Chroniquer du Sigh me provoque toujours une certaine crainte.
C'est vrai, les japonais loufoques sont des pénibles car ils mettent dans leurs œuvres tellement de choses qu'il est excessivement simple d'en oublier au passage. Bien décrire du Sigh est un travail qui me donne franchement des boutons. Entre les passages jazzy, les ambiances de clubs miteux, les solis heavy, la double voix harsh/growl et les orchestrations à la Dragonquest, je me demande toujours si je n'ai pas oublié une autre facette musicale.
Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, le groupe de Mirai Kawashima s'est forgé chez moi une place d’honneur grâce à sa triplette magique « Hail Horror Hail / Scenario IV / Imaginary Sonicscape » mais aussi via l'excellent « Infidel Art » un peu trop souvent oublié. Mais bon, ne nous mentons pas, Sigh s'est également loupé sur certains disques : un « Gallows Gallery » qui donne une vague sensation de n'avoir pas été poussé jusqu'à un résultat maximal, un « Hangmann's Hymns » un peu facile ou un
« Scenes From Hell » certes mieux réussi que les deux autres, mais globalement en dessous de ce que le groupe à pu faire.
C'est donc avec une certaine crainte que j'attendais le Sigh cuvée 2012, autrement dénommé « In Somniphobia ». La peur du sommeil, c'est bien beau mais concrètement c'est quoi ? Ne pas dormir parce qu'on écoute Sigh en boucle ou ne pas dormir parce que le disque est tellement mauvais qu'on en ferait des cauchemars ? L'artwork avait de quoi être intrigant, et surtout sans aucun rapport avec le titre du disque. Une sorte de Reine d'Angleterre poussant un chariot de fœtus morts ?!? Par ailleurs, le layout intérieur est tout aussi bizarre puisqu'il nous offre des peintures à l'huile d'un poisson (une sardine à l'huile ? Voilà, voilà...) ou d'une jeune femme nue... Comme d'habitude il est assez difficile de savoir exactement où veut nous emmener Sigh, mais bon la musique fera le reste, du moins peut-on l'espérer...
« Purgatorium » le premier titre de l'opus, fait une entrée en matière très attendue pour qui connaît et aime le combo Japonais. On y retrouver les guitares épico-heavy-thrash-black de Shinichi, le saxo et les growls de Dr. Mikannibal et les parties instrumentales de Mirai. En fait, la première chose qui frappe, c'est que l'on est absolument pas surpris... D'habitude, dès lors qu'on démarre un disque du groupe, on est frappés par quelque chose d'assez inattendu... Mais là, rien, queudale, Peanuts, nada, le vide intersidéral... « In somniphobia » démarre comme un fondant au chocolat sans le bout de chocolat fondu. : le look d'un Sigh, le riffing d'un Sigh, mais sans la substantifique moelle qui fait que Sigh est Sigh. En trois mots, ça fait chier. En plus de ça, ce n'est pas le deuxième titre qui va remonter le niveau puisque même s'il bénéficie d'un bon passage de saxophone, on ne remarque rien de bien folichon.
Cependant, et c'est d'ailleurs écrit dans le livret, il y a dans ce disque un long morceau découpé en plusieurs (de la piste 3 à la piste 9) qui constitue vraisemblablement le cœur de cet opus. En effet, on ne sait pas trop comment ni pourquoi, mais toujours est-t-il que la flamme se rallume dès le premier morceau de cette longue piste, intitulé « Somniphobia ». Voici un excellent titre qui combine une ambiance excellente à des passages fêlés du meilleur effet, le tout montant comme les blancs en neige dans le fondant au chocolat. La sauce prend et la fin du titre sonne d'une manière majestueuse au possible. Par ailleurs, après une petite pause constituée de séquences d'encéphalogramme qui « bipe », la belle lancée continue puisque « L'excommunication à minuit » enchaîne de plus belle avec d'excellents arrangements et une énergie qui nous rappelle pourquoi on aime le groupe. Pas la peine de vous faire un dessin, le titre-concept du groupe est le point culminant du groupe sur cette galette, avec quelques pics comme sur « Amnesia » et quelques moins comme« Far beneath the In-Between », mais en gros on reste sur un moment de très bonne facture.
Le problème c'est qu'après ce titre fleuve, on se retrouve avec deux compositions en bonus qui sont dans la lignée des deux premières, c'est-à-dire très moyennes. Du coup, comme vous vous en doutez sûrement, l'album prend un sacré coup au niveau de la cohérence. On a l'impression d'avoir un long titre qui fait office de mini-album avorté couplé à quatre pistes totalement hors-sujet. Le groupe avait-t-il besoin de se rassurer en pondant des morceaux faciles pour agrémenter son long morceau conceptuel ? Peut-être bien, mais le fait est que le tout sonne un peu comme du gâchis. Pour faire simple, on prend quand même du plaisir à l'écoute, mais on se dit que la bande à Mirai aurait pu faire tellement mieux que l'on sort quand même avec un sentiment de déception.
Un mot quand même sur la production, même si il n'y a pas grand chose à dire... Elle met bien les instruments en valeur et c'est le principal, même si on aurait aimé un peu plus de personnalité. « In Somniphobia » est donc un de ces disques ou l'excellent côtoie le médiocre, ce qui est finalement le problème de Sigh depuis quelques albums maintenant. Un disque inégal à réserver aux amateurs du groupe, mais à déconseiller aux novices qui feront mieux de se pencher sur les productions plus anciennes.
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