Harnessing Ruin est le sixième album de la discographie des américains mais c'est surtout le successeur du superbissime Unholy Cult, sorti 2 années auparavant. Quelle lourde tâche que de succéder à un album de cette trempe me direz-vous, surtout que beaucoup de questions méritent des réponses. Que s'est-il passé avec l'ancien batteur ? Est-il possible d'atteindre une fois de plus le niveau d'Unholy Cult, voire même le dépasser ? Qu'en est-il de la production ? Toutes ces questions, que beaucoup de personnes (fans ou pas) se sont posés, vont trouver leurs réponses dans ce
Harnessing Ruin.
La grosse surprise de cet album vient de l'absence d'Alex Hernandez derrière les fûts, une absence due à des problèmes de santé qui l'ont obligé à quitter le groupe. C'est donc le dénommé Steve Shalaty, batteur d'Odious Sanction, qui avait déjà remplacé Alex pendant la tournée américaine du groupe qui dorénavant tient les baguettes. Autre changement, mais qui n'est d'aucune influence musicale cette fois-ci, la conception de l'artwork. Ce n'est pas Andréas Marshall mais cette fois-ci Sven d'Aborted qui s'en est occupé.
L'artwork, parlons-en car il le mérite. Le travail réalisé est tout simplement somptueux, que ce soit des créations présentes dans le livret ou la pochette en elle-même. Il est flagrant que le groupe a été marqué par ce qui s'est passé le 11 septembre. Il ne reste rien que du sable. Ce sable que l'on « ressent » dans ce qui est toujours sujet à de houleuses discussions concernant les albums d'Immolation : la production. Elle est très réussie et colle parfaitement à la musique distillée par le quatuor américain. Les guitares sont énormément mises en avant, rugueuses et à la fois rondes et poussiéreuses. Par contre, le gros point noir de l'album est la batterie. A la première écoute, le son de la batterie est choquant : il est très étouffé ce qui est regrettable pendant les blast-beats. Ils manquent souvent de puissance, comme si l'enregistrement avait été fait avec une batterie en carton. Mais il suffit de quelques écoutes pour s'habituer à ce son bizarre.
Harnessing Ruin n'est peut-être pas aussi sombre qu'
Unholy Cult mais au milieu de l'obscurité, on discerne une certaine mélancolie grâce à des mélodies judicieusement placées. Chaque album d'Immolation est une pièce magistrale de death metal torturé et sombre. On retrouve les ingrédients qui ont fait la renommée du groupe : le chant de Ross Dolan, ce râle qui vient d'on ne sait où et étonnamment compréhensible, des structures rythmiques variées, des riffs dissonants et alambiqués et une musique qui mise plus sur la puissance et l'atmosphère dégagée que sur la rapidité d'exécution. Bien entendu, il y a quelques passages rapides et de bonnes accélérations mais globalement, on peut affirmer que le rythme de l'album est lourd.
Malgré un son vraiment limite, la performance de Steve Shalaty est respectable bien que son jeu ne soit pas vraiment le même que celui de son prédécesseur. Steve Shalaty est plus technique, peut-être un peu plus puissant aussi mais son sens du groove est moins développé qu'Alex Hernandez. Et
Harnessing Ruin est album qui « groove ». Ne fuyez pas, Immolation ne donne pas dans le r'n'b mais les compos sont par moment très groovy (« Our Savior Sleeps », « Dead To Me »), et macabres en même temps.
Au milieu de cette musique oppressante, on y trouve des passages posés qui donnent à des moments émotionnels très réussis. Robert Vigna prend un malin plaisir à maltraiter sa guitare pour en tirer des notes plaintives et lancinantes. Son jeu mérite d'être souligné, les solos sont déchirants, et mélancoliques par moment. Quelques passages font littéralement frissonner comme sur « At Mourning's Twilight » composée de superbes mélodies torturées et d'un break suivi d'un solo époustouflant de désespoir. On ne peut pas reprocher à Immolation de pratiquer une musique terne et sans relief : les musiciens sont remarquables mais c'est surtout la qualité des compositions qui est une fois de plus proche du parfait.
Non content de nous donner la chair de poule au détour d'un solo ou d'un break, Ross Dolan chuchote au creux de notre oreille sur « Dead To Me » ou « Son Of Iniquity ». Alors forcement, dis de cette manière, cela peut paraître anodin voire même passer inaperçu. Mais cela renforce la profondeur de chaque titre de cet opus, comme si cela ne suffisait pas déjà. Il reste toujours quelques dissonances qui restent une des marques de fabrique du groupe, et les compos sont toujours très fouillées quoique moins complexes que par le passé.
Au final, Immolation a une fois de plus réalisé un album remarquable. Ce
Harnessing Ruin est dans la veine d'Unholy Cult mais avec un côté mélancolique plus prononcé grâce aux mélodies très inspirées d'un guitariste hors pair. Bien que certains critiqueront encore et toujours la lourdeur et le grain poussiéreux de la production, je trouve personnellement qu'elle convient on ne peux mieux aux compositions présentes sur cet album. Elles sont un habile mélange entre puissance, lourdeur, obscurité et mélodie et ce mélange est une fois de plus réalisé de main de maître. Le seul défaut de cet album est le son de batterie, sous-mixé et trop faiblard, ce qui est bien dommage quand on joue une musique aussi puissante. Mais qu'on ne s'y trompe pas,
Harnessing Ruin est un album qui vient remplir une discographie de qualité. Un album composé par un des groupes piliers de la scène death metal actuelle et qui s'investit corps et âme dans la création d'une musique toujours plus inspirée. Et visiblement, Immolation n'est pas près de s'essouffler. Et c'est tant mieux.
A noter qu'il existe une édition limitée-en-digipack-pour-les-riches contenant le clip vidéo du titre éponyme.
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