A quelques mois de l'an 2000, les Grecs de Septic Flesh prirent avec « Revolution DNA un tournant dans leur carrière. L'imagerie mystique, les thématiques mythologiques furent mises de coté, au profit de la science, une science un peu particulière et franchement flipante, à l'image de cette créature semblant échappée d'un laboratoire clandestin qui illustre la pochette.
Alliant le fond à la forme, le groupe se paya les services pour la première (mais pas la dernière) fois de Fredrik Nordstrom et de son fameux Fredman Studios, qui voyait défiler à l'époque tout le gratin de la scène métal extrême mélodique : il en résulte une production puissante et dans l'air du temps. Fini donc les mixages maladroits des précédentes productions, qui collaient si bien à l'ambiance d'un autre siècle de « Mystic Places of Dawn » ou
« Ophidian Wheel », Septic Flesh a fait un pas dans le présent et abandonne du moins provisoirement ses thématiques d'antan pour se réfugier dans le proche futur.
Que l'on se rassure pour autant : si nos Grecs préférés ont reniés les vieux studios décrépits du fin fond du Péloponnèse, et mis de coté les peintures dérangeantes en guise de pochette, le talent musical du combo ne s'est pas envolé pour autant. « Revolution DNA » est sublimement mélodique, probablement même plus que les anciennes productions du groupe, et est à mon sens l'album le plus accessible du groupe, tout simplement. Ne serait-ce qu'au niveau des vocaux, le chant death de Spiros partage ici de façon équitable son temps de parole avec Sotiris et son chant clair magnifique, qui prend même d'ailleurs le dessus sur quelques titres (« Arctic Circle ») ; on garde un pied dans le death métal mais on sent l'influence de l'époque et de l'énorme succès des In Flames & co., qui via des albums comme « Clayman », « Colony » ou bien encore « Projector » ouvraient la voie à un death mélodique qui ne se refuse plus à chanter autrement qu'en growls. Cela tombe bien, Sotiris est un admirable chanteur, et chacune de ses nombreuses interventions est parfaitement cohérente et reste un vrai bonheur, d'autant plus qu'il n'aura jamais pas (à ce jour) autant d'espace pour s'exprimer vocalement par la suite…
Le chant mis à part, si « Revolution DNA » est une nouvelle réussite pour un groupe qui n'a jamais goûté au médiocre de sa carrière, c'est aussi et surtout parce que les compositions sont affûtées jusque dans leurs moindres détails. Que ce soit un « Science » d'ouverture qui met dans l'ambiance, l'inoubliable « Little Music Box » (accompagné du début à la fin par une guitare lead en arrière plan qui sublime aussi bien couplets que refrains), ou la plus classiquement melodeath « Revolution », on retrouve vite ce qui fait le bonheur d'écouter un album de Septic Flesh : des mélodies d'orfèvres, qui ont la délicatesse de ne pas trop se répéter de minute en minute et évitent la surdose via quelques variations toujours la bienvenue. Quelques passages d'exception ? On citera sans trop chercher longtemps la mélodie lead principale d' « Age of the New Messiahs » et son solo qui décidément n'appartient qu'à eux (de tous les solis que j'ai pu entendre, ceux de Septic Flesh ont toujours une personnalité à part, probablement une question de gammes différentes), « Dna » à 2mn12, pour une mélodie simple mais tellement efficace, ou le solo de « Arctic Circle », juste….magnifique ?
Mais nous ne sommes pas en terrain totalement conquis pour autant, à cause de l'aspect quasi oppressant de certains titres, qui tranchent avec le « dreamy emotionnal death metal » d'antan, qui se voulait déclencheur davantage de nos rêves éveillés que de nos cauchemars : ainsi dans une moindre mesure « Chaostar » (qui donnera son nom à un side project de Chris Antoniou à la qualité très variable) et « Radioactive » bien que gardant une approche très mélodique, dégagent un aspect un peu lugubre, mais qui n'est cependant rien en comparaison de « Last Step to Nowhere » et « Android », deux titres qui se font écho l'un à l'autre dans leur construction : batterie quasi absente, de nombreux samples, et des guitares écrasantes qui n'apparaissent qu'en arrière plan : on est pas loin de l'indus, et donc fort éloigné des contrées habituelles de Septic Flesh. « Last Step to Nowhere » est le pendant lumineux d' « Android », dans le sens où ce dernier possède les mêmes caractéristiques précédemment évoquées, mais dans une version déformée, mutante : la guitare ne fait qu'une ritournelle malsaine en boucle, le chant de Sotiris (je suppose que c'est lui) ressemble à une mélopée pleine de menace d'un cobaye de laboratoire qui listerait ses prochaines victimes à l'heure de son évasion…réellement flippant et dérangeant, ce titre montre une autre facette du groupe qui donne à réfléchir sur l'étendue du talent de ses gus là.
Pour ne pas finir sur une note trop positive, je noterais simplement que « Dictatorship of the Mediocre » aurait pu rester dans les B-sides du groupe, son esprit punk et sa structure simpliste n'ayant pas grand-chose à faire au milieu de ces innombrables perles. Mais ne me demandez pas davantage de dire du mal de « Revolution DNA », c'est encore une victoire de Canar….de Septic Flesh, et je le répète une excellente introduction pas trop difficile à l'univers du groupe. Je garde quand même une affection toute particulière à ses prédécesseurs, mais il faudrait avoir de la merde dans les oreilles pour nier que « Revolution DNA » est un album majeur du groupe ; et il préfigure de l'évolution que prendra le groupe avec les non moins excellents
« Sumerian Daemons » et
« Communion »…
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