On trouve tout un tas de trucs marrants sur internet, et il n'y a même pas besoin de chercher longtemps pour ça, il suffit de taper The Monolith Deathcult dans youtube et de cliquer sur le cinquième lien pour un fou-rire instantané garanti. Essayez donc, chez-vous. C'est fait ? Voilà, normalement là tout de suite, vous rigolez encore, mais vous vous sentez un peu sale, et il vous faut quelque chose pour oublier ce que vous venez d'entendre, alors imaginez-vous ce que je me suis infligé en écoutant l'album en entier. Plusieurs fois d'affilée. Mon premier réflexe aura été de ressortir l'excellent
The White Crematorium, mais même là j'avais du mal à ne pas chanter « Ho-Chi-Min-Oh-Oh » sous ma douche dans un rictus dément, il m'a donc fallu exorciser les démons du TMDC nouveau dans son premier album,
The Apotheosis sans doute plus brutal de tous même si son riffing ne tient pas tout à fait la comparaison avec son encore meilleur successeur. Sorti fin 2003, en pleine période d'effervescence du death aux Pays-Bas, le premier album de The Monolith Deathcult a su convaincre la critique, qui émettait toutefois quelques réserves sur la trop grande ressemblance du style de leur style avec celui de Nile, et des paroles pour le moins sujettes à controverse. Une influence que revendique le quatuor originel du groupe, en particulier Michiel Dekker dont l'éloquence en fit le chargé de communication, et qui ne tarda pas à surprendre son monde en citant comme principales influences My Dying Bride, Cradle of Filth, Slipknot, Nile, Cannibal Corpse, Type O Negative et Slayer. Comment, avec des influences si hétérogènes, ce jeune homme d'alors 24 ans, qui ne connaissait Immolation et Malevolent Creation que de nom, a pu avec ses comparses fonder ce qui allait être pour quelques années l'un des groupes de brutal death les plus en vue d'Europe, demeure un mystère. Au moins ce
The Apotheosis avait-il pour but avoué de faire un death metal à la fois brutal, rapide, et axé sur une utilisation différenciée des deux guitares, à la manière d'un Nile, car, je le cite : « le reste [de la scène death hollandaise] sonne comme Morbid Angel ou Cannibal Corpse ». Il faut croire qu'il ne connaissait pas non plus Centurian.
Malgré toutes ces influences en dehors du metal extrême,
The Apotheosis demeure encore à ce jour l'album le plus brutal du groupe, devant même un
The White Crematorium qui jouera bien plus sur le contraste entre lourdeur et accélérations épiques que sur une recherche de la brutalité constante. De loin l'album plus classique des Bataves, ce premier essai n'en demeure pas moins un modèle de sobriété et de goût, manquant certes un peu d'originalité aujourd'hui mais qui fut, aux côtés de Myrkskog, l'un des pionniers du « brutal death à la Nile », genre qui fera bien des émules quelques années plus tard. Et si la filiation saute aux oreilles, je ne peux que me désolidariser de ceux qui pensent que l'on est ici à la limite du plagiat : The Monolith Deathcult semblait avoir trouvé sa voix dans un riffing à la fois simple et linéaire, là où Nile marquerait un virage plus technique avec
In Their Darkened Shrines. TMDC n'a jamais complètement marché dans les pas des Américains, peut être encore plus à l'époque qu'aujourd'hui, alors qu'on retrouve désormais des orchestrations grandiloquentes et une utilisation fréquente du mineur harmonique, ce qui là encore est assez courant dans le brutal death actuel. Sans pratiquement aucune incursion dans le registre moderne, hormis sur « The Malleus Maleficarum Manuscript »,
The Apotheosis n'hésite pas pour autant à se laisser un peu de répit, comme avec le début catchy ou le court riff à 1:20 de « The Forest Of Flesh », tout deux très bien maîtrisés, et parfaitement intégrés à la dynamique des titres grâce à des transitions qui permettent aux compositions de regagner tout leur impact quelques mesures plus tard. Pas de doute, les Bataves avaient parfaitement assimilé les codes d'un style dont le public allait les accueillir à bras ouverts.
