400 The Cat - STF Helix Nebula
Chronique
400 The Cat STF Helix Nebula
Inutile de s’essayer à un scrupuleux exercice de généalogie concernant cette musique récitant son Venom jusqu’au bout de ses quarante-et-une minutes : le premier album de ce jeune groupe de vieux qu’est 400 The Cat (contenant des membres de Morgue – oui, on parle bien de celui ayant enfanté The Process To Define The Shape Of Self-Loathing – et Superstatic Revolution) fait très vite oublier cette impression qu’il bouffe à tous les râteliers du (post) hardcore noisy actuel pour montrer qu’il est avant toutes choses la création d’amoureux de Breach. Les questions ne situent donc pas tant dans jusqu’où les Français vont dans l’assimilation de l’œuvre citée plus haut (elle s’impose d’emblée comme complète et assumée, cf. le titre lucide du morceau « Old Breach Player ») que ce qu’ils arrivent à capter d’« autre » et si cette plus-value est suffisante pour leur faire dépasser le statut de « for fans of ».
Et 400 The Cat échappe à cette catégorisation avec une agilité faisant valoir son patronyme félin. C’est que, au risque de créer des tachycardies chez ceux ayant tiré un trait sur leur budget vacance pour s’offrir l’ultime édition vinyle de Kollapse avant la prochaine, j’ai tendance à trouver Breach un peu trop tiré à quatre épingles lors de ses exercices les plus hardcore tandis que ces matous-ci, bien que possédant un maître désigné, exécutent leurs riffs avec une désinvolture montrant une certaine indépendance de ton. STF Helix Nebula peut se voir comme une version moins domestiqué de la musique des Suédois où leur style millimétré, froid et cinglant devient sujet aux coups de sang à répétition entre les mains de la formation ici chroniquée. Un plaisir décomplexé et une fièvre qui ne sont pas si surprenants à rencontrer sur ce premier long, ce quatuor provenant du sud de la France aimant faire valoir ses origines jusque chez son frontman et son accent méridional décelable lors des phases en chant clair. Une gouaille non pas ridicule mais bouillonnante, ainsi que dotée de ce charme approximatif déjà rencontré chez Nicolas Dick de Kill The Thrill.
400 The Cat plonge ses cassures rythmiques, accélérations de tempo et autres jeux sur les tensions entre arpèges et voix au bord du dérapage dans un torrent de feu dès « Dead Hearts », morceau posant les bases de ce qu’est majoritairement le bloc STF Helix Nebula. La production a beau être d’une étonnante lisibilité pour des compositions tombant régulièrement dans la lourdeur du post hardcore le moins raffiné (merci à Serge Morattel – producteur de Shora, Knut ou encore Year Of No Light – pour ce son permettant de profiter de chaque embardée), chaque rencontre se solde par la sensation d’avoir été passé au gravier coupant comme du verre (les abrasifs « Keep Out Of Reach And Sight » et « Amputated Sunrise ») ou au metal rougi (les riffs incandescents de « Three Lives In A Same Time » et « Nathan Lee Chasing His (War)Horse », ultra-efficaces), le pied que prennent les Français à égrener leur noise hardcore étant aussi communicatif que douloureux.
Cette ambiance, tantôt chaleureuse, tantôt carrément brûlante, tiendra de l’ordre du détail pour certains mais fera la personnalité des Alésiens pour d’autres. Malgré une baisse de régime finale (« Epilogue » et ses treize minutes où la tension d’abord palpable s’amenuise au fur et à mesure, la faute à des plans redondants), je fais partie des convaincus par STF Helix Nebula et espère voir à l’avenir 400 The Cat développer cette décontraction avec laquelle il aime donner ses coups. L’art n’a certes ici rien de nouveau mais la manière, elle, mérite clairement qu’on s’y arrête !
| lkea 5 Juin 2013 - 2105 lectures |
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