Comme je vous le disais lors de ma chronique de
Spectral Blackness, compilation réunissant l’ensemble des enregistrements plus ou moins recensés d’Omegavortex et Ambevilence, le quatuor allemand a sorti en novembre dernier son tout premier album sous la bannière du label irlandais Invictus Productions. Intitulé
Black Abomination Spawn, celui-ci nous propose neuf nouvelles compositions (enfin presque puisque le titre "Gateways" déjà présent sur la seule démo officielle du groupe (et donc également sur cette fameuse compilation) a ici été ré-enregistré pour l’occasion) pour quarante-cinq minutes d’un Black/Death cosmique toujours aussi intense et redoutable.
Illustré par Henry Mann (ex-Abythic, ex-Impure),
Black Abomination Spawn reprend le chemin déjà tracé par les démos les plus récentes d’Omegavortex sans y apporter de grands bouleversements. Seule la production impeccable mais surtout beaucoup plus homogène, avec notamment un mastering signé Patrick W. Engel (l’homme en charge d’à peu près tous les remasterings des rééditions proposées par High Roller Records ainsi que bien d’autres albums encore...), monte ici d’un cran et permet aux Allemands de venir jouer dans la cours des grands sans avoir à rougir de quoi que ce soit !
Mené le couteau entre les dents du début à la fin,
Black Abomination Spawn est ce que l’on peut appeler un album excessif. En effet, il vous faudra avoir le coeur bien accroché pour subir de plein fouet les assauts incessants de la formation sans jamais broncher. D’autant qu’Omegavortex va faire pleuvoir les coups pendant plus de trois quarts d’heure et cela sans aucun temps mort ou presque... On va bien trouver ici ou là quelques passages moins en tension ("Netherworld Descendant" à 2:54, "Cosmic Horror Maelstrom" à 1:49, "Soul Harvest" à 2:49, "Violent Transcendence" à 3:13, "Void Possessor" à 2:30, les deux premières minutes de "Stellar Death" ou bien encore l’instrumental "From Obscurity") mais cela reste bien mince pour espérer pouvoir sortir la tête de l’eau et reprendre un peu de son souffle. Surtout, ces quelques baisses de régime permettent de gagner en nuance, ce qui dans ce déferlement de violence n’est pas forcément une mauvaise chose histoire de calmer les ardeurs de tous ces pisse-vinaigre prêts à cracher sur cet album pour sa redondance. Car finalement, c’est bien cette intensité et ce caractère impitoyable qui font là tout l’intérêt de ce genre de disque jusqu’au boutiste qui, à la manière de quelques-uns de ses contemporains (on pense par exemple à Beyond, Malicious, Concrete Winds ou Degial), ne brilleront jamais par leur originalité ni leurs prises de risques mais par leur capacité à créer du chaos.
Et croyez moi, à ce petit jeu là, Omegavortex sait tout à fait comment s’y prendre. Rappelant à ceux qui l’aurait oublier sa filiation avec des groupes comme Morbid Angel et Necrovore, le quatuor allemand va déverser ses riffs infernaux et aliénants avec une frénésie qui frise l’hystérie (certaines transitions se font sans que l’on ait la possibilité de dire "ouf" (l’enchainement "Violent Transcendence" et "Void Possessor" par exemple risque certainement d’en faire baver plus d’un)). Un maelström de violence sublimé par des solos chaotiques et mélodiques où là encore l’influence d’un certain George Michel Emmanuel III (aka Trey Azagtoth) n’a jamais semblé aussi évidente. Reste cette batterie épileptique qui enchaîne les blasts et autres séquences de matraquages sans jamais faiblir ainsi que ce chant arraché et possédé, débité là encore à une vitesse infernale et dont la réverb’ va faire quelque peu écho à l’hostilité de ce vide galactique et autres néants mystérieux évoqués à travers ces paroles peu réjouissantes.
Suffocant à souhait,
Black Abomination Spawn est le genre d’album qui ne peut pas laisser indifférent. Excessif dans tous les sens du terme, il laissera probablement sur le carreau les plus fragiles qui savent ne pas pouvoir subir ce genre d’assauts pendant plus de trois quart d’heure sans avoir mal à la tête mais ravira à l’inverse tous ceux qui se réjouissent d’être malmenés de la sorte sans jamais ou presque pouvoir reprendre leur souffle. Il n’y a pourtant chez Omegavortex rien de bien nouveau mais ce genre de formule jusqu’au-boutiste s’avère, en tout cas lorsque l’on est à même de l’apprécier et lorsqu’elle est aussi bien exécutée, particulièrement jouissive et satisfaisante. En tout cas, vous voilà prévenus ! À vos risques et périls désormais...
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