ACxDC - Satan Is King
Chronique
ACxDC Satan Is King
Je me souviens : j'ai découvert le (la ?) Powerviolence au cours d'une discussion avec l'un de ses adeptes. "Mais, au juste, quelle est la différence entre le PV et le Grindcore ?" avais-je demandé, candide. "Rien à branler, l'essentiel, c'est que ça poutre." m'avait-il répondu, avec une sagesse qui exige le respect. C'est à ce grand philosophe de fond de canapé, et à l'haleine de cendrier froid, que je dois mon introduction à ACxDC (Antichrist Demoncore, de son nom de noblesse). Name-droppé avec l'air de ne pas y toucher au cours de notre discussion, je me disais qu'un nom de groupe aussi incroyablement débile cachait sûrement une formation bovine au possible. Et mon intuition ne m'avait pas trompé.
Formé en 2003 par une bande de jeunes désœuvrés, le groupe s'est fait le chantre d'un hybride de Powerviolence, sans aucune forme de concession, faisant mariner les parties nobles du Grindcore et du Hardcore Punk dans de vieilles marmites, empruntées aux cuisines de Siege. Le tout saupoudré de ce qu'il faut de provocation pour faire rentrer visuels et refrains bien profond dans la caboche - une constante que ne viendra pas contredire ce deuxième full-length.
Parce que oui, ce n'est que le deuxième longue-durée du combo, après un album éponyme sorti il y a maintenant six ans. Pas que ACxDC ait chômé, bien au contraire ! 4 EPs, 4 splits, 2 albums live, 4 compilations, toutes marquées du sceau de la violence auditive et de la méchanceté gratuite - et bien ancrée dans son époque. C'est en quinze titres, et sous l'égide de Prosthetic Records, que la bande récidive, avec la même vigueur qu'au premier jour. Qu'on se le dise, ACxDC mettra tant les fans de Grindcore que de Punk Hardcore d'accords, soudés autour de la même envie d'en découdre.
Adoubé par la production-signature de Taylor Young (Nails, Twitching Tongues), et gonflé à bloc par les doigts de fée de Brad Boatright (Audiosiege Studio), "Satan Is King" (en référence au superbe (et inattendu) "Jesus Is King" de Kanye West) ne pouvait qu'être un bourre-pif dans les règles de l'art. Point de fioritures, ni de sodomie de drosophiles, que ces guitares grasses qui éclaboussent, cette batterie en forme de pâteuse de lendemain de cuite, et le chant étranglé, fiévreux, de Sergio Amalfitano, qui dispense ses saillies à grand renfort de refrains aussi crétins que fédérateurs ("Kill a fucking pig, I don't give a shit" de "Copsucker" qu'on reprendra, évidemment, tous en choeur) . "Satan Is King" est cohérent, paroles et musique vont de pair, car ACxDC est très énervé. On sent le besoin d'évacuer la frustration de vivre dans une société violente, humainement, économiquement, cette urgence qui transpire de chaque riff, chaque frappe de cymbale, chaque mid-tempo, chaque accélération. Certes, les paroles font plus penser à l'adolescent edgy qu'à l'observateur un peu plus réfléchi, mais cette spontanéité, un peu immature, colle parfaitement au ton général de "Satan Is King". C'est gratuit, irréfléchi, parfaitement tranché, bref, délicieux pour qui goûte au genre.
Les deux pieds joints dans un plat Hardcore Punk, la tête cagoulée d'un motif de note de musique barrée, ACxDC signe, avec ce deuxième long-format, à la fois une belle leçon de Powerviolence et une déclaration de guerre au monde moderne. "Fuck off" jusqu'au bout des ongles sales, feeling typiquement street, revendicatif en Diable, nul doute que "Satan Is King" prendra encore plus de place sur scène - une fois tout ce bordel terminé. En attendant ce jour béni où nous pourrons retourner nous échanger des marrons dans la fosse, "Satan Is King" est à savourer pour ce qu'il est : une branlée en bonne et due forme, administrée par des gus qui en ont gros sur la patate. Chaudement recommandé, surtout par les temps qui courent !
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