Slave One - An Abstract And Metaphysical Approach To Deceit
Chronique
Slave One An Abstract And Metaphysical Approach To Deceit (EP)
Montargis ne manque pas d’atouts, car si jusqu’à présent la sous-préfecture du Loiret devait une partie de sa notoriété à la célèbre praline du confiseur Mazet, ainsi qu’aux fameux moines shaolin qui ont élevé les frères Silver (popularisés par la série de sketchs signés Kad & Olivier), aujourd’hui c’est un des gros espoirs du Death Metal hexagonal qui la met en lumière. En effet bien que peu connu encore le quintet local (dont son nom provient de celui du vaisseau de Boba Fett, le chasseur de primes dans la saga « Star Wars ») a mis le temps entre son premier EP (« Cold Obscurantist Light ») et album (« Disclosed Dioptric Principles »), avant de trouver sa vite de croisière aujourd’hui, qui voit également l’arrivée d’un nouveau bassiste. Il faut dire que même s’il est sorti l’an dernier ce long format contenait des morceaux écrits plusieurs années auparavant, et qui ne reflétaient plus forcément les envies et influences actuelles de la bande, du coup elle a décidé de sortir un peu de nouveauté avec un mini-format qui servira de préambule au futur opus en cours d’écriture. Avec quatre titres pour un total de près de vingt-cinq minutes de gros son on ne peut pas dire que les gars aient joué les radins sur ce coup-là, qui voit l’arrivée de deux inédits, d’un vieux morceau réenregistré pour l’occasion, ainsi que d’une reprise étonnante de DIMMU BORGIR, alors qu’ils n’évoluent absolument pas dans le même univers musical que les Norvégiens.
En tout cas on s’aperçoit dès le début de « Tunguska » de l’évolution des Loirétains notamment au niveau du son qui se fait plus organique que par le passé, qui permet d’accentuer le côté sombre et oppressant propre à chacune de leurs compositions, dont celle-ci qui prend immédiatement aux tripes. Tirant son nom d’une région de Sibérie rendue célèbre par la chute supposée d’une météorite le 30 juin 1908 (et dont l’onde de choc fit des dégâts colossaux) on y trouve un démarrage à la fois puissant et rapide, où la double et les blasts se font face permettant de créer un ensemble compact qui s’efface un peu au moment du solo, où le rythme devient plus lent et technique. Après un break où l’on peut entendre du Sitar la seconde partie va alterner entre vitesse élevée et ralentie, permettant ainsi de profiter de toute la palette de chacun des membres, et où l’on s’aperçoit effectivement que malgré une technique impressionnante ils ont réussi à donner plus de fluidité et de cohérence au sein de leur écriture. Autant dire que les plus de six minutes de ce titre (où Dave Chaigne de SAVAGE ANNIHILATION – autre groupe de la même commune - vient faire quelques parties vocales) passent comme une lettre à la poste, sans longueurs ni répétition, malgré un premier aspect un peu impénétrable mais qui s’oublie rapidement. La froideur est à l’honneur sur « Through Illuminated Void And Meditative Resonance » qui commence par des notes de guitares coupantes et glaciales, avant de se faire progressivement plus massif et explosif jusqu’au break étonnant inspiré du Jazz, car les arpèges et la batterie se font doux et permettent de reprendre du souffle avant la suite qui est tout autant suffocante et brutale que le début. Là-encore le tempo ne cesse de changer sans que cela fasse quelquechose d’alambiqué, et bien qu’étant légèrement plus direct que la précédente compo le tout ne sombre jamais dans la facilité et reste d’un niveau impressionnant, dont on a déjà hâte d’entendre la suite.
Le lifting fait pour « Uroboric » (sorti initialement en 2012) est également très appréciable, car étant joué très régulièrement sur scène par ses créateurs, il bénéficie d’une production plus adéquate (où l’on s’aperçoit du gros boulot effectué à la basse par le nouveau venu) et d’un tempo global plus rapide qu’à l’origine, ce qui lui permet de mieux jouer le grand écart sur les passages plus pesants et Progressif, afin de gagner en accroche et en précision. Enfin terminer par une reprise est toujours agréable, et là il faut saluer la prise de risque des gars car aller reprendre du Black symphonique quand on évolue dans un style bien éloigné comme le leur est particulièrement risqué, et pourtant ils s’en sortent de très belle façon. A l’origine figurant sur le magistral « Puritanical Euphoric Misanthropia » publié en 2001 « Blessings Upon The Throne Of Tyranny » est ici joué de façon très proche de la version originale, cependant les synthés ont été considérablement réduits et seules quelques nappes discrètes y figurent, tout en ayant des voix plus gutturales. D’ailleurs si Nicolas Petre offre tout du long une prestation carrée et impeccable, il est ici suppléé par le batteur Sébastien Salin et encore une fois leur voisin et ami Dave Chaigne, ce qui permet d’offrir une conclusion à la fois fidèle et personnelle d’un disque sans fautes et réussi du début à la fin.
Car on ne peut qu’être admiratif de la qualité de la copie rendue par les frères Salin et leurs partenaires de jeu, qui démontrent qu’ils n’ont désormais plus rien à envier aux grosses machines venues d’Outre-Atlantique entre la qualité d’interprétation, une construction qui ne tombe jamais dans le trop-plein, et un soupçon de mélodie permettant de conserver un chouia de lumière au milieu d’un océan de désespoir et de ténèbres. Décidemment la France est à l’honneur au cours de cette année 2017, où au milieu des sorties marquantes venues des quatre coins du pays depuis le mois de janvier SLAVE ONE trouvera certainement et tout naturellement sa place, ce qui ne sera pas volé et d’une logique absolue venant d’un combo qui sera à suivre de très près dans un futur proche.
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