« Tout fout le camp mon bon monsieur ! Mais si ! Mais allez-y alors, citez-moi des groupes de black nés dans les années 90 qui n’ont pas changés en deux décennies ! Ah bah, vous voyez que vous séchez monsieur ! »
Ce discours que tenait mon poissonnier, vous l’avez déjà entendu, vous l’avez même déjà prononcé peut-être ! Il est souvent proféré par ceux qui regrettent les évolutions de
DARKTHRONE,
SATYRICON,
ENSLAVED,
CRADLE OF FILTH ou encore
BURZUM... Bref, de la plupart des groupes encore en vie, qui ont pris des routes différentes de leurs débuts et le justifient par l’inutilité de refaire inlassablement le même album. Pourtant, en cherchant bien, on peut trouver des tordus qui restent accrochés à leur style et ne tentent pas de changer de formule. C’est le cas de
RAGNAROK qui revient en 2012 avec un 7ème album et confirme ainsi sa bonne santé après le long flottement de 6 ans imposé entre
Blackdoor Miracle (2004) et
Collectors of the Kings (2010).
Avant de s’intéresser au petit dernier, rappelons que cette formation a débuté en 1995 avec
Nattferd pour enchaîner avec la révélation
Arising Realm en 1997 et le brûlot
Diabolical Age en 2000. Ce dernier, plus diabolique et brutal que ses prédécesseurs, était loin de rigoler des genoux, flirtant avec les mêmes odeurs de soufre que les
MARDUK ou
DARK FUNERAL de l’époque. Il est toujours considéré par beaucoup comme leur meilleure sortie, sûrement parce que les suivantes restaient trop dans la même veine.
Malediction ne déroge pas à la règle et le groupe ne s’est pas assagi, fidèle à son passé. Cela pourrait étonner vu qu’il ne reste qu’un seul membre fondateur, Jontho (aussi passé par
TSJUDER). Les 3 autres ne sont arrivés qu’après 2008 comme le chanteur-hurleur également membre de
SVARTTJERN dont le timbre respecte les codes du style et ne bouleverse donc pas du tout les habitudes de
RAGNAROK. Bon dans son domaine, sa voix grave et puissante assomme sans chercher à se démarquer.
La puissance est d’ailleurs le maître-mot de ces 10 nouveaux titres. Cette formation a toujours été la plus Suédoise des Norvégiennes et elle le prouve à nouveau en 45 minutes à rapprocher donc des vieux
MARDUK et
DARK FUNERAL, mais aussi de
NAGLFAR et de son nouvel album de 2012 (Téras). Ce n’est donc pas un black qui tente de vous faire voyager, réfléchir ou rendre mélancolique, mais bien de faire évacuer tout le stress qui vous inonde. Alors avant d’appuyer sur play, une préparation est nécessaire : montez le son de votre chaîne au maximum, rangez le vase de mamie Jeannine et tout ce qui pourrait finir en puzzle, mettez-vous torse-nu et enfin lancez le CD. Le matraquage en règle va vite débuter et vous allez instantanément courber l’échine, sautiller, balancer les bras violemment de gauche à droite, donner des coups de pied à un ennemi invisible et poursuivre votre air-fight mémorable tout le long de la galette. C’est normal, c’est l’effet black brutal d’un
RAGNAROK qui applique sa recette habituelle : ultra-puissant, fort en muscles et carré ! C’est exactement ce qu’on attendait de lui et la déception ne viendra qu’à ceux qui réclament de l’originalité. Dans ce cas-là ils ont sonné à la mauvaise porte car les nuances entre chaque morceau (et chaque album) sont assez faibles. Seuls quelques ajouts rendent tel ou titre plus « marquant » comme l’intro Power Metal et les riffs en spirale de « Dystocratic » (le titre que je préfère !). Sinon, ce sont les vocaux qui viennent personnaliser un titre plus que les instruments, toujours en mode « rouleau compresseur destructeur ».
Alors, une fois l’album terminé, et même après plusieurs écoutes, on est satisfait de s’être défoulé sans retenue et d’avoir écouté un album bien produit qui ne pète pas plus haut que son derrière. L’album est fortement recommandé à ceux qui ont besoin d’une dose de rappel de black brutal ronflant à la
DARK FUNERAL. Ils pourront déstresser et retrouver l’énergie nécessaire pour la journée encore plus efficacement qu’avec des Frosties (moi je prends des
KOLDBRANN …) !
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