Oui, je suis un grand fana de Sigh depuis leurs débuts. D'ailleurs, au vu des notes que j'ai collé aux vieilles sorties du groupe, je pense que ça se voit. Pas la peine de vous la faire une nouvelle fois en introduction, j'adore l'univers développé par Mirai et ses compères. Seulement, dans le Black Metal, c'est comme en Lorraine, il ne fait pas beau pendant toute l'année, et encore moins pendant toute la vie. C'est donc comme ça que j'ai lâché Sigh, après un « Gallows Gallery » à mon sens bâclé et un « Hangmann's Hymn » décidément bien trop facile pour me séduire sur le long terme... Seulement, le temps passe et quand un groupe vous apporte autant que Sigh m'a apporté, vient forcément le moment ou vous allez retenter le coup avec les albums que vous avez dénigrés dans l'espoir que la petite étincelle se produise...
« In Somniphobia » avait certes retenu mon attention à sa sortie, sans pour autant la marquer au fer rouge, la faute aux quelques titres un peu clichés qui s'incrustaient dans l'opus. Et c'est donc sans grande conviction que je me lançais dans l'écoute d'un « Scenes From Hell » que j'avais volontairement occulté, peut-être à tort puisqu'il s'avère être le meilleur disque des japonais post-
« Imaginary Sonicscape ». Les témoignages faisant office d'un retour à une production plus rude n'était pas pour me déplaire et j'imaginais déjà Sigh retrouvant sa hargne et flirtant avec le son rétro de ses jeunes années. Au final, le rendu est résolument coincé entre une batterie et des claviers résolument modernes et un petit grain de saleté dans les guitares. Soit, pourquoi pas... Depuis le temps que ce bon vieux Kawashima est dans le business, il doit sûrement savoir quelle production donner au disque pour que ce dernier vive dans son ambiance. Je choisis donc d'accepté ce parti pris ni trop sale, ni trop propre en me disant que ça servira probablement l'intérêt des compositions.
Ici, le ton est clairement guerrier, comme peuvent en témoigner les trompettes et les sirènes militaires qui ornent « The Red Funeral ». D'ailleurs, tout ceci se confirme avec le travail visuel oscillant entre scènes de mort (la pochette) et para-boots peintes sur le CD. Un layout qui n'offre pas le choc de certaines productions mais bon, c'est globalement bien foutu... D'ailleurs on notera également les tonalités ultra-épiques de compositions de cet album qui décidément en foutent plein la vue, parfois même un peu trop... « Prelude to the Oracle » par exemple, en fait à mon sens un poil trop dans l'utilisation des claviers, rappelant le mauvais dans « Hangmann's Hymn » ou dans
« In Somniphobia ». Quelques fautes de goût se matérialisant par une orchestration grandiloquente et un peu « à la vas-y que je te pousse » donc, qui cependant n’entament pas tant que ça la qualité globale de la chose...
Ce qu'on regrette amèrement par contre, ce sont les pétages de plombs à l'ancienne qui manquent cruellement au Sigh actuel. Où sont les fanfares, les valses, les flûtiaux, les passages à moitié reggae qui égayaient les écoutes des disques plus anciens ? Mystère et boules de gomme, comme dirait l'autre. Il semble que Mirai ait totalement occulté cette face de son projet pour mon plus grand désarroi... Alors certes on retrouves quelques fantaisies comme dans certains passages (une marche militaire par-ci, quelques voix distordues par là, deux ou trois mélodies étranges au piano – le très bon break de « The Summer Funeral » par exemple ou quelques instants dans « Musica In Tempora Belli », de loin la piste la plus folle...) mais rien d'aussi trippé qu'auparavant. Moins jeune et fou, Sigh vieillit et s'assagit dans cet opus qui privilégie l'aspect rentre-dedans et couillu aux passages délirants sous acides.
Malgré ces déceptions qui frapperont automatiquement l'amateur des albums précédents, « Scenes From Hell » s'en tire quand même avec un sentiment final plutôt positif. Là où les deux disques précédent semblaient soit bourriner dans le vide, soit manquer de travail, celui-ci a du fond. Rien à dire, le fil conducteur est suivi, l'ambiance se lie bien dans chaque piste et rien ne viendra troubler la cohérence de l'opus. De plus, certaines chansons ont le mérite d'être bien réussies au niveau des émotions et l'on est parfois emportés (je cite à nouveau « The Summer Funeral », meilleur titre de la galette...). Même si on se fait parfois un peu chier sur le disque – surtout sur les titres du début, à mon sens-, le tout s'apprécie comme une cuvée tout à fait correcte de nos japonais.
Si vous étiez rebutés par la folie douce des premiers disques ou par leurs sonorités trop cheap et farfelues, « Scenes from hell » est fait pour vous. Sigh a modifié son style au fur et à mesure du temps qui passe en mettant l'accent sur efficacité et l’aspect épique et s'est attiré un nouveau public qui apprécie leur style actuel. Néanmoins, si vous êtes plutôt amateur des vieilles sorties, « Scenes From Hell » vous décevra forcément un peu. Cependant, passé ce cap, l'album vous apparaîtra comme une production de qualité, surpassant par sa cohérence et son concept les autres albums récents de nos japonais.
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