Juin 99 : lâchement abandonné par mes parents en Autriche sous prétexte de me faire apprendre la langue locale (et sûrement de se débarrasser de moi et de ma musique de barbare, y sont fourbes), je fais l’emplette d’un cd dont je ne savais absolument rien, si ce n’est une lecture d’une chronique élogieuse dans Hard Force (RIP). Arrivé chez mes hotes, je décide de tester la puissance de la chaîne hi-fi familiale avec mon album nouvellement acquis. Confortablement installé dans le canapé, la télécommande à la main, j’appuie sur « Play »…
….
41min plus tard, un filet de bave se dégage du coin droit de ma bouche tandis que le cd finit sa rotation dans la platine. « C’est quoi ce truc !! » fut ma première pensée consciente, vite suivi d’un « Mais c’est absolument génial !! » qui submergea mon cortex, avide d’analyser cette nouvelle expérience musicale.
Vous l’aurez compris, le cd en question n‘était pas un best off de Chantal Goya mais bel et bien le « Colony » d’IN FLAMES. Voilà le genre d’album qui vous fait reprendre confiance en l’espèce humaine, qui vous fait croire que le trou dans la couche d’ozone c’est pas si grave que ça, et que les Américains sont des gens sympas après tout. Seul petit problème, ça ne dure que 41min, après quoi la dure réalité de la vie vous retombe dessus, le seul remède étant de réappuyer sur « Play ».
« Colony » est une pierre angulaire de mon éducation métal, l’album qui m’a ouvert à la beauté des mélodies guitaristiques combinés à la puissance d’un chant death. C’est pourquoi cette chronique ne sera certainement pas objectif mais pleinement et sciemment subjective et partisane : achetez ce cd !
« Colony », c’est donc tout simplement un ensemble de 11 chansons toutes plus géniales que les autres. A peine le cd enclenché que « Embody the Invisible » démarre et nous en met plein les esgourdes, une mélodie sublime, un son surpuissant, et une batterie explosive. Quand le chant d’Anders se fait entendre, on ne peut qu’acclamer sa meilleure performance (en chant death du moins) à ce jour, son chant est profond, moins rauque et plus discernable qu’auparavant, tout en traduisant une émotion parfaite. L’équilibre entre son chant criard (et parfois à la limite du supportable) des dernières réalisations du groupe et de son chant death des débuts est proprement parfait, quel dommage qu’il n’en soit plus ainsi…
Chaque chanson est un hymne au heavy / death mélodique en puissance, chaque rythmique, chaque riff dégage une énergie fabuleuse, aidé en cela par une production purement parfaite (les Studios Fredman sont encore passés par là). Et il serait sacrilège de ma part de ne pas parler des mélodies de guitares, qui se posent sur chaque chanson et en transcende l’effet : prenez les mélodies d’intro de « Zombie Inc. », de « Embody the Invisible» et de « Resin », et vous avez déjà de quoi pleurer de bonheur pour des années. Et quand ce ne sont pas de simples mélodies, ce sont alors des solos grandioses qui subliment chaque titre : le solo mi-acoustique mi-électrique de « Zombie Inc. » donne des frissons, la même chose pour « Coerced Coexistence », la même chose pour « Resin », la même chose pour « Insipid 2000 », et…..le groupe nous achève avec un solo de virtuose sur « The New World », avec notamment une partie en tapping accompagné de patterns de batterie absolument prodigieux.
Et oserais-je parler de la beauté des passages acoustiques, certes peu nombreux, mais ajoutant une dose de finesse dans ce déferlement électrique, tel ce fabuleux break acoustique de « Zombie Inc. » ou l’instrumental « Pallar Anders Visa », qui nous rappelle qu’IN FLAMES maîtrise aussi bien l’électrique que l’acoustique.
On aura donc compris que musicalement c’est de la balle ce cd. Mais quid de l’émotion ? Chose essentielle si l’en est, elle dégouline sur cet album, et s’exprime de la plus belle des façons à chaque fois. Que ce soit l’un des refrains magnifiques de « Ordinary Story », « Colony » ou bien encore « Zombie Inc. » (décidément une chanson proche de la perfection), une mélodie lancinante et magnifique à la « Resin » ou bien encore la beauté acoustique de « Pallar Anders Visa », on ne peut que s’agenouiller devant tant de talent.
Un coup aux paroles confirme que ce groupe est définitivement grand, chaque ligne étant sujette à diverses interprétations que chacun pourra rattacher à son expérience personnelle. Anders a écrit ici quelques unes de ses meilleures paroles, notamment ce passage sur « Resin » (MA chanson culte sur cet album) : « One night is a mare, two is worse, how can I manage three ? ». Chacun se fera sa propre opinion, mais quand à moi je trouve ça magnifique.
Alors cet album est t-il parfait ? Et bien non, car la perfection n‘existe pas en ce bas monde. Outre cette phrase joliment tournée (n’est-ce pas), il y a deux choses qui ne valent à « Colony » qu’un 19 sur 20 : tout d’abord, pourquoi la reprise de « Behind Space » ne comporte t-elle pas la magnifique partie acoustique présente sur l’originale ? Seconde réclamation, l’album se conclut malheureusement un peu brusquement à la fin de « The New Word », étant donné l’ampleur qu’à cet album pour moi, j’aurais bien aimé avoir une outro à la
« Whoracle » pour conclure un tel chef d’œuvre.
Si l’on occulte ces deux points somme toute mineurs, on tient ici l’un des tous meilleurs disques de métal tous styles confondus (à mon humble avis bien entendu), qui me fout toujours une baffe énorme à chaque écoute. A notez que l’édition japonaise comprend une reprise de « Clad in Shadows » de la teneur de « Behind Space » (c'est-à-dire excellente et supérieure en tous points à l’original, si ce n’est toujours ce passage acoustique grrr *oui je sais je rabaches*) et surtout un instrumental électrique de 4 minutes intitulé « Man Made God » et qui….impossible de décrire une telle merveille. Voilà, fin de la chronique, j’espères que je n’ai pas fait trop long, merci de votre attention.
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