Après le très bon Unmerciful et le moyen Internal Suffering, on termine le trio des traînards Unique Leader de 2016 avec Inherit Disease. Les Américains n'ont cependant pas attendu dix ans avant de donner une suite à leur album précédent, seulement six. Une longue absence toutefois, qui a pris fin en avril dernier avec la sortie de
Ephemeral. Revenons en 2010. Les Américains avaient surpris leur monde en livrant le très sympathique
Visceral Transcendence, bien meilleur que leur premier essai pas vraiment transformé,
Procreating An Apocalypse (2006). Inherit Disease avait su élever son niveau de jeu et se démarquer de la masse grâce à un brutal death US aux riffs travaillés proposant une ambiance assez sombre. Pas le disque de l'année car encore trop classique par certains côtés mais il marquait une réelle progression pour le combo californien qu'on espérait voir continuer sur sa lancée, même tardivement.
Trop tardivement serait-on tenté de penser à l'écoute de ce décevant
Ephemeral. La pochette nullissime, pourtant signée Guang Yang, le même artiste qui avait créé l'artwork sublime de
Visceral Transcendence, mettait déjà la puce à l'oreille. À l'image de cette cover banale, limite ridicule, la musique des Californiens est ainsi redevenue générique et sans grand intérêt, comme à l'époque de son premier full-length médiocre. Il n'y a pourtant pas eu de changements d'effectif, Inherit Disease ayant su conserver intact son line-up et se permettant même d'ajouter un deuxième guitariste, Tom Wilson, ce qui n'a malheureusement pas aidé à la conception d'un successeur à la hauteur de
Visceral Transcendence. Et il n'y a pas eu non plus d'évolution artistique. Inherit Disease fait toujours dans le brutal death US typique entre Disgorge (surtout) et Deeds Of Flesh (un peu). On y retrouve ainsi tous les éléments caractéristiques: les cassures rythmiques, les vocaux ultra gutturaux, les semi-blasts, les blast-beats, les ralentissements lipidiques, les riffs rapides étouffés, les harmoniques sifflées, la technicité, etc.
Sauf que dans ces éléments caractéristiques, beaucoup n'aident pas à rendre l'album plaisant. C'est le cas notamment de tous ces semi-blasts mollassons qui font "ploc-ploc". Rien de nerveux, rien de brutal, c'est juste nul. Heureusement, le batteur Dan Osborn sait aussi balancer de vrais bons gros blast-beats. C'est quand même autre chose! Quant aux changements de rythme typiques, s'ils sont bien présents, cela reste toujours un peu la même chose et ils n'empêchent pas une linéarité ennuyante. Ou comment faire croire qu'il y a du relief alors que c'est en fait bien plat! Autre bémol allant dans le même sens, le chant yaourt monotone et faiblard alors que le frontman Obie Flett avait récolté des bons points sur l'opus précédent. Sur
Ephemeral, il sonne ultra cliché et sans intérêt. Un côté banal qui va malheureusement de paire avec bon nombre de riffs. Je peux passer outre un chant pas terrible ou des parties de batterie pas top mais les riffs, c'est sacré. Ce qui faisait la force d'Inherit Disease sur
Visceral Transcendence, c'était justement sa capacité à proposer des riffs intéressants comparés à la masse grouillante de formations brutal death sans talent. Des riffs travaillés qui permettaient même d'instaurer une certaine atmosphère plus noire que d'habitude. Ici, les Américains replongent dans le commun voire le médiocre à cause d'une inspiration en berne sur les riffs, bien trop génériques. On a l'impression d'avoir écouté ça des dizaines de fois. Rien ne se détache de cet amas informe de pseudo-brutalité, on ne retient rien et on s'ennuie bien vite. C'est dommage parce que la formation n'a pas non plus tout oublié de ce qui faisait le succès de
Visceral Transcendence. Si la plupart des riffs tapent dans le vide, les Américains ont tout de même gardé ce côté sombre qui sied bien à leurs thématiques cyber-futuristes. L'utilisation de dissonances, très tendances dans certaines scènes mais peu fréquentes dans le brutal death US, apporte un peu de fraîcheur et d'originalité dans un jeu de gratte sinon très stéréotypé malgré l'arrivée d'un deuxième guitariste. Et puisque le duo de gratteux fait tout de même bien certaines choses, on ne peut pas renier l'efficacité et le côté primaire jouissif de toutes ces décélérations bien grasses. Ultra classique et neuneu certes mais ce sont des plaisirs coupables qui ne se refusent pas. Bonne idée aussi d'avoir mis la pédale douce sur les harmoniques sifflées. Les oreilles ont déjà assez souffert comme ça!
Oui, bon, j'exagère un peu.
Ephemeral n'est pas si horrible. "Spiritual Paralysis", le meilleur morceau, ouvre d'ailleurs l'album de façon optimiste avant de vite tomber dans une routine que seuls "Pixelated Hallucinations" et "Digested By Invertebrates" viendront rompre un minimum. Et il y a ce petit côté dissonant/sombre/menaçant qui donne un peu de cachet à l'œuvre. Les séquences grassouillettes groovies et les parties de blasts (les vrais à grosses couilles velues, pas les "ploc-ploc" de petites bites) ne sont pas déconnantes non plus, tout comme certains riffs plus élaborés. Cela nous rappelle pourquoi on avait gardé le nom d'Inherit Disease en tête et pourquoi on avait mis
Visceral Transcendence dans les bons albums de brutal death ces dernières années. Pas suffisant cependant pour sortir le disque de la banalité. Car pour le reste, difficile de retrouver ce qui avait attiré chez la formation. La faute surtout à une panne d'inspiration niveau riffs et cette impression décourageante d'écouter toujours le même morceau, un morceau qu'on a en plus déjà entendu des centaines de fois. Plat, linéaire et répétitif malgré quelques bonnes idées pas assez exploitées. C'est dur mais c'est comme ça. Dans le genre brutal death à la Disgorge qui essaye de se démarquer un minimum de la masse, on préférera un Disentomb plus convaincant à défaut d'être vraiment génial. Ou carrément un Defeated Sanity mais je n'en demandais pas tant. Allez les gars, on se bouge et on nous sort un album meilleur que ça, vous en avez les moyens!
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