J’ai l’impression de le dire à chaque fois que je chronique une œuvre de ce format, mais un split doit être un peu plus qu’une simple réunion de deux ou plusieurs artistes compilant leurs morceaux ensemble pour me plaire. Trop souvent utilisé comme moyen de faire patienter des amateurs à peu de frais, certains ont montré qu’il peut être un peu plus que cela et devenir l’occasion pour des projets d’alimenter leur style de l’apport d’autres (le fameux split entre Monarch! et Elysiüm est un exemple sur ce point).
Une chose que réussit, à sa manière, ce split entre Old Iron et Verdun. Pourtant, cela ne se devine pas tout de suite, tant ces deux groupes errent dans des sphères proches, au point de voir ici une simple réunion de deux pratiquants du sludge/doom et ses variétés. Un genre dans lequel Old Iron, auparavant inconnu au bataillon chez moi malgré deux albums, s’inscrit avec une grande scolarité dans son versant le plus moderne, marqué aussi bien par Unearthly Trance que les relents post-metal et stoner ayant fini par l’infiltrer. Lourdeur, élévation, rage de chaque instant jouée avec un goût pour l’héroïsme tout américain… Le petit quart d’heure de ce côté pourra paraître bien transparent pour qui a déjà trop goûté ce type de musique, en dépit de compositions profitant de la réécoute et laissant voir une certaine mélancolie derrière ces complaintes de routier prêt à décoller vers l’espace. Une atmosphère rustre et aérienne se dessine alors, parfaite pour titiller l’envie d’aller casser la voûte céleste, le cœur aussi gros que ses désirs de saut vers l’univers.
Soit, une entrée en matière qui, si elle n’a pas la réussite d’être plus que cela, prépare l’arrivée de ces cosmonautes du doom / hardcore que sont Verdun. Les concernant, je n’ai jamais caché mon amour et – ouf ! – il n’est pas prêt de s’éteindre devant cette participation si réussie qu’elle en devient frustrante. Seulement deux titres, mais sur lesquels les Français flambent à tout-va, à commencer par un « Narconaut » à l’entame languissante et enveloppante comme chez Hangman’s Chair, bifurquant vers un doom poursuivant cette direction plus aérienne et contenant la classe du canonique de
Astral Sabbath. Un morceau d’une grande élégance, la voix de Dadoo y ajoutant ce qu’il faut de détresse crue, l’espace comme lieu aussi magique qu’inhospitalier. La plus grande surprise vient cependant de cette reprise de Morbid Angel « Dawn of the Angry » issue de l’album
Domination, où l’on a droit à une appropriation comme on en rencontre rarement : lourdeur et groove affichés, chant français donnant un vice neuf à l’original, copains s’invitant à la grande bouffe (Benjamin Moreau de Fange aux bruits et Saïd Merqi de Mudweiser à la guitare) ainsi que quelques étonnements que je préfère ne pas trop partager, tant ils sont jouissifs à découvrir (accrochez-vous, Verdun s’est enfin mis à la guerre !)… Oui, ceux qui voit dans un split un octogone devenu cercle auront nul doute trouvé leur vainqueur dans cette face, définitivement supérieure.
Car, inutile de se mentir : je ne pense pas, malgré quelques attraits, retourner vers Old Iron autrement que dans l’objectif d’aller au bout des choses avec ce split, une posture qui ne me fait que trépigner à l’idée d’écouter ces définitivement trop rares brigands de Verdun. Même si l’on retrouve des éléments communs (à commencer par cette ambiance recueillie et triste) rendant l’ensemble homogène, l’un rêve de festins sous les étoiles tandis que l’autre régale d’un univers mine de rien de plus en plus personnel. Un split d’entre-deux en somme, surtout destiné à ceux déjà tombés sous le charme des Français.
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