Arckanum - Sviga Læ
Chronique
Arckanum Sviga Læ
À la pointe de l'occultisme le plus profond depuis plus de quinze ans, le prolifique Shamaatae, tête pensante et unique membre du groupe, a depuis toujours répondu à la devise « ne jamais faire deux fois la même chose ». Cette ligne de conduite aussi risquée qu'intéressante lui ayant permis de se forger une base de fans assez conséquente, il nous revient aujourd'hui avec l'attendu Sviga Læ : sixième et dernière offrande de son sombre exutoire Arckanum. La sortie précipitée de cet album dix sept mois à peine après le très bon ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ pouvait en laisser plus d'un inquiet quant à sa qualité, malgré le fait qu'il soit désormais sous la houlette d'un Regain Records qui s'est déjà fort bien illustré cette année avec les opus de Necronaut et Grave. Mais c'est dans un climat encore plus incertain que Sviga Læ voit le jour puisque les dernières réalisations du groupe n'ont pas reçu que des retours positifs, notamment Antikosmos (2008) manquant cruellement de cohérence et de diversité. Comme si ce n'était pas suffisant, c'est avec un artwork particulièrement laid représentant selon la mythologie scandinave l'épée de feu qui détruira le cosmos durant l'Apocalypse, que Shamaatae décide de nous allécher quelques semaines avant la sortie de sa dernière œuvre. Au final, qu'en est-il réellement de ce Sviga Læ attendu avec autant d'impatience que d'inquiétude ?
Dans la lignée de son prédécesseur tant au niveau de la thématique qu'au niveau de la volonté de plonger l'auditeur dans la noirceur de l'esprit torturé de son géniteur, la passion de ce dernier pour la mythologie nordique est toujours aussi palpable, renforcée par l'utilisation du vieux suédois et la conviction dont il fait preuve à chacune de ses prises de parole. Cependant de nombreux éléments nouveaux font leur apparition, surprenant plus ou moins l'oreille habituée au passé d'Arckanum. La première étant l'aspect pagan plus présent que jamais qui pourrait définir l'album comme un compromis entre le black metal sans concession de ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ et la mise en avant du côté mélancolique d'un Belenos. Pour illustrer mes propos, il suffit de jeter une oreille sur le titre ouverture "Læ Elr" et son riffing morose, rageur et répétitif. La production bien moins percutante qu'auparavant risque elle aussi de venir heurter l'auditeur au cours de ses premières écoutes. Effectivement, le son perd nettement en précision et en efficacité, ce qui a pour effet de renforcer les ambiances sombres et d'apporter d'après les mots de Shamaatae quelque chose de guerrier au méfait, mais ce côté brouillon et monolithique accentue par la même occasion l'impression d'entendre toujours la même chose face à la linéarité des compositions, entrainant malheureusement un certain ennui alors que la qualité est belle et bien là.
C'est ainsi que des titres comme "Gyl›ir Algørir" et "In Følva Felr" ayant pour eux un riffing incisif et entraînant, un jeu de batterie simple mais direct et des vocaux caverneux aux réverbérations plutôt bien vues, se voient entachés de cette redondance qu'on peine à occulter. Les morceaux ont pourtant un réel corps et peuvent dégager une ambiance plus que plaisante et émouvante où s'avérer plus énervés qu'on ne pensait comme le lourd et écrasant "Andskoti Ferr Austan", pièce maîtresse de l'opus qui ne peut que nous faire rager tant le talent de l'artiste est évident. Si l'aura mystique qui règne sur l'album est incontestablement présente et travaillée, elle reste imperméable pour qui ne se donne pas vraiment la peine de la sentir. De plus une certaine inégalité vient s'installer et empêcher de totalement s'immerger dans l'univers de ce Sviga Læ, comme le doublet "Go›in Eru Blekkt" / "Gramr Girnisk" loin d'être mauvais mais dont les répétitions outrancières peuvent faire décrocher définitivement les plus exigeants. Le véloce et entêtant "Múspellzheimr Kemr" vient renouer de manière un peu plus directe avec ce que le groupe a pu réaliser par le passé notamment au niveau du jeu de batterie plus puissant qu'à l'accoutumée. "Røk", surprenante et enivrante pièce instrumentale où seule la guitare acoustique de Shamaatae vient enfin casser la régularité des autres titres, vient clore dans le calme et la mélancolie ce court Sviga Læ.
Loin d'être mauvais et inintéressant, ce sixième méfait d'Arckanum n'atteint pourtant pas mes espérances et ce en raison des deux défauts majeurs rabâchés tout au long de ces lignes. Il est certain que sorti de son contexte, si il avait été la première réalisation d'un autre groupe, ma notation aurait été beaucoup plus clémente mais je ne peux qu'être moins indulgent avec une formation de cet acabit. Sviga Læ plaira sûrement aux adeptes de pagan black metal car il comporte son lot de passages exaltants, mais il est probable que les inconditionnels des premiers méfaits n'y trouvent pas leur compte et passent leur chemin. Je pense qu'il faut lui laisser sa chance car on peut prendre du plaisir à l'écouter (il suffit de voir certaines chroniques très élogieuses sur d'autres webzines), sans oublier que Shamaatae reste bien loin d'être un novice en la matière, mais on regrettera dans ce cas le manque de variété qui vient plomber ce qui aurait pu être un excellent album. Espérons qu'Arckanum corrige le tir la prochaine fois, on ne devrait pas avoir à attendre trop longtemps vu la folie créatrice qui semble agiter son géniteur depuis trois ans.
| Squirk 1 Décembre 2010 - 4331 lectures |
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