[ A propos de cette chronique ] Dire que je l'attendais de pied ferme serait un euphémisme. Depuis leur quasi-parfait
"Noontide", sorti en 2003, le duo Fanisk était passé en silence radio quasi-total. Hormis les quelques sorties solo d'Eldrig (finalement très proches du style Fanisk, un Black Metal grandiose et lumineux), aucune nouvelle quant à un éventuel futur album. L'annonce de la sortie de "Insularum", dix ans après leur coup de maître, ne pouvait que me mettre en joie. Et pourtant...
Pourtant, j'aurais du sentir le foutage de gueule pointer le bout de son nez à la vue de l'objet, simple digipack à volets à l'artwork abominable et aux textes illisibles -qui, définitivement, ne valait pas son prix. J'aurais du me méfier en voyant les trois seuls titres composant la tracklist, pour une durée avoisinant les cinquante minutes. Mais non, en véritable fanatique du groupe, j'ai foncé tête baissée dans le piège.
La superbe qui animait
"Noontide" et ses compositions presque wagnériennes laisse place à une belle façade en plastique, toute lisse - et surtout très pauvre. Là ou les compositions du précédent album brillaient par une belle variété, de grandes cassures de rythme et une utilisation judicieuse des claviers, "Insularum" en fait des caisses et sombre dans la facilité, le minimalisme à outrance.
Le son est certes excellent, la boîte à rythme en carton pâte laisse place à un son bien plus organique et mieux mixé à l'ensemble. Le son des guitares a également bien évolué, passant du tremolo-picking grésillant à un mur beaucoup plus compact - et du coup bien moins intéressant. Ce qui faisait tout le sel de Fanisk était, justement, ce son approximatif, ces claviers parfois un peu kitsch mais bien placés, et ces voix mixées très en retrait. Dans "Insularum", c'est la débauche : le clavier est tellement présent qu'il en devient indigeste.
Tout partait pourtant relativement bien. Le premier titre, "Departure Rose Golden", démarrant sur un sample de Klaus Kinski, est agréable à défaut d'être transcendant, avant d'être pris en flagrant délit de remplissage éhonté : étirer un même riff, une même ligne de clavier sur un pattern à la double-pédale pendant plus de trois minutes, ce n'est pas vraiment ce qu'on peut attendre d'un album qui aura mis dix ans à voir le jour.
Remplissage encore plus flagrant sur le second titre qui, lui, ne sert strictement à rien. "Enantiodromia' remporte la palme : pendant les dix (!) premières minutes, l'auditeur n'assiste à rien d'autre qu'à une succession de crescendo clavier/guitares sans aucun rythme, quelques courtes explosions de voix ridicules, un clavier sorti d'un vieux film de science-fiction (qui n'a rien à faire ici), des choeurs bouddhistes, avant que le titre ne démarre réellement - et encore, sur une rythmique pénible et plombée.
Mais là ou le groupe fait encore plus fort dans la fainéantise, c'est qu'il reprend presque à la note près le même schéma mélodique de "Departure Rose Golden" sur "Arrival Lotus Black" ! Au final, l'auditeur aura la désagréable impression d'écouter le même titre sans réelles variations, tant tout se fait répétitif et poussif. On notera quand même, sur ce dernier titre, quelques (discrètes) cassures de rythme bien senties, qui n'égaleront cependant pas celles de leur précédent chef-d'oeuvre.
L'art solaire de
"Noontide" laisse donc place à un Black Metal en plastique, boursouflé et prétentieux, répétitif au possible, avec quelques relents psychédéliques des plus agaçants. Les riffs dantesques des débuts et les incursions martiales de "Die and Become" ont complètement disparu pour laisser place à une soupe cosmico-océanique qui ne correspond pas du tout au groupe, où du moins, à ce que l'on était en droit d'attendre de Fanisk - pourtant, quelques bonnes idées sont présentes au milieu de ce remplissage, notamment les passages acoustiques.
Après une attente aussi longue et tant de promesses non tenues, je crois qu'il est de bon ton de conclure que, définitivement, "Insularum" est une grosse déception, qui sonne le gong (ce dernier parasitant les dernières minutes de "Arrival Lotus Black") de la fin du Fanisk que nous connaissions et aimions. Dommage.
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