Buried Inside - Spoils Of Failure
Chronique
Buried Inside Spoils Of Failure
L'effort précédent, « Chronoclast » (2005), ayant exploré la thématique de la temporalité, il y a une certaine logique à ne revoir BURIED INSIDE, from Ottawa, Canada, que quatre ans plus tard. Un groupe formé en 1997 et se réclamant autant de ONE EYED GOD PROPHECY que de NEUROSIS, et toujours réfugié sous la bannière du plus célèbre électro-cardiogramme de la musique extrême. Relapse, ou le bon goût des choses compliquées. Produit au Godcity studio par Kurt Ballou (CONVERGE, DISFEAR) et mixé par Matt Bayles (ISIS, MASTODON), « Spoils Of Failure » n'est donc pas de la saucisse mais bel et bien du post tout ce qu'il y a de plus hardcore, chariant dans son sillage les éléments les plus caractéristiques du genre, des guitares dissonnantes au chant de martyr, en passant par l'alternance de violence cathartique et de passages plus intimistes. Et si, au delà de leur nom et d'un titre d'album on ne peut plus évocateur, vous cherchez confirmation que BURIED INSIDE n'a rien à voir avec le death bas du front d'un SIX FEET UNDER, la nuée de rapaces tournoyant dans un ciel de glace et de sang achèvera de classer nos cinq canadiens dans la catégorie des agités du bocal.
Doté d'un batteur bourré de feeling, BURIED INSIDE se distingue de ses camarades de TOMBS ou CULT OF LUNA (je pense aux vieux albums là, « The Beyond » en tête) par une approche moins frontale du genre. S'ils savent effectivement aller au contact, chaque fin de titre remplissant parfaitement sa fonction oppressante, les canadiens jouent systématiquement la carte d'une lente montée en puissance, culminant avec l'apport de lignes mélodiques décharnées du plus bel effet. Lancinante, la musique de BURIED INSIDE se démarque par le soin particulier apporté aux guitares souvent massives, parfois en retrait, ménageant ce qu'il faut de respiration dans des compositions manifestement taillées pour la scène. Portés par le jeu tout en variation de Mike Godbout et les élans de tristesse lead du tandem Tweedy/Sayer, les huits titres sans nom de ce quatrième album forment un ensemble homogène et de qualité (trop) égale ; des morceaux puissament évocateurs qui n'auraient pas dépareillé en lieu et place des complaintes d'Eddie Vedder sur la bande originale du film INTO THE WILD, le va et vient incessant entre accès de rage et moments de renoncement faisant parfaitement écho aux épreuves physiques et mentales traversées par le personnage Christopher McCandless. Mais d'ici que Sean Penn imagine une improbable suite à son film fleuve en mettant en scène un Will Smith dépressif (INTO THE WILD WILD WEST ? Copyright déposé), il y a un gouffre. Ou plutôt cet abîme de conformisme dans lequel se complaisent bon nombre de formations hardcore introspectives, et dont BURIED INSIDE est à deux raclements d'ongles de s'extraire. Car au delà de la grande maîtrise affichée ici, « Spoils Of Failure » souffre du manque de personnalité de son chanteur, geigneur efficace mais officiant malheureusement dans le seul registre hurlé. Ajoutez à ça un certain manque de surprise dans le tracklisting, voire de partis pris sur la fin de l'album (qui ressasse, avec talent certes, un peu toujours les mêmes plans), et vous comprendrez pourquoi, malgré toutes ses qualités, BURIED INSIDE reste encore dans l'ombre des pionniers neurosiens. Moins foudroyant que le « Winter Hours » de TOMBS, du même label, presque trop emprunté dans son approche pour totalement convaincre, « Spoils Of Failure » ne paye-t-il pas le prix d'un certain manque de folie dans son exécution ?
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