Plus que quelques semaines avant de vous faire découvrir le prochain bijou de Woods Of Desolation,
As The Stars. Pour compléter sa riche discographie (splits, EP, compilation) et introduire ma future chronique, le deuxième opus
Torn Beyond Reason, ou l’album jalon qui fit connaître le groupe à un plus large public (moi compris). Après l’EP
Sorh, Woods Of Desolation se sépare de nouveau de son chanteur (Desolate d’Austere). Ce chassé-croisé avec Austere (D. a été bassiste de session sur
To Lay like Old Ashes), séparé en 2010, se conclura par l’arrivée de son autre frontman, Sorrow (Tim Yatras). Le groupe australien signe alors chez Northern Silence Productions pour pleinement exprimer sa musique cathartique.
Woods Of Desolation n’est plus le même. Le black metal atmosphérique à la fois misanthropique et cru laisse place à une musique accrocheuse et des plus imposantes. Un metal extrêmement proche d’un
Totalselfthatred (la comparaison est inéluctable) mais surtout des cendres d’Austere laissées par Tim. Première surprise, une musique ainsi « chaude » de part sa production, à des années lumières des précédents travaux. L’inaudible
Sorh (au mixage insolite) sorti deux ans avant semble avoir été conçu par un tout autre groupe. Le son est cette fois écrasant, la faute en grande partie à la batterie. Instrument autrefois utilisé comme simple accompagnement, il surélève maintenant la musique de D.. Les frappes viriles sans concession de Tim collent littéralement au siège. Pourtant, la subtilité est toujours bien présente. Le rock sombre et mélancolique d’un Anathema/Katatonia (« Somehow… ») et les réminiscences lumineuses post-rock (« November ») font de discrètes apparitions, comme des indices pour la prochaine œuvre. L’artère principale elle demeure. D. aiguise ses riffs mélodiques simples et hypnotiques, répétés tout le long du morceau pour gratter à chaque seconde un peu plus votre barrière émotive. Les breaks du titre éponyme (2:40) et « Somehow » (3:32), les mélodies lumineuses de « Darker Days » et « Somehow » (introduction magnifique) ou l’introduction assommante de « The Inevitable End » sont saisissants. Quel talent.
Le chant de Tim n’a par contre rien des aspects psychotiques d’Austere ni des lamentations « effacées » des précédents vocalistes, des hurlements puissants sobres et particulièrement déchirants désormais mis en avant. Couplé aux riffs crucificateurs de D., le résultat est sans appel (« Torn Beyond Reason » : « Life's touch has faded, all meaning lost / I stride into death's open arms / The wind will carry no farewell » et « The Inevitable End » : « I drown in the sadness of your eyes / Behind them the knowing / My every touch turns to ash / My every word fades to silence »). Bouleversant. Ses virées dans les lignes claires enfonceront le clou, la touchante « Somehow… » vous hantera pendant quelques temps. Mais si l’on gagne en efficacité, l’on perd aussi en ambiance. L’atmosphère dépressive unique de
Toward The Depths, celle qui vous transportait isolé et perdu dans ces forêts et ce froid glacial d’Europe du Nord a disparu. Une véritable thérapie pour transposer sa solitude et ses blessures intérieures. Quant aux imperfections passées, elles ne sont pas entièrement gommées. Certains morceaux perdent en intensité. Typiquement « The Inevitable End » débutant frontalement pour s’affaiblir peu à peu ou bien un « An Unbroken Moment » trop commun.
Continuité de
To Lay like Old Ashes, Woods Of Desolation reprend en partie le black metal dépressif laissé par Austere. Il l’associera à son socle musical ainsi qu’à un aspect d’avantage « accessible ». Les premiers adeptes critiqueront pour la plupart ce black metal « easy-listening » (sur les terres de Totalselfhatred), bien loin de la musique « raw » et « underground » des débuts. Peut-être auraient-ils apprécié une transition entre ces deux époques ? Woods Of Desolation gomme pourtant les défauts antérieurs (compositions confuses), mais perd l’atmosphère frissonnante de
Toward The Depths, paraissant presque « synthétique » ici. Malgré tout, une étape est franchie.
Torn Beyond Reason ravira les amateurs de black metal accrocheur, imposant et gorgé d’émotions. Poignant.
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