Cirith Ungol - One Foot In Hell
Chronique
Cirith Ungol One Foot In Hell
Si vous comptez parmi les fidèles de Metal Blade Records ou encore mieux, parmi les lecteurs assidus de Thrashocore, vous avez peut être entendu parler d’une réédition d’un disque initialement édité en 1991, intitulé “Paradise Lost” (non non, pas le groupe, pas le poème de Milton et encore moins le prochain Alien), composé par les très tolkiénniens Cirith Ungol ("Passe de l'Araignée" en sindarin). Ces quatre illustres Californiens s'apprêtent même pour l’occasion, 25 ans après leur dissolution, à ressortir épées et haches de guerres lors d’un ultime concert en octobre prochain sur leur terre natale, au coté de non moins braves compagnons d’armes à l’instar d’ OMEN, NIGHT DEMON, SPELLCASTER, VISIGOTH et toute une joyeuse bande inspirée par le Revival de la NWOBHM et du Heavy/Doom groovy qui parle de boule de feu, de troll, de goule (Barbara), de Julien Lepers et que sais-je encore ! Et les vieux briscards de CIRITH UNGOL et d’OMEN feront bien sûr figure de patriarches et d’initiateurs du genre, en bons anciens qu’ils sont désormais.
En effet, il nous faut remonter jusqu’en l’année 1979 pour trouver les premières traces des californiens qui exécutent alors leur première démo, hommage lige prêté aux grands seigneurs de l’époque: BLACK SABBATH toujours, JUDAS PRIEST ou encore IRON MAIDEN. C’est davantage avec les deux albums qui suivirent, “Frost and Fire” puis “King of the Dead”, que le groupe parvient à sortir de sa vassalité et à affirmer son style : un savant mélange de Heavy qui lorgne du coté des leaders britanniques, et avec ça une touche de lourdeur nouvelle, des riffs caverneux, comme jaillissants des profondeurs des abysses, sans pour autant délaisser le groove “style” épique. Enfin arrive l’album "One Foot in Hell", troisième créature de la formation et aussi, apogée du style ungolien sombre et épique, à mon sens également l’oeuvre la plus rentre dedans du groupe, comportant moins de subtilités (pas de passage acoustique ni de “Toccata in Dm”) que dans “King of the Dead” (prenez le titre “Finger of Scorn”), par exemple. Que de puissance dégagée cependant ! Passé la très énergique mais quelque peu banale intro (“Blood & Iron”), nous tombons à mon goût sur l’un des meilleurs morceaux de CIRITH UNGOL, tout albums confondus : “Chaos Descends” est véritablement une descente vers le Chaos d’une bataille de sorciers et de soldats en armures, une de celle qui engage surement l’insecte géant qui trône sur l’artwork de l’album, qu’on s’imagine volontiers comme l’Ennemi à défaire dans un classique de Sword and Sorcery des familles … . La voix de Tim Baker, particulière et qui n’a guère à rougir devant celle d'un Ozzy Osbourne, alterne passages criés et chantés d’une telle façon qu’elle parvient à créer l’ambiance à elle seule; tandis que les riffs de Jerry Fogle se font tout aussi variés et puissants; un des points fort des compositions du guitariste d’ailleurs, qui sait se montrer très catchy en dégageant des atmosphères inspirées particulièrement entêtantes, comme le prouve “Nadsokor” (du nom de la Cité des Mendiants du Cycle d’Elric de Michael Moorcock) ou la tout aussi entraînante “War Eternal”; ou encore dans un autre style, moins lugubre et plus direct “in your face”, “100 MPH”, davantage Gran Turismo/Speed metal que LOTR/Doom peut être; changement d’ambiance qui ne dure néanmoins qu’un instant car CIRITH UNGOL comme Arachne fuient la lumière et recherchent l'obscurité de la caverne de Torech Ungol, très vite retrouvée dans les deux derniers titres que sont "Doomed Planet" et l'éponyme "One Foot in Hell".
Ainsi si le “gloom and doom” de CIRITH UNGOL fait mouche à coup sûr, “One foot in Hell” n’est cependant pas exempt de quelques défauts: la production semble avoir légèrement oubliée la basse de Michael Flint Vujejia, qui se fait quasi inaudible, contrairement aux deux albums précédent où elle constituait un indéniable point fort (l’homme n’étant point manchot). On peut aussi regretter l’absence de guitare acoustique et des excentricités de Fogle, qui ne reprend pas de musique classique ici. Mais ceci n’est que chipotage, car “One Foot in Hell” est bien à ranger aux cotés des grands monuments du Heavy sombre et grandiose que sont “Heaven and Hell”, “Nightfall”, “II: Crush The Insects” ou encore “Out of the Garden” des jeunes et très prometteurs CRYPT SERMON, dont la musique constitue un bel hommage (et plus) au Doom tradi’ des années 80’.
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