Chroniquer un album d'In Flames plus de quinze jours après sa sortie relève d'une action pour l'honneur car 1) il existe déjà des dizaines de chroniques sur le web (que je n'ai pas lues) et 2) ceux que ça intéresse l'écoutent déjà depuis bien trois ou quatre semaines, laps de temps très largement suffisant pour cerner une production actuelle des Suédois. Toutefois, il fallait que je vous parle d'une chose. Je ne devrais pas vous le dire mais une personne importante de Thrashocore aime beaucoup cet album. Ne pouvant assumer cette déviance, ce fan inconditionnel de la défunte scène de Göteborg, de The Haunted et autres Hypocrisy n'a pas souhaité s'exprimer à travers une chronique que je lui aurais volontiers cédé. Peut-on le juger pour ce penchant ? Le monde acceptera-t-il un jour les relations entre individus du même type ? Ce sera à l'histoire d'en décider. En ce qui me concerne, je n'aurais qu'une chose à lui dire : "Ô bienfaiteur du plus fantastique webzine du monde, tu n'es pas seul !". Enfin pas de quoi repeupler une planète non plus, hein ?
Dommage car un avis positif aurait sans doute donné un peu plus de valeur à cette bafouille qui, en l'état actuel des choses, ira simplement se ranger derrière la quantité astronomique d'avis plus ou moins négatifs. Je ne vous ferai pas l'affront de ressasser le passé, je n'en suis plus là : In Flames est un groupe en pleine mutation depuis
"Reroute to Remain", évoluant tranquillement années après années jusqu'à l'accélération prévisible il y a 3 ans avec le départ de Jesper Strömblad. Au même titre qu'Opeth est Mikael Akerfledt ou Porcupine Tree est Steven Wilson, In Flames est désormais Anders Friden et ça ne changera probablement plus, à l'image de cette direction musicale lorgnant de plus en plus vers un metal alternatif FM comme l'Amérique en a le secret. Le groupe assume malgré tout. On pourrait même se demander si ce titre n'est pas une provocation à l'encontre de toutes celles et ceux qui pensent que leur combo a depuis longtemps succombé aux charmes des sirènes.
Déjà très controversé,
"Sounds of a Playground Fading" restait pour moi dans la veine de
"A Sense of Purpose" qui n'était pas si loin non plus de
"Come Clarity". Toujours plus de chant clair, de refrains bateaux, d'électronique, mais encore cet arrière goût de Suède dans les mélodies et quelques bons titres qui sauvent la mise ("Fear Is The Weakness", "Darker Times"). "Siren Charms", c'est une autre histoire. Après des années de lutte, les guitares ont finalement rendu les armes, totalement asservies par le chant qui devient l'élément central. A l'exception de quelques élans de bravoure soloistiques salutaires, tout ici est fait pour le laisser s'exprimer de toutes les manières possibles (et surtout en clair), un pari logique dans leur évolution qui n'en demeure pas moins hasardeux. Si je suis loin de détester sa voix, je ne lui trouve pas pour autant assez de charisme pour porter un album. Attendez-vous à un trombinoscope de toutes les humeurs du monsieur : le Anders faché, le Anders motivé, le Anders espiègle, le Anders triste, le Anders pleurnichard... Ne soyez pas étonné de trouver qu'il en fait parfois trop. Entre rock et metal, les titres font donc le yoyo en alternant puissance et mélo, mettant le paquet sur "Everything's Gone" ou tentant la ballade intégrale avec "Through Oblivion", le principal se trouvant évidemment entre les deux (tiédasse quoi). L'homme est bien sûr accompagné de ses Fridettes qui s'adaptent un peu comme ces écrans qui font de la couleur sur le mur en fonction de ce que vous regardez. Alors que Gelotte et Engelin tentent encore d'exister, aucun changement n'est à signaler à la section rythmique où les larbins Svensson et Iwers continuent de cultiver leur transparence.
Que l'on aime ou pas, il y a du travail, c'est indéniable. "Siren Charms" est un album soigné jusque dans ses moindres détails, fourmillant d'arrangements en tous genres et surtout d'électronique que le groupe maîtrise à merveille. L'ensemble dégage une atmosphère froide et futuriste crédible qui fait office de fil conducteur dans ce patchwork assez hétérogène de compositions. Malheureusement, c'est à peu près la seule chose que j'en ai retenu. A l'instar du précédent album, les passages violents groovent dans le vide ("Everything's Gone", "When the World Explodes"), la qualité de certains refrains laisse perplexe ("Dead Eyes", "Monsters in the Ballroom", sérieux ?) et globalement l'ensemble reste désespérément prévisible, ce qui d'ailleurs n'est pas si mal si par surprise on pense à l'affreuse intégration de chant féminin sur "When the World Explodes". Pour autant, cette cuvée 2014 n'est pas mauvaise. "Siren Charms" s'écoute sans mal et quelques titres sortent même du lot tels que l'ouverture velue "In Plain View", les efficaces "With Eyes Wide Open" et "Siren Charms" ou le rock'n roll "Filtered Truth". Mais leur musique ne me provoque absolument plus rien là où
"Sounds of a Playground Fading" me mettait encore la banane. Peut-être trop formaté, trop calculé, un manque de passion et de folie compensé par un professionnalisme exacerbé qui sonne creux, d'où cette note qui peut paraître sévère. Pas vraiment une déception pour ma part puisque cela fait un moment que je n'attends plus rien d'In Flames. En fait, je suis juste content de terminer cette chronique pour pouvoir passer à autre chose.
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