2012 prend une tournure similaire à 2011 en ce qui concerne le thrash. Soit un bilan famélique qui tendrait à faire penser que la scène revival arrive à bout de souffle. Car mis à part Hexen, Deathhammer et en plus extrême Desaster, je n'ai pas réussi à mettre les oreilles sur une sortie de gros calibre, en attendant de me procurer le nouveau Kreator dans l'espoir qu'il soit plus inspiré que le décevant
Hordes Of Chaos. Dew-Scented allait-il changer la donne?
Malgré mon affection particulière pour les Allemands datant du génial
Impact, j'avais fait l'impasse sur leur dernière production
Invocation sur laquelle mon collègue sudiste avait tiré à boulets rouges. Mon dernier contact avec les Teutons datait donc du très bon
Incinerate en 2007 qui remontait le niveau après un
Issue VI un peu décevant. Il était donc temps de retrouver un vieil amour de jeunesse avec le neuvième album de la bande, le deuxième pour Metal Blade depuis son transfert de Nuclear Blast, baptisé
Icarus pour continuer la tradition des titres en "I". Malheureusement, les retrouvailles ne se sont pas passées comme prévu. D'un point de vue humain déjà, le line-up a été presque totalement remanié, comme sur
Invocation. Leif Jensen, seul survivant de l'entité originelle de 1992, a fait appel pour ce nouveau brûlot à deux membres des obscurs I Chaos: Joost Van Der Graaf (ex-Sinister) à la basse et Koen Herfst à la batterie (Rory Hansen du même groupe suivra plus tard à la seconde guitare). Pour tenir la guitare, c'est un ancien membre live et studio qui a obtenu le poste puisqu'il s'agit du guitariste de Severe Torture Martin Vriesde. La vraie déception toutefois concerne la musique, loin de mes attentes.
Pourtant, rien n'a vraiment changé malgré les changements de personnel, à l'image d'une pochette post-apocalyptique très proche de l'opus précédent. Dew-Scented continue à faire du Dew-Scented, c'est-à-dire du thrash metal puissant, moderne mais pas trop, faisant la part belle au tchouka-tchouka mais qui ne se gêne pas pour se faire plus death par moment par le biais de riffs plus sombres ou plus techniques, voire quelques blast-beats. Si évolution il y a, je dirais que la propension du combo à bourrer s'est un peu calmée (du blast surtout sur "The Fall Of Man") et que
Icarus prend des accents hardcore plus prononcés. Non seulement avec la voix de Leif Jensen, toujours aussi arrachée (sans le coffre d'antan toutefois) mais aussi sur quelques passages moshés pas indispensables ("Storm Within", "Perpetuated"). De manière générale cependant, c'est surtout l'inspiration en berne qui déçoit.
Tout avait pourtant bien commencé. "Hubris" ouvre l'album sur une petite mélodie calme que n'aurait pas renié Machine Head avant de brancher les guitares et de sortir un riff chargé sur une lead mélodique bien fichue. Et Dew-Scented d'enchaîner sur "Sworn To Obey", grosse tuerie thrash slayerienne, et "Thrown To The Lions" et son accélération death metal jouissive. Voilà de loin les deux meilleurs titres de l'œuvre, le groupe s'amusant ensuite à faire le yoyo entre morceaux sympathiques et compositions insipides. Ça se gate dès "Storm Within", titre mid-tempo qui ne décolle jamais malgré un feeling mélodique correct. "Gleaming Like Silver" remonte ensuite légèrement le niveau avec du recyclage de riff de Severe Torture (Martin Vriesde oblige). Mais c'est surtout sur "By My Own Hand" et "The Fall Of Man" que
Icarus va reprendre des couleurs grâce à du tchouka-tchouka en pagaille, des riffs plus inspirés et de bons solos mélodiques, une des bonnes habitudes du disque (Dennis Schneider en guest sur "The Fall Of Man" et "Perpetuated"). On a même le droit à de gros blasts des familles sur "The Fall Of Man". Enfin j'ai envie de dire car on n'en avait eu que quelques traces sur "Sworn To Obey". L'album finit ensuite sur quatre titres allant du médiocre (la mollassonne "Reawakening" pas même sauvée par un caméo vocal de Dan Swanö) au naze (la soporifique "A Final Procession") en passant par le correct sans plus ("Destined To Collapse") et l'acceptable (le final expéditif "Perpetuated").
Icarus n'est pas un mauvais album. Il est même plutôt impressionnant de voir que les ravalements de façade successifs n'ont pas entamé l'envie d'un groupe qui fête cette année ses vingt ans d'existence, porté par l'indétrônable Leif Jensen reconnaissable entre mille. Mais il paraît clair que le meilleur des Teutons est désormais derrière eux.
Icarus, dont l'écoute n'est pas un calvaire et qui a même ses bons moments, n'est ainsi qu'un album de plus dans la discographie de Dew-Scented. Un album anecdotique à côté de ses œuvres majeures
Inwards et
Impact. Si l'envie est bien là, l'inspiration joue elle à cache-cache et ce n'est donc pas
Icarus qui fera de 2012 une année thrash. Il faudra chercher ailleurs...
6 COMMENTAIRE(S)
13/08/2012 18:35
09/08/2012 22:28
03/08/2012 21:30
Par contre je ne trouve pas l'année 2012 si catastrophique que ça en Thrash, grâce notamment à la triplette Overkill / Kreator / Testament, et comme tu le dis l'excellent Hexen.
03/08/2012 20:53
Anecdotique, pas ma tasse de bière quoi !!
03/08/2012 20:07
03/08/2012 18:54