Dave Curran, Andrew Schneider et Jim Paradise continuent en cette fin d’année 2015 leur pérégrinations en terre Noise avec la sortie du deuxième album de Pigs intitulé
Wronger. Celui-ci a la lourde tâche de succéder au très bon
You Ruin Everything qui avait fait particulièrement bonne figure lors de sa sortie en 2012, notamment face à Unsane (l’autre groupe de Dave Curran) et son
Wreck bien mollasson. Un album qui à l’inverse de ce premier témoignage surprise en avait déçu plus d’un, à commencer par votre humble scribouillard. Le trio new-yorkais était revenu en 2013 le temps d’un court EP de haute volée (
Gaffe), plutôt rassurant quant à la capacité de Pigs à créer une fois de plus de la Noise de qualité, toujours aussi nerveuse et incisive. J’étais donc plutôt impatient de découvrir ce
Wronger à l’artwork toujours très sympathique malgré une nette préférence pour ces deux clowns en bout de piste.
Malheureusement, on ne peut pas vraiment dire que ces retrouvailles ait été des plus concluantes même si le temps et les quelques écoutes que j’ai pu enchaîner m’ont tout de même permis de relativiser ce constat d’abord assez sévère. En effet, si celui-ci m’est tout d’abord apparu comme une grosse déception,
Wronger a depuis réussi à faire son petit bonhomme de chemin pour finir par prendre sa place (bien) en dessous de l’imbattable
You Ruin Everything.
Mais alors quelles sont les raisons ayant fait pointer chez moi ce sentiment de déception? La première, celle qui m’a le plus frappé lors de ma découverte de
Wronger, est probablement le côté plus légèrement pépère et moins nerveux qui se dégage de l’ensemble. Un rythme plus « posé » (davantage de mid-tempo) malgré une production toujours aussi incisive. La seconde, se révélant davantage au fil des écoutes, concerne la qualité des riffs qui malgré leurs efficacités sont globalement moins saisissants que ceux de
You Ruin Everything. Un ressenti certainement discutable et tout ce qu’il y a de plus personnel qui place néanmoins
Wronger comme un album un poils décevant d’autant plus que sur ces onze titres, trois ou quatre ont bien du mal à me passionner. Entre cette introduction un peu longuette et sans grand intérêt ("A Great Blight"), "Mope" où il ne se passe rien ou pas grand-chose, "Mouth Dump" sympathique pour son banjo mais quelque peu limité ou encore "Bug Boy" qui, malgré la présence de Julie Christmas (Made Out Of Babies, Battle Of Mice) au chant, ne provoque pas grand-chose chez moi... Bref, autant de raisons qui me font préférer son prédécesseur malgré des qualités évidentes et la présence de titres toujours aussi redoutables.
N’en doutez pas une seule seconde, Pigs reste un groupe de Noise toujours capable d’avancer de sérieux arguments. Car qu’est-ce qui a changé depuis son premier album en 2012? Pas grand-chose finalement. La production d’Andrew Schneider demeure en tout point identique avec ces guitares toujours aussi tendues et abrasives, cette basse saturée et vrombissante des plus redoutables et enfin cette batterie au groove certain. Ainsi, malgré cette baisse de régime évoquée un peu plus haut, le trio new-yorkais nous offre encore de sacrés titres à l’image des très bons "The Life In Pink", "Bet It All On Black", "Amateur Hour In Dick City", "Make Sure To Forget" ou "Donnybrook". Le trio a su conserver cette âpreté qui caractérise cette Noise urbaine, sale et toujours aussi vicieuse. Pour autant, Pigs n’est pas le parent pauvre d’un Unsane aujourd’hui en légère perte de vitesse. Bien que les deux groupes soient extrêmement proches sur le plan musical, Pigs continue de proposer une approche sensiblement plus mélodique. Un constat qui prend encore un peu plus de sens avec cet album et ses nombreuses séquences mid-tempo bien plus aérées qu’un Unsane en général plus monolithique.
Ainsi,
Wronger n’est pas forcément la suite que j’attendais. Surtout après un
You Ruin Everything encore aujourd’hui gravé dans ma mémoire. Ceci étant, il n’en reste pas moins un très bon album de Noise à la fois tendu et revanchard. Bien que Pigs s’y perd par moment avec des passages pas toujours très captivants mais dans l’ensemble, on tient là encore des titres d’exceptions capables d’allier explosivité, groove, mélodie et sournoiserie. Une Noise à la sauce New York City à la fois dure et violente et dans le cas de Pigs parfois plus subtile et surprenante. Une légère déception mais un plaisir qui reste malgré tout intact grâce à une majorité de titres toujours aussi rugueux et efficaces.
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