S'il y a un groupe dans le petit monde du death metal qui a réussi à tirer son épingle du jeu pour arriver au sommet ces dernières années, c'est bien Nile. Je dois bien l'avouer, j'ai toujours admiré la bande à Sanders qui, bien qu'étant probablement le groupe de death metal le plus populaire actuellement, a toujours su garder intacte l'intégrité artistique qui a de tout temps été la sienne. Ne vous attendez pas à du death moderne ou à des influences extérieures dans ce Ithyphallic, Nile a toujours eu son style appart (voire maison type pavillon de banlieue comme dirait cglaume) et entend bien le conserver encore longtemps. Et ce ne sont pas les incessants changement de line-up qui feront vaciller le groupe d'une quelconque manière. Aujourd'hui, le trio qu'est Karl Sanders, Dallas Toler Wade et George Kolias forme le noyau dur de Nile, Jon Vesano ayant quitté l'aventure après Annihilation of the Wicked et Joe Payne s'étant fait virer comme un mal propre après la tournée pour le même album – ce qui au passage, a engendré un merveilleux règlement de compte par interview et forum interposés dont l'incorrigible Keyser est bien évidemment à l'origine grâce à cette
interview déjà culte.
Alors autant vous l'avouer tout de suite, il y a un peu plus de deux ans Annihilation of the Wicked m'avait complètement mis sur le cul. J'ai toujours trouvé que In Their Darkened Shrines souffrait de grosses longueurs malgré beaucoup de titres efficaces et la présence de Tony Laureano aux fûts. Je n'attendais rien de AOTW qui marquait la venue d'un George Kolias qui jouait dans un groupe de seconde zone grec appelé Nightfall que tout le monde ou presque avait oublié, et là, ce fût la claque. Rapide, puissant, ultra-technique, brutal et mélodique à la fois, ce Nile avait tout pour plaire, et ce foutu George avait presque réussi à me faire oublier Yeung, Roddy et Laureano. Nile venait de sortir son album sûrement le moins lourd et le plus fougueux, qui avait laissé une bonne partie des fans de deux précédents opus sur le carreau. C'est donc tout naturellement qu'après m'être pris une énorme baffe en live au Hellfest 2006, j'ai attendu ce nouveau Nile comme le messie… et après des dizaines et des dizaines d'écoutes, je suis toujours aussi mitigé sur cet album.
Comme j'ai toujours su habilement mener en bateau mon lecteur pour le rallier à ma cause, je vais bien entendu commencer par les points positifs de ce décevant Ithyphallic, à savoir, que cet album est de Nile. Comme je sais que la jeunesse est un fléau de plus en plus répandu, je vais quand même étoffer un peu pour nos lecteurs juvéniles dont la culture metal s'étend à Slipknot et Gojira et qui par conséquent, n'ont jamais posé une oreille sur un album de death metal.
Nile, comme à son habitude, nous livre un album de brutal death parfois franchement technique, qui alterne les passages véloces et épiques aux alentours de 230 bpm avec des passages plus lents, suffocants, mais tout aussi bien fait. Alors oui, sur Ithyphallic, George blaste toujours aussi vite, Karl nous pond toujours des riffs de tueurs ultra accrocheurs et Dallas vocifère toujours ses textes en growlant comme peu de vocalistes de death metal savent le faire. Pas de doute possible, techniquement, Nile reste au top niveau du death metal actuel, et cet album comporte son lot de passages inimitables. J'irais même jusqu'à dire que les morceaux « As He Creates, So He Destroys » et « Papyrus Containing the Spell to Preserve its Possessor Against Attacks From He Who is in the Water » (ça c'est du titre qui poutre) sont parmi les meilleurs que Nile ait jamais composé, ouais rien que ça.
Mais, car vous l'aurez compris, il y a un gros mais, on a franchement l'impression que Nile, à trop vouloir concilier la lourdeur d'un In Their Darkened Shrines et la brutalité véloce d'un Annihilation of the Wicked s'est un peu perdu en chemin. Si les deux fantastiques perles suscitées dominent tant le lot des autres morceaux présents sur Ithyphallic, c'est tout simplement parce qu'elles auraient très bien plus être présentes sur AOTW tant elles sont cohérentes. « As He Creates, So He Destroys » est un titre extrêmement rapide et technique, dont le refrain ultra simple et accrocheur qui n'arrive qu'après trois bonnes minutes et vient clôturer le morceau vous restera en tête des heures, tandis que « Papyrus Containing the Spell to Preserve its Possessor Against Attacks From He Who is in The Water » est axé autour d'un riff ultra technique et d'un refrain très lent où Dallas hurle à plein poumons, effet garanti.
Oui mais voilà, ces deux titres sont tellement bons qu'à côté, le reste de l'album paraît complètement fade, et est assurément beaucoup moins efficace que tout ce que Nile a pu faire par le passé. Les ambiances égyptiennes tout comme les passages lents sont moins lourds et oppressants qu'auparavant, résultat on a plus autant l'impression que par le passé qu'une chape de plomb nous est tombée sur le coin du nez, et les passages plus rapides sont du coup beaucoup plus savoureux. Le seul problème, c'est que cet album comporte au final assez peu de passages rapides, et qu'hormis encore une fois ces deux titres que je n'encenserai jamais assez, la brutalité est plutôt contenue et les morceaux relativement fades. On pourra noter de très bons passages dans « The Essential Salts » ou « Even the Gods Must Die » mais qui ne se révèlent pas si mémorables que ça sur la durée.
C'est plutôt décevant de la part de Nile, qui arrivait jusqu'alors à garder une qualité constante entre les morceaux malgré la présence inévitable de tubes tels que « Lashed to the Slave Stick », « Winds of Horus » ou
« Black Seeds of Vengeance ».
Et si il est l'album le plus simple de la discographie du groupe, il en est aussi le moins efficace car il ne scotchera que très rarement l'auditeur sur place. Malgré une très bonne production et un son toujours aussi typiquement Nile (avec toute la saturation et le sous accordage que cela sous-entend) on se surprend à devenir nostalgique des précédents albums, et c'est un signe qui ne trompe pas.
Il est d'ailleurs étrange de voir que les deux morceaux dont je fais l'éloge sont précisément ceux présents en version instrumentale dans les bonus de la version limitée de l'album, à savoir une magnifique pyramide faite en carton-pâte magnifiquement décoré, tout comme l'album qu'il renferme en fait.
Ce Ithyphallic apparaît donc avec les mois de recul consécutifs à sa sortie comme l'album le plus en demie teinte de Nile, ni assez brutal, ni assez lourd, ni assez efficace pour pouvoir espérer se hisser au niveau de ses prédécesseurs. Toutefois, si je suis si critique vis-à-vis de cet album, c'est avant tout parce qu'il est de Nile, un autre groupe sortirait un pareil album, il ne susciterait probablement pas autant de scepticisme de ma part. Mais avec un trio de musiciens et une carrière comme ceux de Nile, il est difficilement pardonnable de faire un album si mitigé.
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