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Bâ'a - Deus Qui Non Mentitur

Chronique

Bâ'a Deus Qui Non Mentitur
Il y’a un an et demi une jeune formation totalement inconnue au bataillon déboulait à la face du monde en se retrouvant sur un Split aux côtés de VERFALLEN et surtout HYRGAL, et en marquant les esprits par son Black-Metal racé et inspiré. Portant un nom particulièrement mystérieux BÂ’A est en soi une énigme vu qu’il mise sur l’anonymat le silence, vu qu’il est totalement absent du net et laisse la part belle aux spéculations quand à l’identité de ses membres, un choix délibéré afin de privilégier uniquement la musique, et qu’il faut saluer avec vigueur. Si l’entité à pris du galon en signant chez les nordistes d’Osmose Productions en revanche on n’en sait toujours guère plus sur elle, même si le label a fait fuiter quelques informations où l’on apprend qu’il s’agit d’un trio du sud du pays, et qui pour cet attendu premier album se retrouve épaulé au micro par Rms Hreidmarr (ancien frontman notamment d’ANOREXIA NERVOSA) – qui multiplie les collaborations ces dernières années. Si ce choix peut sembler osé de prime abord de par sa voix si particulière et reconnaissable, on va vite se rendre compte de l’énorme apport qui en découle et fait ainsi de cette opus une réussite totale, aussi bien vocale que musicale. Porté par quatre longs morceaux allant de six à dix minutes, il va faire passer l’auditeur par tous les états, tant son concept recherché qui parle de la relation de l’humain envers le spirituel (et des conséquences que cela a engendré par le passé comme à l’heure actuelle) va emmener l’âme vers des abîmes de tourments, d’espoir et de réflexions métaphysiques, psychologiques et spirituelles. Avec en prime une musique marquée par de longues plages instrumentales où la rythmique sobre sert autant la violence que les ambiances, on se croirait revenu lors des grandes heures des années 90, à cheval entre la froideur mélodieuse d’un DISSECTION et des passages tourbillonnants et tempêtueux inspirés visiblement par WOLVES IN THE THRONE ROOM.

Du coup il n’est pas étonnant que « Titan » qui ouvre les hostilités se montre titanesque tant dans son écriture que dans le talent des musiciens, et va tout exploser d’entrée via un mélange de blasts dévastateurs et de moments à la fois lumineux et épiques, comme pour exprimer le calme avant et après la tempête qui reste présente dans l’horizon. Basée majoritairement sur l’explosivité et la vitesse cette composition d’ouverture montre une certaine radicalité, où cependant des pauses bienvenues surgissent à différents instants afin d’aérer le tout et d’éviter une linéarité qui aurait été malvenue si tôt sur le disque. Entre lumière et ténèbres l’exécution sans failles et la relative sobriété entendue l’ensemble se révèle tortueux et implacable, aidé par un chant oscillant entre cris désespérés et voix plus posée afin d’être en raccord avec les différents passages instrumentaux, confirmant aussi que le chanteur est bel et bien un des meilleurs de l’hexagone dans cet exercice. Si cette plage d’ouverture montrait quelquechose d’assez direct et rentre-dedans la suite va aller crescendo en intensité comme en technique globale, et cela est flagrant sur « Procession » qui s’enchaîne dans la foulée et sera le moment le plus long de cet opus. Cela ne sera d’ailleurs pas de trop pour dévoiler toute la complexité et le côté tentaculaire proposé ici qui va montrer une facette rampante et lancinante, donnant la sensation que l’orage gronde et va bientôt retentir dans le lointain. Cela est d’ailleurs renforcé par cette voix haranguant la foule à la façon d’un prédicateur qui annonce la fin du monde en reprenant des versets bibliques, afin d’inquiéter l’auditeur comme le croyant crédule. A la fois religieux et philosophique, il se montre propice à la méditation et à la spiritualité va un riffing sobre et gelé qui amène de la densité générale, aidé par un tempo qui reste calé en première sans jamais être linéaire et répétitif. En effet ici ça reste bridé sur toute sa longueur sans que cela ne nuise à sa force de frappe, afin d’offrir un côté oppressant et obscur idéal avant l’arrivée du diversifié et excellentissime « Des Profondeurs Je Crie », un nom qui va lui aller comme un gant. Ici l’ambiance abyssale et nocturne va être ici poussée plus loin, portée à la fois par des déferlantes de blasts et de longs périodes douces portées où les arpèges calmes et apaisants servent de pause au milieu de la nuit et du froid, avant que tout ne reparte en pression et ne voit le retour de la fureur par des passages tous plus rapides les uns que les autres. La diversité est poussée ici à son paroxysme, tant le chant pénètre chaque recoin de l’espace de cerveau disponible afin d’emmener son propriétaire vers des contrées inquiétantes et inexplorées. Cela trouve son point de non-retour sur « Un Bûcher Pour Piédestal » où toute la panoplie de ses créateurs est mise en avant, portée par un riffing presque épique sur certains passages et aidée en cela par une longue montée progressive particulièrement lente et éprouvante. Car la glace n’a jamais été aussi présente à cet instant, de par notamment des notes hypnotiques et entêtantes qui prolongent ainsi l’expérience via deux parties distinctes, où la brutalité et l’entrain de la première cèdent la place sur la seconde à une envolée des sens et une baisse du nombre de bpm, qui amènent ainsi plus de force à ce voyage planant et éthéré.

Sans jamais tomber dans la démonstration stérile et kitch - ainsi que dans le trop-plein technique, le trio confirme les espoirs placés en lui avec ce passage réussi au long-format, à la fois fluide et ambitieux où l’apport du célèbre invité se révèle être des plus judicieux. Tout cela confirme donc ses bons points qui font régner ici une nostalgie bienvenue, aidée en cela par une production claire où la réverb’ mixée avec intelligence est en total raccord avec l’ambiance voulue. Jouant sur les extrémités de tempo comme de violence, et étant plus recherché qu’il ne laisse paraître lors des écoutes initiales, ce « Deus Qui Non Mentitur » demandera du temps et de la patience pour être totalement apprivoisé et apprécié, bien qu’il ne dépasse pas les trente-six minutes. Du coup il fait peu de doutes que ce disque va tourner un bon moment afin de se dévoiler complètement, signe d’une vraie réussite de la part de ses géniteurs qui prouvent qu’ils n’ont rien à envier à nombre de leurs compatriotes, tant ils possèdent déjà de solides arguments pour devenir des futurs grands du genre en France, point où ils sont déjà bien engagés.

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Bâ'a
Black Metal
2020 - Osmose Productions
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (8)  8.56/10
Webzines :   -

plus d'infos sur
Bâ'a
Bâ'a
Black Metal - 2017 - France
  

tracklist
01.   Transept
02.   Titan
03.   Procession
04.   Des Profondeurs Je Crie
05.   Un Bûcher Pour Piédestal
06.   Outro

Durée : 36 minutes

parution
24 Avril 2020

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