Way To End - Desecrated Infernal Journey
Chronique
Way To End Desecrated Infernal Journey
Les promos c'est un peu comme les impôts, ça nous tombe dessus, on se dit qu'il faut s'en occuper, mais on a autre chose à faire et on les laisse de côté en attendant que la chronique s'écrive toute seule. Et puis deux semaines plus tard il y a un rappel majoré de trois autres promos qui nous tombe dessus, et si l'on ne veut pas finir par avoir à jongler entre sa vie familiale/ses études/son job/les couteaux lancés par un voisin devenu fou à cause du bruit (rayez les mentions inutiles) et sa vie parfois ardue de chroniqueur, il faut quand même penser à s'en occuper. Je continue donc sur ma lancée de promos Debemur Morti entamée avec Tenbrae In Perpetuum, et accueille des nouveaux venus sur la scène française : les normands de Way To End, dont ce Desecrated Internal Journey est le premier essai.
Il est parfois difficile de décrire une musique simple, mais Way To End ayant eu la bonne idée de vouloir faire compliqué, il me sera facile de disserter sur leur style alambiqué. Ne cherchons pas minuit à deux heures du matin, les français font dans le black metal tortueux et changeant, s'essayant à des sonorités atypiques dans le milieu, dissonances, atonalités et autres joyeusetés qui font paraître un chroniqueur plus savant qu'il ne l'est réellement.
Le groupe essaye de varier constamment son propos en proposant une diversité de riffs, souvent simples et épurés d'artifices, mais aux mélodies pernicieuses et acides qui traversent l'esprit comme un couteau dans du beurre : sans forcer, sans aspérités, sans qu'on y fasse réellement attention. Way To End ne verse jamais dans la brutalité, se contentant d'un black metal à tempo modéré parcouru de contre-temps et d'arpèges dissonants. La recette peut faire penser à celle utilisée par Asmodée – surtout que Desecrated Internal Journey est enregistré au Echoes Studio, ce qui renforce encore un peu plus la comparaison – mais les nordistes ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour arriver à la superbe alchimie que les bordelais proposent sur leur dernier album.
Là où en effet Asmodée arrive sans problème à captiver grâce à des mélodies épiques et tout à fait excellentes, Way To End ne m'a pas accroché une seule seconde. Franchement, il y a peu de choses à retenir de ce premier album qui ne flamboie clairement pas de milles feux, et qui hormis un « Unconscious Evocation Of A Neverending Search » plutôt bien ficelé et au final sympathique car assez classique, ne fera certainement pas date dans l'histoire. Le problème de Desecrated Internal Journey c'est que sous son apparente exubérance et son originalité revendiquée, il est en fait très commun dans l'expérimentation, ce qui est un défaut majeur pour un pareil style !
C'est d'autant plus dommage qu'au final il n'y a pas vraiment d'autre défaut à reprocher à un premier album qui globalement se tient. Hormis quelques passages volontairement faux pas franchement agréables à l'oreille (les premiers aigus de « Facing The Abyss » en particulier), on peut pas dire que les titres soient particulièrement désagréables ou qu'ils comportent des passages faibles. C'est plus la grande similarité des titres, due à un style volontairement redondant et des gimmicks à répétition dans le jeu des musiciens, qui provoque la lassitude.
Desecrated Internal Journey n'est donc pas un mauvais album, mais n'est pas non plus une franche réussite. Malgré une absence de réels points faibles, un manque d'audace et une trop grande redondance font qu'on a envie de zapper avant la fin des 38 minutes qu'il dure. Dommage que les riffs ne se fassent pas plus tranchants et les mélodies plus évidentes, car pour l'instant le style de Way To End ne décolle jamais vraiment, condamnant l'album à un sévère « peut mieux faire ». Bon, admettons pour un premier album ça aurait pu être largement pire, et Way To End comporte certainement un potentiel qui ne demande qu'à s'affirmer en son sein, d'où une note plus clémente que le contenu de cette chronique. Pour l'instant, c'est encore le genre d'album sur lequel on n'a en définitive pas grand chose à dire, le cauchemar récurrent de tout chroniqueur – après celui où les labels se liguent pour nous envoyer des fichiers mp3 bipés en 99 pistes qui ne représentent que la moitié de l'album, mais vu que Debemur Morti est revenu à raison au promo physique, cela demeure pour l'instant heureusement un rêve.
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