On l’a appelé puis félicité, accueilli son arrivée en grande pompe, heureux que nous étions de le voir retourner à ce qui nous a fait l’aimer au point d’en occulter cette impression qu’il toquait à la porte et essuyait sur le paillasson les restes de
The Work Which Transforms God. Dominateur bien que parfois trop timide, il aurait dû se sentir chez lui dès le départ ! Une étape nécessaire, peut-être, finalement peu importe : ça y est, Blut Aus Nord est rentré à la maison, sortez les femmes, cachez les mioches, y a des raclées qui se préparent !
Raclée visuelle d’abord : on pourra dire ce qu’on veut des créateurs de Metastazis, que leurs illustrations se repèrent à mille lieux plus par leur répétitivité que leur identité, l’artwork de
The Desanctification est ce qu’on pouvait imaginer de mieux pour le représenter car, s’il semble au départ trancher avec l’austérité des dessins de
Sect(s), il en est en réalité un décalque par une concordance des thèmes (le serpent, l’homme, les formes triangulaires et arrondies…) et présentations (digipack à six panneaux à présenter comme réponse à ceux ne jurant que par le format numérique) en même temps qu’une continuation, l’or succédant au gris, le bleu-roi au noir. De plus, le choix de l’artiste n’est pas fortuit, le style étincelant, primaire voire enfantin malgré la surcharge de motifs de Valnoir étant à lui seul une information sur ce qui nous attend sur cet album.
En effet, l’objet ainsi que la fin minimaliste de
Sect(s) préparent ce qu’on découvre pleinement ici, un discours complexe inséré dans des structures réduites où le déséquilibre sert de fil rouge. On évoquera probablement une nouvelle synthèse plus portée sur les mélodies que les dissonances. Pourtant Vindsval fait davantage que simplement réunir : il inverse, enferme l’héroïsme des leads dans ses objectifs morbides, déstructure, mélange, répète les harmonies de
Memoria Vetusta II et des chants clairs rappelant sa première partie (des échos de « Slaughterday (The Heathen Blood Of Ours) » se répercutant sur « Epitome X »), les rendant titubants par une rythmique non plus d’acharné mais décharnée, nauséeuse de plic, plac, ploc industriels à en devenir…
Dub ? C’est possible, je ne saurais le dire avec certitude, ne connaissant que les entrées de Drug Honkey, Scorn ou Godflesh dans le genre. C’est une nouvelle fois à lui que je pense, dans sa période
Messiah, y retrouvant sa transe liquide dissolvant petit à petit toute défense. Celle-ci portée dans cette ambiance spatiale qu’avait inauguré
Sect(s), elle donne un ensemble harmonieux certes parcouru de mouvements secs (le début puissant d’« Epitome VIII », la deuxième moitié d’« Epitome X ») mais majoritairement aisé dans son malaise, une beauté contrastée par une production affutée dans laquelle souffle une voix barbare. Aucun doute, le son est connu et
The Desanctification est un disque de Blut Aus Nord pur jus. Cependant, la direction est nouvelle et ce dernier n’a jamais sonné comme ça !
De par sa position d’entre-deux, l'album laisse malgré tout un peu frustré, la fin grimpante d’« Epitome XIII » esquissant une horreur qu’il va falloir attendre. Cela n’est rien face à cette alliance des contraires plaçant ce disque parmi les plus intéressants de la formation. La lumière et l’ombre ne sont plus mises l’une par rapport à l’autre au sein de morceaux. Elles forment une seule mesure donnant une aura nouvelle à la confusion, condensée et néanmoins accrocheuse, presque psychédélique (« Epitome IX ») et néanmoins vérace. Ses guitares délétères (l’étouffement d’« Epitome VII » et « Epitome XI ») autant que liturgiques (le duo final envoyant au dessus d’une ligne de flottaison déjà élevée) feront qu’on usera encore de métaphores mystiques pour le qualifier. Des comparaisons de courte vue, Blut Aus Nord n’étant ni prophète ni un moine supplémentaire apposant sa pierre à cette tendance religieuse next-gen explosant depuis quelques années. Son église, c’est nous qui la construisons : lui est la main qui dirige, fait s’imaginer conscient puis écrase de vol en Zéro-G, inspecte là où on croit introspecter, rend l’espace libre pour mieux emprisonner. Comme un enfant qui régirait l’Univers sans idée du Bien ou Mal et s’amuserait d’un sourire glauque car innocent à nous voir empêtrés dans le vide entre les étoiles… Un être bien dérangeant, en vérité.
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