Mon expérience et mes débuts dans le black sont les mêmes que ceux de ma génération, c'est
CRADLE OF FILTH qui m'a ouvert les portes du genre musical. Je rappelle à chaque occasion cette anecdote qui remonte à 1996 lorsque j'étais dans un rayon hard rock d'une FNAC parisienne à compter mes sous pour savoir quand je pourrai m'offrir un album manquant de ma collection de
MANOWAR,
IRON MAIDEN,
MEGADETH ou
GWAR. Je cherchais aussi de nouvelles sensations et c'est d'ailleurs cette année-là que j'étais tombé sur
MARILYN MANSON et son
Antichrist Superstar ou encore
IN FLAMES et son
Jester Race. Je commençais à apprécier des choses plus agressives que les
SATANIC SURFERS ou
NO FUN AT ALL qui avaient fait mes plaisirs auditifs l'année précédente. Et c''est dans ce contexte, et dans cette FNAC, que j'ai découvert
CRADLE OF FILTH. Un vendeur avait eu l'idée de mettre
Dusk and her Embrace en fond sonore. Coup de foudre total et mots qui sortent tout seuls de la bouche : "C'est la musique que je cherchais !!!".
19 ans ont passé. Je suis tombé de plus en plus profondément dans la musique black, passant par toutes les étapes, par toutes les tendances, mais sans jamais renier le black symphonique. Peu de groupes actuels parviennent à me satisfaire mais je les essaie tout de même, ayant quelques rares surprises... Je n'ai donc jamais arrêté de suivre le groupe de Dani, même si des déceptions ont été au rendez-vous... C'est d'abord
Damnation and A Day (2003) qui m'avait moins charmé, débutant une triste série. J'hésitais à abandonner le groupe avec ses deux albums suivants, ceux aux titres à blagues :
Nymphetamine (2004) et
Thornography (2006) et c'est alors qu'est sorti
Godspeed on the Devil's Thunder (2008). Il remontait un peu le niveau et me convainquait de rester tout de même.
Darkly, Darkly, Venus Aversa (2010) et
The Manticore and Other Horrors (2012) allait être du même tonneau, c'est à dire avec deux ou trois morceaux me parlant, tout le reste passant vite aux "morceaux oubliés".
2015. Trois nouvelles années ont passé et une nouvelle offrande est arrivée :
Hammer of the Witches. Sa pochette est engageante, le livret tout autant. On y trouve avec le soin habituel les paroles des titres, mais aussi les photos de chacun des six membres, présentés comme à la belle époque du groupe, chacun maquillé et tenant la pose, accompagné d'une petite dénomination du style "Marthus : Thunderbolt and Lighting Blasts". Le folklore du groupe... Et la photo de groupe centrale rappelle aussi les sessions photos des 90's. Dans l'ordre d'apparition nous trouvons donc l'infatigable Dani au chant, avec cette fois-ci des cheveux qui ont repoussés (ouf ! Il ne ressemble plus à Benny Hill !!!), mais surtout avec un corpse paint ayant provoqué l'ironie des membres de
CARACH ANGREN ! "Dani, on l'a fait avant toi !" commentaient-ils sur des réseaux sociaux... Marthus est à la batterie, fidèle depuis bientôt 10 ans, ce qui fait de lui le sbire le plus ancien de la troupe. Le bassiste est Daniel Firth, qui fait donc sa deuxième apparition sur un album du groupe. Les trois autres sont des petits nouveaux : Ashok est un guitariste de République Tchèque qui a longtemps joué pour
ROOT, groupe aux influences heavy, c'est important pour la suite ! Rick Shaw est un anglais également prof de guitare. Lindsay Schoolcraft est la demoiselle de service, élément devenu obligatoire semble-t-il depuis quelques années au sein de
CRADLE OF FILTH. Claviériste, elle fait plusieurs apparitions vocales. Cette Canadienne se retrouve aussi chez
DAEDALEAN COMPLEX.
Il n'y a donc plus de Paul Allender dans les parages. Et rien que ça, moi j'ai envie de crier "Youpi" ! Sans vouloir le charger ou lui donner plus d'importance qu'il en avait, il représente un peu pour moi les malheurs de
CRADLE OF FILTH. Je l'avais élu "bouc émissaire officiel" car je trouvais que son jeu de guitare tuait l'esprit des Anglais. Cela n'avait pas été le cas sur
Midian, il était peut-être encore trop jeune dans le groupe pour être influent, mais au fil des sorties je sentais qu'il se lâchait et ses idées étaient totalement à l'opposé de ce que j'espérais ! Il partait constamment en vrille, et sa technique ne convenait pas aux ambiances que j'aimais. Son absence et le fait que l'équipe soit renouvelée dans ses grandes lignes me rendait donc d'une grande curiosité, et d'un certain optimisme. Je nourrissais quelques espoirs. Ils ont été exaucés.
