Pour accoucher d'un successeur à
"Razorbliss", Flowing Tears aura pris le temps de la réflexion, 4 ans qui sonnent comme une totale remise en question. Après coup, le précédent album, très proche de
"Serpentine" (cf. ma chronique) aurait sans doute eu une toute autre couleur avec la voix de Stefanie Duchêne, plus chaude et plus sensuelle. En effet, l'arrivée du rouleau compresseur Helen Vogt a complètement changé la donne, le live
"Invanity" ayant montré les limites de la demoiselle sur les anciennes compositions du groupe. Les allemands n'avait donc pas beaucoup d'alternatives : soit conserver leur style et tenter de trouver une chanteuse plus appropriée, soit renouveler sa musique pour intégrer pleinement le chant de Helen. Et bien évidemment, c'est la seconde option qui a été retenue.
Avec "Thy Kingdom Gone", Flowing Tears prend une nouvelle direction. Le groupe a définitivement enterré sa période atmosphérique
("Jade"), a mis un peu de côté ses expérimentations électroniques
("Serpentine", "Razorbliss") pour adopter un style à l'image de la poitrine de leur chanteuse : lourd et naturel. Place aux riffs tranchés, aux murs de guitares et aux refrains puissants, leur musique ne fait désormais plus vraiment dans la dentelle même si fort heureusement, le groupe conserve sa griffe et assez de subtilité pour ne pas tomber aussi bas que Lacuna Coil ou Evanescence, à aligner les rythmiques basiques. D'ailleurs, même si le piano reste encore assez présent, la base instrumentale se résume principalement au sempiternel trio batterie/basse/guitare, cette dernière étant bien mieux exploitée que dans la moyenne des groupes du genre soit dit en passant (bons riffs, petits solos, ...). En réalité, tout est fait pour permettre à Helen de poser sa voix. Moins à l'aise que leur ancienne chanteuse lorsqu'il faut chanter en retenue, elle évolue désormais dans son élément avec des compositions qui demandent plus de puissance que de sensibilité, voir même un peu de hurlements de temps en temps. La production va également dans ce sens, ultra propre et faisant la part belle à la saturation et au chant.
Mais pourquoi avoir laissé de côté cette sensibilité ? En misant sur l'efficacité et l'agressivité, le groupe a perdu une partie de son identité, là où un
"Jade" (voir un
"Serpentine" à la limite) affichait une réelle différence par rapport aux autres formations. On se retrouve du coup avec un album un peu trop homogène et pas toujours très marquant à cause justement de ce manque d'émotion et de compositions peu diversifiées. De plus, la qualité de ces dites compositions variant entre le bon ("Orchidfire", "Words Before You Leave", "The War We Left Behind") et le moyen ("Pain Has Taken Over", "Colossal Shaped Despair"), l'album pêche par quelques longueurs. Néanmoins, "Thy Kingdom Gone" réserve de bonnes surprises qui laissent entrevoir d'autres facettes du groupe. La meilleure pour moi est sans conteste le morceau éponyme où le temps d'une chanson, un chant guttural se substitue au chant clair habituel ; un titre rondement mené avec un excellent refrain et des mélodies très accrocheuses. Les autres bonnes surprises viennent des titres calmes, "Miss Fortune" avec son atmosphère rétro et "Kismet", très atmosphérique, froid et poignant qui aurait mérité de ne pas être seul sur cet album.
"Thy Kingdom Gone" amorce donc une nouvelle ère dans la carrière des allemands, un album de transition qui regorge de bonnes idées mais qui manque encore d'un petit quelque chose pour vraiment s'imposer. Même si je regrette leur période atmosphérique, cette évolution est toute en leur honneur et il n'y a plus qu'à espérer que le groupe diversifie son style en explorant les nombreuses voies ouvertes par ces 12 morceaux. Attendons la suite.
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