Pyaemia - Cerebral Cereal
Chronique
Pyaemia Cerebral Cereal
On le sait les modes se font et se défont, puis finissent par revenir en grâce un jour ou l’autre, c’est exactement ce qu’il s’est passé avec le Death-Metal qui après avoir connu la gloire jusqu’au milieu des années 90 a vu l’intérêt du public décliner progressivement à cause de disques et de groupes moins marquants, et aussi la déferlante Black qui a tout emporté sur son passage. Pourtant patiemment le style continuait dans l’ombre, n’intéressant plus qu’une petite frange de fans mais lui permettant de retrouver progressivement sa force, car la fin de la décennie et le début du millénaire vont sonner son retour au premier plan grâce à de nouvelles formations qui vont lui redonner un second souffle. Parmi celles-ci on pense aisément à FLESHTIZED, ABORTED, ANATA, REBAELLIUN, CENTURIAN mais plus rarement à PYAEMIA, pourtant les Néerlandais bien qu’oubliés aujourd’hui ont apporté leur pierre à l’édifice de reconstruction du Metal de la mort.
Car malgré une sortie en plein été 2001 ce seul et unique album du quartet va tout de suite faire l’unanimité tant le résultat est impressionnant. Il faut dire que les gars ont pris leur temps pour peaufiner leur musique, car après sa formation six ans auparavant, il faudra attendre 1998 et la sortie du très bon EP « Cranial Blowout » (qui contenait déjà cinq titres de ce futur opus) pour que ceux-ci se fassent remarquer et signent chez Unique Leader qui va leur assurer une promotion et une qualité qui seront de suite reconnus, tout en sentant bon l’influence de SUFFOCATION. En effet alors qu’à l’époque le combo de Franck Mullen est à l’arrêt les bataves ont décidé de reprendre le flambeau et les idées de celui-ci, il ne faut pas longtemps pour s’apercevoir qu’ils en ont bouffé à outrance et ils ne s’en cachent pas, mais au lieu de tomber dans la redite et le plagiat pur et simple les quatre acolytes ont quand même apporté leur touche, principalement en n’intégrant aucun solo contrairement à la paire Terence Hobbs et Doug Cerrito. Cependant si l’absence de parties lead peut souvent créer un mur sonore difficilement pénétrable et redondant sur la durée, ici il n’en est rien ce qui est d’autant plus remarquable malgré le genre pratiqué. Mais la force des gars est qu’ils ont eu la bonne idée de ne pas faire durer les hostilités trop longtemps puis que tout est plié en un peu moins d’une demi-heure et ceci ne fait que renforcer la cohésion musicale de l’ensemble.
Ce point était déjà visible dans leur EP, du coup pour ne pas prendre de risques les gars ont décidé de réenregistrer l’intégralité de celui-ci avec un son plus adéquat et d’y adjoindre quatre nouvelles compositions tout aussi pointues et ravageuses, le tout mis en lumière par une production imparable, qui sonne très naturelle et chaude mais qui permet de bien distinguer l’ensemble des instruments, principalement la batterie et le boulot impressionnant de Robbert Vrijenhoek (ex-DISAVOWED) qui alterne sans difficultés jeu aux pieds hyper technique et rapide, blasts fulgurants et passages plus travaillés et remuants … tout en faisant penser à ce que produisait Mike Smith à sa grande époque, et qui se met au diapason de ses petits camarades de jeu. Anton et Joel sont d’une précision millimétrique avec leurs guitares, le chant de ce dernier se faisant lugubre et puissant tout en conservant un timbre classique et qui fait le boulot sans difficultés, tout comme Frank dont la basse vrombissante apporte de la lourdeur supplémentaire sans être trop présente. Oscillants entre brutalité extrême et lourdeur massive, sans oublier une bosse dose de groove, les compositions nous offrent une grande diversité musicale, car si le morceau-titre ou « Cranial Blowout » nous montrent la facette la plus agressive et extrême de la bande, « Everlasting Torture » sait lui ralentir le tempo pour se faire plus lent tout en offrant de nombreuses variations, à l’instar du monstrueux « Blood Spewed On My Face » où les breaks et cassures font furieusement mal mais on en redemande.
Autant dire qu’il n’y a rien à jeter sur cette galette qui se déguste de la première à la dernière seconde et qui pensait-on ouvrait une voie royale à ses géniteurs, ce qui ne sera hélas pas le cas. La faute à des soucis de poignet chez son frappeur qui vont le contraindre dans un premier temps à devoir arrêter provisoirement ses activités, avant qu’il ne doive se résoudre à ranger définitivement ses baguettes, ce qui va entraîner de ce fait le reste de ses membres avec lui. Car remplacer un tel monstre étant presque mission impossible le trio restant décidera de se saborder en 2005, bien qu’ayant des idées qui auraient dû voir le jour chez le successeur de celle-ci. Après cette aventure deux des rescapés fonderont l’éphémère ARSEBREED pour un résultat mitigé, quant au dernier larron il semble (à l’instar de ses ex-compagnons) avoir depuis totalement rangé son instrument et quitté la sphère musicale après n’avoir jamais retrouvé cette alchimie. Car passant comme une météorite cet assemblage de talents aura eu le mérite de frapper fort au sein d’une année où la concurrence était à son zénith, ce qui était d’autant plus remarquable et impressionnant vu la concurrence proposée.
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