« La roue tourne » dit le proverbe et s’il a été décidé d’introduire cette chronique par cet adage transparent, c’est que DRUDKH semble s’y coller sur
Eternal Turn Of The Wheel, album oubliant le pas en avant
Handful Of Stars et les errances inexcusables d'un OLD SIVER KEY dédaigné par presque tous. Repentance de la pochette, nostalgie de la démarche (jusqu’au titre de l’œuvre qui remémorera aux anciens celui du troisième morceau de
Forgotten Legends), la vacuité de l’originalité à tout prix a atteint des Ukrainiens décidés à arrêter la chasse aux moulins de la nouveauté pour offrir à son public ce qu’il attend : du DRUDKH pur et éternel. Seulement, à trop chercher à faire vibrer la corde sensible, les tremolos que ce constat créé dans les voix et guitares (oubliez les influences post-rock et accueillez le retour au « Black Metal ist Kiev » !) ne tombent-ils pas dans la caresse donnée dans le sens du poil ?
Car il l'a dur, le méfiant maniaque de DRUDKH ballotté entre les chefs-d’œuvre qui ont habités sa platine depuis 2002 et les ratés de ces dernières années. Passé une introduction banale, c'est tête la première qu'il plonge dans le torrent « Breath of Cold Black Soil », titre annonçant le rachat pour des Ukrainiens qui se sont dotés d'un son canon, à l'image d'une batterie bien produite et ultra carrée, mettant en valeur des guitares incisives et puissantes sur lesquelles planent des nappes de clavier évanescentes. DRUDKH réapprend l'usage du blast, avec ces riffs contemplatifs et prenants qu'on leur connaissait bien, notamment sur l'épique « When Gods Leave Their Emerald Halls » qui jouit, en plus d'une excellente dynamique générale, d'une bonne variété de rythme. Une chose est sûre, DRUDKH n'est pas revenu pour faire du tricot...
…Au risque de charcuter la maille avec l'aiguille, à force de trop vouloir tasser la mousse ! Bien beau de jouer à l’épluche-oignon en se dépareillant du fatras précieux qui pouvait ennuyer le black metalleux chez qui Alcest rime avec « à éviter comme la peste » pour ressortir les rythmiques-squelettes du placard
Brave Murder Day,
Eternal Turn Of The Wheel ne ravive pas pour autant les couleurs des feuilles mortes des quatre premiers essais de DRUDKH, le riffing et la progression de l’album vers les gammes mineures de « Night Woven of Snow, Winds and Grey-Haired Stars » faisant penser davantage à une nouvelle version de
Microcosmos. Copie revue et corrigée certes, les Ukrainiens n’ayant pas besoin ici de cacher leurs baisses en intensité derrière une basse ronflante, mais obligeant à réitérer la critique de deux-mille-neuf : face à son passé, le créateur de
Blood In Our Wells est condamné à l’excellence ou un changement plus drastique que des noms de compositions plus screamo qu’auparavant (« Farewell to Autumn's Sorrowful Birds »… à ce niveau, on touche au TOUCHE AMORE) et ce, malgré un savoir-faire dans l’émotion qui empêche de l’accuser de « fan service » racoleur, l’austérité à rendre muet le plus aviné des bons vivants de « Breath of Cold Black Soil » laissant croire que la formation, plutôt que de rester sur l’acquis, a trouvé sa voie.
Une voix que Thurios semble avoir malheureusement perdu, pourtant. Diantre, où est passée cette identité, cette puissance qu'il avait su insuffler à ces manifestes déchirants et remplis à ras bord de cette véhémence qu'il donnait de tout son être tel un sacrifice ? Notre homme semble fatigué, épuisé par les expériences foireuses de ces derniers temps. Quelle déception ! Alors qu'effectivement les compositions sont plus organiques, plus puissantes et plus percutantes, ce vocaliste de talent qu'il était semble être en roue libre : sa conviction ne se ressent que par bribes et sa haine n'est plus que poussière dispersée dans un amalgame de riffs franc du collier. Sa performance gâche à de nombreux moments ce renouveau entrevu sur certains passages et tire vers le bas certaines ambiances épiques et guerrières qui auraient mérité plus d'intensité de sa part. Les mauvaises langues iront même jusqu'à dire qu'il était meilleur sur le dernier KLADOVEST (
Atmosphere, dernier jet sorti l'année dernière d'un projet solo finalement assez dispensable), c'est dire ! Il y a également des moments totalement inutiles sur ce dernier DRUDKH, notamment les premières minutes de « Night Woven of Snow, Winds and Grey-Haired Stars » qui sentent le vieux riff ratiboisé sorti en hâte du placard de la grand-mère de Saenko à plein nez. Et sur ce disque qui reste tout de même convaincant, il y a quand même un certain nombre de moments un peu fades ressemblant trait pour trait à un meuble Ikea, des plans montés en vitesse pour satisfaire la grognasse, sans lire la notice bien entendu, et qui deviennent bancals avec le temps et rapidement inutiles et encombrants une fois qu'on en a fait le tour. DRUDKH pourrait aussi se faire chopper par la police du bon goût en flagrant délit de remplissage, notamment sur les deux derniers morceaux, notamment « Farewell to Autumn's Sorrowful Birds » et ses premières minutes aux riffs mièvres répétés à outrance et traînant des pattes, accouchant d'un morceau qui ne décolle réellement que lorsque les Ukrainiens accélèrent le tempo. On pourra même dire sans beaucoup se tromper que les plans plus lents d’
Eternal Turn Of The Wheel sont ratés et contrastent réellement avec des accélérations libératrices délivrées par les Slaves, le morceau sus-cité en est le parfait exemple. Un constat assez triste à faire, quand on sait à quel point les Ukrainiens brillaient dans le registre mid-tempo fut un temps...
…Un temps qu’on évitera de considérer comme révolu même si l’addition peut paraître salée, en particulier pour des fanatiques de DRUDKH (dont les deux auteurs de cette chronique font partie, vous l’aurez compris) se surprenant à sortir un « Ils ont fait pire mais beaucoup mieux » sans saveur alors que chaque nouvelle rencontre avec lui entrainait auparavant de fortes réactions. En résulte un six et demi tiède mais ne devant pas occulter les quelques bonnes idées permettant à
Eternal Turn Of The Wheel d’être une œuvre à écouter, qu’on fasse parti des conquis ou des découvreurs (ces derniers devraient d’ailleurs en perdre deux-trois chicots au passage !). Aller, ça pourrait être pire : on aurait pu se retrouver avec une formation souhaitant innover en ne dépeignant plus son pays mais les ambiances d’une région comme l’Auvergne. Là, les quotas d’ennui et consanguinité auraient atteint des niveaux inimaginables. Hein, Geisterber ?
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