Les classiques de Sakrifiss : 7/12
Il n’y a pas encore de chronique de
NORTT sur Thrashocore. Deux raisons principales. La première c’est que je n’étais pas encore sur le site quand ce Danois était actif puisque son dernier essai date de 2008 et que je suis arrivé en 2012. La deuxième c’est que ceux qui sévissaient ici à l’époque n’ont pas survécu à l’expérience
NORTT. Morts. Suicidés.
Et si toi aussi tu es une petite nature, fuis tout de suite.
NORTT est une formation dangereuse qui mordille légèrement ton esprit pour te le voler en douceur. Tu risques de perdre tes moyens mais aussi ton âme en te plongeant dans sa musique lente, parfaitement équilibrée entre le doom et le black metal. Je ne suis pas fan de doom habituellement, mais là, j’ai un pied qui a voulu sauter dedans. Et pour moi, l’expérience a commencé en 2004, grâce au split sorti avec
XASTHUR sorti chez mon label chouchou de l’époque, Total Holocaust Records. Deux formations qui allaient me traumatiser, mais aussi influencer beaucoup de leurs confrères amateurs d’ambiances sombres et désespérées. Elles ont toutes les deux marqué leur époque, et même si l’Américain a persévéré de nombreuses années, le Danois a disparu subitement. On est tenté de dire qu’il s’est alors arrêté à temps, avant que la lassitude ne soit complète. Le style ne se prêtait pas à reproduire éternellement des compositions similaires. Finalement il n’y a eu que trois albums. Quatre si on y ajoute la demo
Graven, ressortie d’abord en 2004 par THR et en 2007 par Red Stream, Inc.
Et là, c’est du premier album dont j’ai décidé de parler. D’abord parce qu’autant commencer par le début, mais aussi parce qu’aussi bons soient les suivants, ils constituent une redite qui les met un cran en-dessous.
Gudsforladt a tout de même la particularité de contenir plus de pistes que ses petits frères, avec des pistes plus courtes. 10 morceaux, un en plus pour la version CD, et une moyenne proche des 5 minutes par morceau alors que sur les autres sorties on en trouve qui font 10 voire 12 minutes. Mais finalement on se rend compte que la durée plus courte ne gène pas l’immersion.
Car ça oui, la musique de
NORTT est immersive. Il s’agit d’une formule simple mais imparable. Du doom qui tire au maximum sur la pathos, avec des guitares qui grésillent lentement, des notes de piano délivrées au ralenti, un orgue qui caresse les lobes d’oreille de ses légères apparitions voilées, et une voix black, grave et solennelle, qui ne pleure pas mais lâche toute la misère du monde en quelques grognements, longuement marmonnés. C’est tout. Ou rien. La technique est inexistante et pourtant le mélange est monstrueusement pertinent, fantomatique et n’arrêtant pas de errer dans tout notre corps. L’impression de vide nous gagne et nous submerge. Mais elle créé aussi des envies d’observation. Ainsi deux réactions sont à prévoir. Le faible deviendra vite dépressif, tandis que l’autre aura envie de se poser le soir devant sa fenêtre et d’observer la futilité du monde créé par ces hommes ridiculeusement inutiles.
Ces 56 minutes peuvent alors en paraître beaucoup plus tant le voyage est profond. C’est un album qui arrive à détruire tout un environnement à en faire tomber un autre. Tout ce qui est autour de nous devient alors désolé, noir, laid, mais avec cette pointe de mélancolie et de déception qui nous achève en plein cœur. Difficile de retourner à ses petites occupations banales après ça.
Pour une fois mon « classique de Sakrifiss » est également un album majeur qui a fait souffrir beaucoup d’amateurs de musiques sombres dans le monde et la bonne nouvelle, c’est un petit scoop,
NORTT sera de retour dans quelques mois avec
Endeligt, dont trois titres sont déjà connus :
« Endeligt », « Fra hæld til intet » et « Lovsang til mørket ». Comme quoi 10 ans sans nouvelles ne signifie pas toujours la mort d’un projet.
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