Je n'ai jamais été un grand fan de grind. Mais comme dans tous les styles, il y a toujours une poignée de groupes au-dessus du lot qui me font penser le contraire le temps d'un album. Inhume est de ceux-là. Les Néerlandais avaient sorti en 2007 sur Osmose l'excellent
Chaos Dissection Order, une grosse claque dans la gueule dont je porte encore les traces. Le quintette a remis ça l'année dernière avec un
Moulding The Deformed plus confidentiel débarqué du label allemand War Anthem Records.
Avouons-le, si Inhume m'a tout de suite plu, c'est aussi parce qu'il saupoudre son grind de touches death metal. Et ça tombe bien, les Bataves se font plus que jamais death metal sur ce
Moulding The Deformed. Notons déjà la pochette de Mike Hrubovcak, plus habitué aux groupes de brutal death. Une pochette malheureusement trop typée cartoon mais j'adore le concept! Le gore c'est de l'art, ce qu'Inhume essaye de nous inculquer à grand coups de blast-beats depuis 1994. Des blasts, il y en a évidemment toujours ici malgré le virage plus "nuancé". Et je peux vous dire que ça dépote sec, notamment grâce à un son de batterie plutôt naturel qui renforce leur impact. N'ayez donc pas peur, la patte Inhume, bien présente, fait toujours mal. On retrouve ainsi ces grattes bouillonnantes à l'accordage ultra bas gras à souhait, ces blasts fulgurants, ces séquences plus groovy et bien sûr ce duo vocal déjanté Joost Silvrants/Dorus van Ooi qui se fend d'une performance toujours au top entre gutturals porcins, growls un peu plus audibles et cris aigus de psychopathes. C'est juste que le combo a décidé de donner plus de place aux passages groovy et de varier davantage ses rythmiques. Moins de morceaux à l'arrivée ("seulement" quatorze) mais une durée plus conséquente de 36 minutes. Deux pistes dépassent ainsi les 3 minutes (l'enchaînement "Compulsory Infected" et "Wretched Worm") avec même pour la première fois dans l'histoire de la formation, un titre à plus de 4 minutes, le très bon "Cure For Life". Non dénuée de blasts et de parties thrashies accélérées malgré tout, la compo fait la part belle au mid-tempo en répétant intelligemment un riff bien foutu. Un parfait exemple de l'évolution proposée par Inhume sur ce quatrième opus.
Une orientation plus death metal apportant son lot de variation et de groove (le riff d'ouverture de "Pandemic" n'aurait pas dépareillé sur un album de Swedish DM), tout en conservant un aspect bien brutal et craspec? Voilà qui aurait dû me satisfaire. Malheureusement, tout n'est pas du niveau de "Cure For Life". On saluera la tentative de diversifier un peu son son mais il aurait fallu l'inspiration qui va avec. Trop de riffs banals, de plans téléphonés et usés jusqu'à la corde...
Moulding The Deformed s'avère ainsi paradoxalement plus répétitif que ses œuvres précédentes! Du coup, une demie-heure aurait suffit largement, Ben Janssen semblant avoir un peu de mal à tenir la baraque à lui tout seul suite au départ de Harold Gielen. La trop grande propension au groove basique y est sans doute pour quelque chose mais c'est plutôt le manque criant de riffs/passages vraiment marquants qu'on pointera du doigt. Il y a bien quelques plans jouissifs comme les riffs blastés de "Compulsory Infected" (1'17), "Wretched Worm" (0'45) ou le trio de fin "Premeditated" (0'18), "Sea Of Limbs" (0'44), "Violent Overkill" (1'10) qui relève bien le niveau, ou des riffs purement death metal (fin de "Wretched Worm", "Zombie Grinder" à 1'53 ou encore le plan du refrain de "Violent Overkill" et ses petites influences Morbid Angel) qui font plaisir à entendre, mais dans l'ensemble, c'est plutôt moyen.
Moulding The Deformed reste toutefois un album efficace, à écouter de temps en temps comme tout bon opus de grind (en ce qui me concerne du moins) pour éviter l'ennui et qui réserve quelques bons moments. Le son Inhume est encore aisément reconnaissable et tape toujours là où ça fait mal (et donc du bien) mais son évolution de plus en plus death metal n'est pas toujours intéressante. Bref, on a connu les Néerlandais plus inspirés. Pour un Inhume à pleine puissance, allez plutôt voir du côté de
Decomposing From The Inside ou
Chaos Dissection Order.
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