La version basique de cet album contient 11 titres. Il faut compter parmi eux trois instrumentaux, l'introduction "Walpurgis Eve", l'intermède en 6ème position "The Monstrous Sabbat" et l'outro "Blooding the Hounds of Hell", tous dans l'ambiance château hanté / gothique maudit qu'on attend de la formation, joués au clavier et à la harpe pour le deuxième. Ils savent mettre dans l'ambiance, c'est une qualité que la formation n'a jamais perdu. Les 8 morceaux restants ont les durées habituelles, tournant aux alentours des 6 minutes mais voilà, BOUM, ils renouent avec le talent ! Ils m'ont presque tous convaincu, et surtout trois d'entre eux qui se savourent dès la première écoute. Cela faisait bien longtemps que la première écoute ne m'avait pas autant emballé ! On retient tout de suite l'accroche des mélodies de "Yours Immortality", "Blackest Magick in Practice" et "Right Wing of the Garden Triptych", trois morceaux qui devraient se retrouver sur les tracklists de concerts. L'efficacité est instantanée, avec l'esprit "Old
CRADLE OF FILTH" mêlé pourtant aux meilleurs éléments récents. C’est-à-dire que les compositions nous offrent vite ce que l'on attend et ne contiennent que très peu de ces parties alambiquées, faussement compliquées, faussement agressives qui me gâchaient les albums précédents. En réécoutant quelques titres des albums sortis ces 10 derniers années, je désespérais à nouveau face à cette perdition. La musique ne m'inspirait plus grand-chose depuis que Dani pensait que la violence lui convenait. Il ne sait pas vraiment la manier et ses efforts ne m'ont jamais inspiré rien de plus qu'un François Hollande faisant les yeux ronds bien colères pour tenter d'intimider Valérie Trierweiler. Ça ne fonctionnait pas.
Sur cet album, cette impression ne m'est venue qu'à deux reprises, sur "Hammer of the Witch" et sur "The Vampyre at my Side". Deux morceaux qui n'ont pas beaucoup de charisme. Le deuxième est pourtant sauvé par le guitariste inspiré par le heavy. Il pose un bon soli sur la 4ème minute, et ne se gène pas non plus pour en placer un autre à la même minute de "Enshrined in Crematoria". Il arrive à apporter son expérience et sa personnalité sans dénaturer la musique. C'est un réel plus, et on apprécie le fait qu'il n'en abuse pas.
Pour revenir aux morceaux dans leur ensemble, disons qu'ils sont à la croisée de l'album
Midian pour l'aspect mélodique, du morceau "Tragic Kingdom
" (Godspeed on the Devil's Thunder) pour les riffs percutants et de "Lilith Immaculate" (
Darkly, Darkly, Venus Aversa) pour les apparitions magistrales de chœurs et vocaux féminins, calmes ou excités. Vu que ce sont les dernières sensations fortes que j'avais eues avec
CRADLE OF FILTH c'est dire la satisfaction que m'a procurée Hammer of Witches. Sur chaque morceau on trouve un élément qui se retient, qui donne envie d'y revenir. C'est soit la simplicité, soit l'énergie, soit les ambiances bondissantes.
CRADLE OF FILTH se permet en plus quelques innovations - qui sont à vrai dire des petites idées piquées à droite ou à gauche comme le maquillage emprunté à
CARACH ANGREN... La copie n'est peut-être pas volontaire, mais on pensera à
CHTHONIC sur le très dynamique "Deflowering the Maidenhead, Displeasuring the Goddess" (juste retour des choses quand on sait l'influence qu'a été
CRADLE OF FILTH pour les Taïwanais...), à
BAL-SAGOTH sur un passage de "Yours Immortality" et même au
Satanic Pop Metal de
SEMARGL les premières secondes de "Right Wing of the Garden Triptych",
Les subtilités sont là et se découvrent peu à peu. Alors si cet album était sorti après
Midian, je vous aurais dit que les Anglais ont un peu perdu de leurs qualités et qu'ils ne parviennent pas à recréer la magie telle que sur leurs albums précédents, mais là, après 15 ans de déception ou de mini-plaisirs, je ne peux qu'apprécier et retrouver la foi. J'ai plus d'une quinzaine d'écoute au compteur, mais j'ai encore envie de l'écouter, ce qui est bien la preuve que cet album a de grosses qualités.
Dernière précision, je parlais de "version basique" car comme à son habitude
CRADLE OF FILTH a prévu des versions agrémentées de titres bonus, comme sur celle japonaise que je me suis bien évidemment procurée. On y trouve deux morceaux en plus : "King of the Woods" avec un refrain et des touches électroniques un peu faciles mais des cordes qui s'intègrent très bien au final. Et "Misericord", qui ne dépareille pas, mais ne sort pas du lot. Les bonus ne sont donc pas du tout indispensables...
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