Le cas Tombs. Le groupe de Brooklyn fait partie de ceux qui ne font pas que plaire ou déplaire mais aussi questionnent par leur style personnel ainsi qu'une vision si envahissante qu'elle demande un effort pour pouvoir la faire sienne. Si son mélange fait d'Amebix, Killing Joke, Isis et black metal coupé au hardcore rappelant Celeste m'a tout de suite plu avec
sa demo parue en 2007, le prédécesseur de
Savage Gold (le presque impénétrable
Path of Totality) m'a longtemps intrigué avant de révéler, grâce à quelques titres dévastateurs (« Vermillion » en tête), sa qualité. Une formation qui demande du temps, mais qui finit par faire son trou.
Seulement,
Savage Gold est peut-être le pas de trop pour Tombs. Après de nombreuses écoutes, rien ne semble désépaissir le mystère qui l'entoure. Il est pourtant l'essai où les Ricains jouent leur musique la plus frontale : reléguant à l'arrière plan leurs influences post-punk, ils pratiquent majoritairement un mix entre post-metal et black metal dans ce qu'il peut avoir de plus rageur et brutal à la fois. Si on retrouve ces dissonances caractéristiques (« Thanatos » par exemple), les passages en tremolos et batterie matraquée sont légions. Un choix conscient jusque dans les parties vocales de Mike Hill, nettement plus stridentes qu'auparavant, ainsi que constant, le quatuor enchaînant les compositions abrasives pour ne se poser que rarement.
Un fanatisme qui me laisse trop froid pour que je puisse me dire que ce choix était le bon. Si « Thanatos », « Portraits » et « Seance » sont d'une énergie fébrile et accrocheuse qui me renvoie aux moments les plus extrêmes de
Path of Totality, ce qui les suit me laisse trop de côté pour que l'envie de couper le disque avant sa fin disparaisse. La production lourde et métallique d'Erik Rutan le montre :
Savage Gold, avant toutes choses, est un album de metal dans ce que celui-ci peut avoir de plus épique, sombre et jusqu’au-boutiste. Mais en rendant encore plus étouffant ce qu'il possédait déjà d'hermétique, Tombs prend le risque de perdre ceux pensant que les contrastes entre violence et atmosphère vénéneuse qu'il utilisait étaient pour beaucoup dans la fascination qu'on lui porte.
C'est étrangement quand Tombs renoue avec la facette la plus calme de son identité qu'il déçoit le plus, lors de quelques pistes laissant BPM et frénésie de côté. « Echoes » et « Severed Lives » sont posées, plombantes, Mike Hill délaissant les cris pour un chant grave et... amateur. Cela a toujours définit ses vocalises mais sonne ici maladroit et grossier, une première alors qu'un titre comme « Course of Empire » rendait sa participation désespérée.
Savage Gold ne me convainc pas davantage dans ses rappels au passé que dans sa direction plus rude qu'auparavant. Pas que du mauvais (le groupe a visiblement réfléchi cet album, plein de détours et idées) mais un constat globalement négatif où la curiosité laisse rapidement place à l'ennui.
Savage Gold ayant été largement acclamé sur la toile, il va de soi que mon avis est minoritaire le concernant. Si je reconnais que des morceaux comme « Edge of Darkness » ou « Spiral » sont constitués de riffs efficaces, le pari qu'a fait Tombs ici ne me plaît pas, trouvant que c'est quand il se montre sous son visage funèbre, proche de la cold wave, qu'il est le plus intéressant. À chacun de se faire son avis mais le mien est clair. Sauvage, certainement. De l'or, j'en doute.
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