Bilan 2005 / Scum

Après 20 ans de bons et loyaux services dans le métal extrême, Napalm Death est toujours là, avec toujours autant de choses à dire sur notre belle société. Cet album marque un retour aux sources des plus efficaces. La pochette fait directement penser aux monstrueux Scum, le chant de Barney fait penser à celui de l'illustre Lee Dorrian. On est de retour à du bon vieux death/grind incisif et groovy par moment. De plus des invités ont été convié à la fête : Jello Biafra (Dead Kennedys), Jeff Walker (Carcass) et Jamey Jasta (Hatebreed). Une chose à dire : Long live Napalm !

Incontestablement l'énorme claque de cette année. Le travail réalisé sur la production est énorme, car elle est plus compréhensible, plus clair que le déjà monumental King Of All Kings. Hate Eternal a encore placé la barre un peu plus haut relégant la concurrence loin derrière un déluge de riffs tranchants et de blast beats ultra rapides administrés par un Derek Roddy au meilleur de sa forme. Plus contrôlé que son prédecesseur mais tout aussi brutal (si ce n'est plus), I, Monarch est le couronnement d'un groupe dévoué à la création de la musique la plus haineuse et destructrice qu'il soit possible d'imaginer.

C'est avec un nouveau batteur (impressionnant, surtout en live), une production plus claire et moins poussièreuse et la quasi-disparition des orchestrations égyptiennes que Nile revient avec un petit joyau aussi brulant qu'une poignée de sable lancée dans les yeux. Moins épique qu'In Their Darkened Shrines (avis strictement personnel), Annihilation Of The Wicked est plus fouillé guitaristiquement parlant grâce à l'impressionnant travail de la paire Toler-Wade/Sanders. Les compositions sont variées entre titres rentre-dedans et pure démonstration de technique bluffante le tout avec un chant très bien placé. Un nouveau cap a été franchi par un des meilleurs groupes de métal extrême actuelle.

Mis à part l'arrivée d'un nouveau batteur pas franchement convaincant et d'une production toujours sujet à polémique (la batterie est faiblarde et sonne "carton"), Immolation nous sort une fois de plus un album grandiose. Ce Harnessing Ruin est la suite logique de Unholy Cult : une musique toujours aussi sombre, plaintive et mélancolique par moment. Les lamentations guitaristiques de Robert Vigna et le chant si caractèristique donnent une aura de désolation majestueuse et impressionnante. Rajoutez-y un artwork superbe fait par Sven (boucher d'Aborted) et on obtient ce superbe Harnessing Ruin par un groupe qui ne finira jamais de se surpasser.

En l'espace de 3 albums, les américains d'Origin atteignent les hautes sphères du métal extrême. Sans réelle comparaison possible avec d'autres groupes, Origin distille une musique chaotique et extrêmement brutale qui conviendrait parfaitement pour la fin du monde. Le niveau technique est impressionnant, le groupe prenant un malin plaisir à malmener l'auditeur au travers des compositions detonnantes et complexes. On est souvent dans le rouge du point de vue de la rapidité que ce soit pour le batteur, qui signe une véritable performance, ou pour le duo de guitaristes qui aligne ses riffs très virevoltants. Amis de la technique et désireux de voir où le brutal death metal peut être emmené, je vous recommande chaudement cet album.

Ils sont français, jouent bien et donnent dans ce qu'on pourrait qualifier de brutalcore. Depuis son maxi Toxiconaut, la musique d'Headust a subi quelques étranges mutations pour déboucher sur un métal aggressif et saccadé. La musique syncopée et brutale d'Headust fait par moment penser à Meshuggah ou encore à Nostromo mais nos 5 français ne manquent pas de varier les plaisirs dans leurs compos que l'on pourrait qualifier en évolution permanente. Les structures sont complexes ce qui rend les compositions débridées et imprévisibles. Un des espoirs de la scène française.

Bien que beaucoup influencé par les maitres americains du genre, les italiens d'Hour Of Penance signe avec ce Pageantry For Martyrs, une des plus grosses surprises de cette année 2005 très prolifique. C'est une véritable distribution de blast appuyé par des riffs très fouillés mais sans être prise de tête. C'est un disque qui ne se dévoile pas facilement mais qui est d'une richesse et d'une efficacité qui se font assez rares actuellement. En tout cas, preparez vous à vous faire détruire les rotules avec un groupe destiné à se faire sur la scène death mondiale.

Pourtant prometteur sur le papier (retour de Lord Worm, concept album de près de 50 minutes) ce nouvel album de Cryptopsy est pour moi la plus grande déception de cette année. Le groupe va se perdre dans des parties inutiles et purement démonstratives ce qui fait que les compositions de ce Once Was Not perdent beaucoup en efficacité en consistance là ou un And Then You'll Beg était certes difficilement accessible mais beaucoup plus homogène. Lord Worm a pris le temps de se bonifier et Flo Mounier est une fois de plus irréprochable mais ça ne sauve pas l'album. A vouloir faire trop long, le groupe perd de sa consistance et je regrette cette nouvelle optique musicale.

A trop vouloir utiliser les mêmes ingrédients que Dying Fetus, Grind Inc. signe un album ennuyeux car composé de riffs et de mosh-parts déjà entendu bon nombre de fois. Les compositions sont mal construites, le mid-tempo est tro souvent systématique ce qui ne permet pas à la musique de Grind Inc. de décoller véritablement. Espèrons qu'ils arrivent à se détacher de leurs influences beaucoup trop présentes et ainsi sortir un album entrainant et varié.

Certes meilleur que Bringer Of Blood, 13 est soi-disant un album qui renoue avec les racines du death-metal. Le temps glorieux du death roots et rouleau-compresseur de Maximum Violence et autre Warpath et bel bien enterré. Six Feet Under joue une musique sans efficacité ni véritable relief, et qui manque cruellement de conviction. La prise de risque est inexistante et le groupe vire presque à l'autoparodie. La flamme s'est éteinte depuis quelques temps déjà et je ne vois pas ce qui serait en mesure de la rallumer...