudrait encore citer « Tall Tales » qui mélange Depeche Mode, Ministry, du chant écorché et une mélodie très discrètement orientale. Mais bon, stop.
- Le deuxième aspect de la personnalité du groupe est sa partie la plus douce, consistant en un rock à chant féminin qui si situerait au centre de gravité d'un triangle reliant No Doubt, Texas et Garbage. A ça – pour bien casser l'image que vous commenciez à vous construire - vous rajoutez un accordéon. Vous arrivez alors sur des titres comme le catchy «A Year of Judges » où on mélange Texas, The Cure, une basse hyper présente, des parties de chant HxCx saturé et des touches légèrement électro. Vous obtenez aussi le morceau qui sera la pilule la plus dure à passer, le très radio-friendly et mélancolique « Lifeless », tube en puissance s'il trouve sa voie sur Europe 2 ou Taratata. Vous aurez enfin le lancinant « Push Button », premier single de l'album qui agace, puis séduit – jugez-en via le clip visible sur le myspace du groupe.
- La dernière facette de la personnalité des Bébés Volés, c'est cette douce et folle imprévisibilité qui leur permet de partir dans la direction qu'ils veulent sans se soucier des conséquences. Ainsi « Filistata » nous emmène à la fête foraine d'un Tod Browning voir femmes à barbe et autres nains à écailles. Sur « Swint ? or Slude ? », instrumental mélancolique où se croisent de nombreux cuivres et une guitare électrique à l'affût, on retrouve les fanfares slaves chères à Kusturica. Sur « The Button has been Pushed », conclusion parfaite (vas-y, dis le: imperfectible), on assiste au coït d'Amélie Poulain et d'un sultan des Mille et Une Nuit mis en musique par Mike Patton.
Et parfois, aucun de ces aspects ne domine vraiment: on se retrouve alors avec de petites merveilles parmi les meilleures de l'album, comme « Tablescrap » et « Mind Your eyes ». Le seul reproche qu'on pourrait faire à l'album serait d'avoir concentré les morceaux un poil moins extraordinaires ou un brin plus doux ( « Lifeless », « Gathering Fingers », « Push Buttons », « Swint ? or Slude ? » - attention hein, aucun d'eux n'est mauvais ! ) sur la deuxième moitié, ce qui donne une certaine impression de déséquilibre et interdit à la note de dépasser un médiocre ( à l'égard des qualités de l'album …) 9.
Ai-je besoin de rajouter quelque chose à ce descriptif ? Oui: n'ayez pas peur des mots « accordéons », « chant féminin », « Texas » ou même « indus ». Je ne suis pas non plus du genre à souiller mes draps à l'évocation de ces mots. Mais ici, la somme est immensément plus grande que ses composantes : le talent – le génie ! – de composition, la magie des mélodies, la puissance rythmique et la tornade de groove à l'oeuvre transcendent le tout et le portent loin au-dessus des simples bons albums qui encombrent nos étagères. Vous resterez musicalement borgnes tant que vous n'aurez pas été exposés à cet album : allez, enlevez moi ce bandeau qui vous obstrue la vue, ça vous donne un air d'Albator de supermarché à 3 centimes d'euros ! | cglaume 18 Décembre 2007 - 5163 lectures | | DONNEZ VOTRE AVIS Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer. AJOUTER UN COMMENTAIRE | Musique inclassable et barrée 2007 - The End Records notesChroniqueur : | 9/10 | Lecteurs : | (8) 8.56/10 | Webzines : | (25) 7.56/10 |
plus d'infos sur | Stolen Babies Musique inclassable et barrée - Etats-Unis | | |
tracklist01. | Spill | 02. | Awful Fall | 03. | Filistata | 04. | A Year Of Judges | 05. | So Close | 06. | Tablescrap | 07. | Swint? Or Slude? | 08. | Mind Your Eyes | 09. | Lifeless | 10. | Tall Tales | 11. | Push Button | 12. | Gathering Fingers | 13. | The Button Has Been Pushed | Durée : 49:12 |
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