J’avoue avoir démarré cet album avec une certaine appréhension. En prenant du recul, c’est assez incroyable l’influence que peut avoir une pochette d’album sur l’inconscient. Purement subjectif oui, mais ultra conditionnant ! Ces
artworks représentent le premier contact que nous avons avec la musique d’un album. Le premier regard sur des œuvres que des musiciens auront mis des mois à concocter pour nous, à chérir dans les moindres détails, à composer avec énergie, cœur et parfois sueur. Pour ma part, je considère que l’ambiance de l’album doit y être palpable et l’auditeur doit y pressentir la musique. Et du point de vue marketing, il me semble également important qu’un artiste n’ignore pas le support de communication de sa musique.
Mais revenons à
Symphony X. La sobriété déroutante et la platitude de la pochette – deux masques transpirant la mauvaise 3D sur un fond noir paré des neufs cercles de l’enfer de Dante – ne m’ont pas vraiment mis en confiance. Et pourtant, grand amateur de leur musique, je n’avais à priori pas trop à craindre pour ce 9e album : les musiciens sont ultra talentueux, leur discographie est remplie de pépites (l’immense épopée
The Odyssey, le génial titre
The Divine Wings of Tragedy, l’album remarquable qu’est
Paradise Lost…) et s’il leur arrive de composer quelques passages un peu lourdaud, le groupe prouve sa capacité à se renouveler au fil des années, n’enchainant pas les albums tous les 2 ans mais prenant le temps nécessaire à la composition d’œuvres inspirées. Pas de raisons de se faire un sang d’encre donc…
… Et bien non, pas vraiment. Puisque rapidement,
Underworld démonte mes aprioris, se révélant bien au delà de sa médiocre pochette. L’album n’est pas exempt de défauts, mais reste diablement rafraichissant, puissant et bourrée de mélodies. Passé outre l’overture un peu pompeuse, s’enchaine le sympathique et énergique
Nervermore – premier titre dévoilé et m’ayant un peu rassuré – et
Underworld, morceau classique à la
Symphony X fait de rythmiques de guitares déchainées, de nappes de clavier (toujours un peu identiques, il est vrai), de refrains élancés portés par la voix impressionnante de
Russel Allen) et de solos dégoulinants de notes. Sans grande nouveauté mais diablement efficace : les amateurs y trouveront leur compte.
Alors oui, cela peut paraître un peu naïf mais contre toute attente, ce ne sont pas les chansons les plus nerveuses qui m’ont d’abord marqué. Non, plutôt les balades. D’abord
Without You et son refrain secondé par une guitare acoustique en arrière plan (rajoutant une forme d’intimité à une élancée lyrique), puis surtout
Swansong. Cette avant-dernière chanson ne paye pourtant pas de mine mais son refrain témoigne d’un remarquable effort de composition et d’interprétation : une mélodie tout en retenue, sublimée par une confrontation jouissive – et terriblement dramatique – du majeur et du mineur. Avec cela, un superbe solo de guitare d’un
Michael Romero bien inspiré vient fignoler l’ensemble. Que demande le peuple ? … De l’épique ? Il y en a aussi…
…
To Hell and Back figure parmi les titres marquants de ce 9e album. D’abord parce qu’à chaque première seconde de la chanson, j’ai l’impression d’entendre le premier accord d’ «
Under a Glass Moon » de
Dream Theater, mais surtout parce que son introduction – héroïque à souhait – renoue avec la dimension théâtrale et grandiloquente du groupe : les fresques intemporelles, les aventures épiques mélangeant passion, drame et courage. Cette dimension m’avait un peu manqué dans le précédent album
Iconoclast, qui, certes excellent, abandonne un peu les épopées fabuleuses pour une musique plus « efficace » et mécanique (en accord avec sa thématique). Les neufs minutes trente de la chanson sont donc un menu plaisir de « mise en scène » musicale, variant les atmosphères, les mélodies et les énergies, le tout conditionné par un refrain mémorable «
Learning to live and die, I’m learning to fly ». Cela dit, les amateurs de riffs bien costauds ne seront pas en reste. Si
In my Darkest Hour et
Run with the Devil sont dispensables,
Kiss of Fire est un véritable bulldozer sous amphétamines et s’érige comme fidèle successeur d’
Iconoclast. Puissant et agressif. Le passage en moitié de chanson en est le plus bel exemple, «
Bring down the hammer with furious anger, It´s me against the world » et se savoure à la dynamite.
Ainsi, peut être moins marquant et culoté qu’
Iconoclast (qui proposait une approche « rentre-dedans » différente de ses prédécesseurs) et moins inspiré que
Paradise Lost (pour moi l’album le plus réussi de
Symphony X),
Underworld est finalement un très bon album. S’il arrive que des groupes parlent de manière un peu pompeuse de leur nouvel album comme un « mix-de-ce-que-l’on-a-fait-avant »,
Symphony X, lui, le fait ici pour de vrai. Distillant avec finesse et élégance des sonorités passées, il s’autorise à ré-invoquer sans lourdeur ses précédents albums… nous donnant par la même occasion, l’envie de se replonger la tête la première dans sa discographie.
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