Très bien accueilli par la presse et les amateurs de brutal death il y a dix ans grâce une production correcte, un bon plan de communication et un riffing ne souffrant que peu de critiques, ce premier album demeure encore aujourd'hui non seulement fréquentable mais également pertinent, tel le vestige d'une époque pas si lointaine où le genre savait repousser ses propres limites sans avoir besoin de recourir à des influences extérieures. Difficile de ne pas hurler « desecrate the black stone » en chœur sur le septième titre, ou de ne pas ressentir l'impact du riff estampillé TMDC sur le semi-fade-out de « Arena of Death (Colosseum Carnage) », qui clôt ce
The Apotheosis de fort belle manière. Tous les riffs font mouche grâce à la progression maîtrisée des compositions, et il est impossible de rester insensible à l'attrait du mur de blasts systématique qui parcourt chacun de ces neuf titres, ou à la justesse d'un placement vocal d'aussi grande qualité que le growl soyeux du duo Dekker/Kok. Certes, les esprits chagrins y trouveront des redondances, sans que l'on puisse s'en offusquer outre mesure, et l'on peut aisément trouver quelques défauts à ce premier essai, comme ce riff un peu trop facile à 1:40 sur « The Malleus Maleficarum Manuscript », qui heureusement évoluera suffisamment bien pour qu'on ne lui en tienne pas rigueur. Il sera assez aisé de repérer quelques passages moins marquants que le reste de l'album, mais le pinacle du perfectible interviendra de 0;20 à 0:30 sur « The Deserved Reputation of Cruelty », et reviendra en plus pénible de 1:00 à 1:20, faisant de ce titre le plus faible de l'album. Dommage, les passages lourds qui lui succèdent étaient bien mieux réussis, mais là encore, même ce titre imparfait s'en tire avec les honneurs grâce à de très bonnes accélérations.
Même l'ambiance très réussie du titre éponyme, avec son discret lead de guitare perdu dans les recoins d'un clavier et d'une voix qui semble rebondir grâce à un léger écho, viendra démontrer la maîtrise des Bataves dans un registre plus posé. La plus grosse critique à l'égard de
The Apotheosis n'a pu se faire qu'à l'aulne de son successeur, dont il manque des accents épiques et mélodiques que The Monolith Deathcult ne parviendra à maîtriser que le temps d'un album. Il lui manque des tubes comme « Army Of The Despised » (clairement le meilleur titre de TMDC) ou « Origin », qui allient encore mieux la brutalité et un certain sens de la mélodie qu'un « Desecration Of The Black Stone ». Un très bon premier jet à tous les égards pour un groupe qui était clairement promis à un bel avenir.
Le très bon
The Splendour Of The Repellant des méconnus Allemands de Thornesbreed, sorti dix-sept jours après
The Apotheosis, possède un certain mimétisme avec les deux premiers TMDC, et tient même la dragée haute au premier album des Bataves grâce à un riffing plus épique qui fera justement la supériorité de son successeur. Les similitudes entre les deux groupes sont telles qu'un
« Wand`ring Through The Ashes of Thine » aurait presque pu paraître sur
The White Crematorium. alors qu'il n'est pas facile de se hisser à la hauteur d'un des meilleurs albums de brutal death jamais sorti en Europe – le meilleur demeurant définitivement
Liber Zar-Zax de leurs compatriotes de Centurian. Pourtant, le second album des Bataves sera celui de tous les contrastes, les trente premières secondes de « 7 Months Of Suffering » étant plus mauvaises que n'importe quel moment de
The Apotheosis, alors que son riff ultra-épique surpasse n'importe quel instant de ce premier jet. Indéniablement plus moderne, mais mieux produit et maîtrisé de bout en bout, le crématoire blanc fera encore enrager ceux qui n'adhèrent pas à la provocation constante de The Monolith Deathcult, tout en emportant l'adhésion de ceux qui ne s'intéressaient qu'à la musique. Il est vrai que leur communication outrageusement provocatrice et leurs paroles tendancieuses ont pu choquer les gauchistes, les biens pensants et les droits-de-l'hommistes, qui bien généralement sont les mêmes (cette chronique est sponsorisée par Eric Zemmour). Ainsi l'excellent « Cathedral Of Corpses », sobrement sous-titré « Slayer Of Jihad » raconte la victoire de Vlad Tepes contre l'invasion ottomane, qui est d'une véracité historique certaine – l'histoire étant une des passions de Dekker, qui l'enseigne au lycée – mais qui sous la plume de The Monolith Deathcult peut parfaitement s'interpréter de manière contemporaine (c'est d'autant plus vrai sur « Desecration Of The Black Stone »). L'ambivalence volontaire aura tôt fait d'avoir été interprétée comme la volonté de démontrer que l'Islam n'est pas soluble dans notre modèle occidental, avant que le groupe n'enfonce le clou en critiquant ouvertement cette religion lors de ses premières interviews. De la à dire qu'ils voulaient également faire l'expérience de savoir si les musulmans sont solubles dans l'acide, il n'y a qu'un pas que je me garderai bien de franchir, je ne suis pas partisan des procès d'intention. Ni partisan tout court, d'ailleurs.
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