Avant d'être un groupe réputé pour ses prestations scéniques et aux albums à la production dernier cri, il est bon de rappeler que Septic Flesh (en 2 mots à l'époque) a démarré sa carrière chez Holy Records avec quelques albums qui lui ont valu à l'époque un vrai succès dans le petit milieu de l'underground. « EΣOПTPON » avait élargi la brèch, ouverte par « Mystic Places of Dawn » qui quittait progressivement les terres du Brutal Death : « Ophidian Wheel » ne fait qu'améliorer, peaufiner et sublimer le style développée par Septic Flesh, que l'on pourrait qualifier de Death Metal Atmosphérique (la belle étiquette qui ne sert à rien, et avec les Majusucules s'il vous plait).
La nouveauté majeure de cet album est l'apparition sur certains titres de la diva Natalie Rassoulis, l'égérie de Chris Antoniou et qui fait tout l'intérêt de son side projet « Chaostar » (qui a dit « son seul intérêt d'ailleurs ? ») : une chanteuse à la voix sublime, diaphane, éthérée…alignez ici tous les adjectifs que vous voudrez, Nathalie Rassoulis est une chanteuse exceptionnelle, d'un niveau très nettement supérieur à bien des chanteuses menant certains groupes de métal de nos jours, et dont l'apparition sur cet album a sûrement été pour l'époque un vrai coup de pied dans la foumillière : combien de groupes de Death Metal auraient osés incorporer à une musique sans compromission du chant lyrique et des passages (voire des titres entiers) néo classiques ? Pas grand monde en effet, et pourtant le pari est réussi, une nouvelle fois.
Nathalie intervient de façon judicieuse sur quelques titres seulement : « The Future Belongs to the Brave », où sa voix arrive en fin de parcours, accompagnant d'abord un break dans ce titre foncièrement rapide, puis de façon plus lancinante tel un chant de sirène sur la fin du titre qui petit à petit s'amenuise vers le silence le plus complet ; elle fait également quelques apparitions sur « Geometry In Static » et « Tartarus » ; mais les morceaux de bravoure de sa première collaboration avec Septic Flesh sont « Phallic Litanies » et « Shamanic Rites » : des titres déjà ambitieux dans leur construction, et sur lesquels Sotiris nous gratifie pour la première fois d'un chant clair extrêmement convainquant, et qui lorsqu'il est rejoint par celui de Nathalie après le premier refrain de « Phallic Litanies » (1m30), devient un vrai moment de grâce… Et cette mélopée lancinante de Nathalie, accompagnant « Shamanic Rites », a de quoi mettre en transe le plus insensible des métalleux : disons simplement que ce passage, ce titre dans son intégralité d'ailleurs, confine au sublime.
N'oublions pas les racines Death Metal de Septic Flesh : un titre comme « Razor Blades of Guilt » est là pour nous rappeler l'époque de
« Temple of the Lost Race » ; de même que les quelques blasts de « Geometry in Static » ; mais on distingue bien dans l'ensemble une attention toute particulière portée non plus sur les brûlots caverneux mais bien sur les mélodies les plus enchanteresses possibles : et à ce jeu là Septic Flesh est imbattable. Les mélodies mémorables abondent sur pratiquement tous les titres : « Heaven Below », « The Ophidian Wheel » (laissez vous emporter par ce sublime démarrage de la lead à 0 :26), « Geometry In Static » qui aura d'ailleurs les faveurs du sampler Metallian de l'époque (le lead de 1m36 à lui seul a du convaincre des générations de metalhead d'accorder plus d'attention à ce groupe)… « On The Topmost Step of the Earth » se permet quand à lui un riff absolument génial, d'une simplicité doublée d'une efficacité redoutable, à 1m16 : avec une prod plus à la hauteur nul doute que le headbang sur ce passage aurait traversé les âges.
La production, justement parlons en : les jeunes oreilles qui nous lisent risquent de grimacer à l'écoute de cette batterie, « mais ça sonne comme une vraie batterie !! » et oui c'est le but. Donc point de double pédale surpuissante, de blasts où le compteur à BPM s'affole, ici la prod ne sert qu'un but : donner à « Ophidian Wheel » un parfum d'authenticité, de merveille antique (on rejoint ici le trip du groupe sur les thèmes du shamanisme, de l'occultime et des âges anciens)…et donc un son un peu « daté » certainement du haut de ses 12 années, mais que voulez vous c'est comme le vin cela se bonifie avec le temps…
A vrai dire, les seuls accros d' « Ophidian Wheel », qui me feront descendre d'un demi point la note par rapport à « EΣOПTPON », sont au nombre de deux : à commencer par la tracklist, qui est décevante dans le sens où elle n'a pas de réelle cohérence, un titre rapide succède à deux titres lents, puis de nouveau un titre rapide, un intermède orchestral de trois minutes, puis deux titres… Ces intermèdes orchestraux, au nombre de trois (« Tartarus », « Microcosmos » et « Enchantment », s'ils ont l'originalité et une certaine beauté pour eux, n'ont cependant pas grand-chose à faire sur cet album, qui aurait gagné à être raccourci d'autant afin de gagner en efficacité : il serait quand même dommage de lasser l'auditeur avant qu'il n'arrive aux derniers titres, qui comptent parmi les meilleurs (aah « Heaven Below » )! Je retiens quand même « Tartarus », qui a une dimension quasi théâtrale dépaysante dira-t-on.
Sorti de tout cela, « Ophidian Wheel » est une autre de ces perles méconnus, issue du passé lointain d'un groupe qu'on ne connaît visiblement aujourd'hui plus que par ses deux dernières productions : « Sumerian Dameons » et
« Communion ». Ne vous coupez de la meilleure partie de leur discographie, car ce sont de véritables joyaux qui s'offrent à vous, porteurs d'une ambiance formidable et propices à un véritable voyage musical…
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