Acid Witch - Rot Among Us
Chronique
Acid Witch Rot Among Us
J’ai toujours apprécié le doom/death glouglouteux d’Acid Witch, cette espèce de mixture de sorcière qui se traduit par une musique à l’unisson, faite de pesanteur et, donc, de glougloutages divers et variés. Chaque note renvoie, de fait, à une petite bulle verte qui s’échappe du chaudron puant et répugnant des Ricains (écoute donc Tommyrotters…).
Si Evil Sound Screamers m’avait plu mais sans non plus me renverser, Rot Among Us suit, de fait, la même direction. Les borborygmes de sorcières t’accueillent de suite, te plongent immédiatement dans l’ambiance doom occulte du combo. La musique est de suite reconnaissable, le clavier posant d’emblée une atmosphère un brin festive sur Gather Each Witch, morceau au demeurant très teinté de vieux heavy et de vieux rock. Le morceau éponyme s’inscrit également dans cette veine, mais en nettement plus lourd.
C’est là que débute vraiment l’album. La mixture doom/death et sludge écrase la structure mais les respirations ne sont pas rares, entre les coupures « parlées » façon invocation diabolique et les petits solis plus heavy qui parsèment le titre. Le tout est plaisant mais manque d’un poil de dynamique. The Sleeper et Psychedeathic Swampnosis montrent d’évidentes bonnes intentions, le sludge l’emportant plus nettement sur le death, la rythmique débordant d’intentions guerrières. Pour autant, de nouveau, les cassures brisent un peu la dynamique, sans qu’elles apportent une plus-value évidente aux morceaux.
En somme, fidèles à leurs habitudes, les Américains déroulent une musique hyper chaude et soyeuse, très confortable mais un peu en pilotage automatique, sans grande surprise et sans aucune prise de risque. Le rythme n’est pas lent ou véritablement rampant mais simplement lascif. Dommage parce qu’un peu plus de solis heavy, davantage de break death ou encore un travail plus poussé sur les ambiances (Devil’s Night Doom propose ainsi un riff tournoyant mais qui n’est pas exploité alors que le départ du morceau laissait penser qu’il allait créer l’ambiance ; 5508 Martin St et Tommyrotters avec leurs départs inquiétants mais avortés trop rapidement au profit de grattes lourdes un peu inappropriées et sans imagination) auraient sans aucun permis de porter cet album à un niveau d’intérêt supérieur.
Par ailleurs, l’album manque de morceaux forts. Trop nombreux sont ceux qui se complaisent dans une atmosphère vue et revue pour le groupe, presque paresseuse (Devil’s Night Doom, Psychedeathic Swampnosis, 5508 Martin St). Lorsque le combo se décide enfin à changer de braquet, les accélérations ne sont pas davantage convaincantes. Evil Dad repose sur de louables intentions, mêlant accélérations death, break doom et ambiances evil, mais de nouveau, le tout est assez paresseux et aurait mérité un autre traitement. C’est d’autant plus regrettable que, parfois, quelques idées nouvelles surgissent, comme ce loop electro discret qui s’échappe de la structure au début de Chelsea Didn't Come Home Last Night.
Tu l’auras compris, j’ai été déçu par ce nouvel album. Pas mauvais, loin s’en faut, mais en pilotage automatique et un brin lascif donc, comme si la sorcière était fatiguée…
| Raziel 22 Avril 2023 - 855 lectures |
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