Intellect Devourer - Demons Of The Skull
Chronique
Intellect Devourer Demons Of The Skull
Il y a des groupes pour qui la vie est un long fleuve tranquille (un line-up stable, des sorties qui s’enchainent sur des labels qui ne demandent qu’à vous signer, des tournées à travers le monde entier et la reconnaissance de tous ou presque…) et d’autres pour qui les choses s’avèrent tout de même nettement plus compliquées. C’est le cas des Australiens d’Intellect Devourer pour qui les trente dernières années ont été quelque peu chaotiques.
Originaire d’Adelaide, la formation en est aujourd’hui à sa troisième itération. Après deux ans de vie (1992-1994) qui auront vues la sortie d’un single et d’une première démo intitulée Horselustvulgaris, Intellect Devourer décide de couper court à ses activités laissant ainsi à Denny Blake l’opportunité de fonder StarGazer en compagnie de quelques potes dont Damon Good (Martire, Cauldron Black Ram, Mourful Congregation, VoidCeremony…). Le groupe reviendra très modestement faire parler de lui au début des années 2000 avec la sortie d’une seconde démo intitulée Mundus Intellectualis avant de déposer une nouvelle fois les armes dans la foulée (1999-2001). Il faudra attendre 2020 pour qu’Intellect Devourer reviennent faire parler de lui avec cette fois-ci la sortie d’une premier album intitulé Demons Of The Skull paru en fin d’année dernière sur Caligari Records et Nuclear Par Now! Productions.
Ravivé en 2012 avec notamment l’arrivé de sang neuf au sein de la formation, il aura quand même fallu huit ans aux Australiens pour se mettre véritablement en ordre de marche. C’est d’autant plus surprenant que Demons Of The Skull est quand même composé de titres datant pour la plus part d’au moins vingt ans (si ce n’est presque trente pour "Prayer To Thessaly" et "Waves Of Blood")... Bref, l’essentiel à ce stade pour Intellect Devourer était probablement d’arriver enfin à sortir ce premier album et c’est aujourd’hui chose faite !
Jouissant d’un logo et d’une illustration qui invitent tous les deux à la découverte (en tout cas cela à fonctionné chez moi), Demons Of The Skull va tout de même un peu plus loin que ce qui est suggéré ici visuellement. Car si à première vue on est plutôt tenté de penser qu’Intellect Devourer joue la carte d’un Death Metal bestial et intense comme seule l’Australie sait le faire (Bestial Warlust, Sadistik Exekution, Abominator, Martire…), on remarque quand même très vite que le groupe à d’autres atouts à faire-valoir. Alors c’est vrai, il y a malgré tout un peu de ce patrimoine génétique dans la musique des Australiens puisqu’en plus d’atmosphères infernales on va retrouver dans certains passages une intensité rappelant le Morbid Angel de la fin des années 80 (ces accélérations jubilatoires menées pied au plancher ainsi que ces enchainements de riffs brûlants comme de la lave en fusion). Cependant, on note tout de même qu’Intellect Devourer verse dans un registre plus marginal, celui d’un Death Metal technique à l’ancienne évoquant bien évidemment d’autres grands noms de la scène floridienne de l’époque (d’Atheist à Death en passant par Cynic et Nocturnus).
À mon grand bonheur, les Australiens avancent ainsi les meilleurs arguments possibles à commencer par une basse expressive dont les rondeurs me filent toujours autant la chair de poule. Bien qu’elle soit relativement discrète dans le mixage, elle apporte une couleur bien particulière ainsi qu’un groove indéniable à ces quelques compositions imaginées il y a plus de deux décennies et parfaitement remises au goût du jour. On appréciera également le soin apporté aux mélodies qui ponctuent bien souvent chaque titre lors de brefs leads et solos particulièrement sympathiques ("Damien Rose From The Tomb Of Jesus" à 1:00, ces deux passages sur "Demons Of The Skull" à 1:23 et 1:46 qui rappelleront de bons souvenirs aux amateurs de Human, "Neo Carnivore" à 2:02, "Sorrow Incarnate" à 1:15, "Prayer To Thessaly" à 2:14...) ou bien encore ces séquences plus modérées qui vont mettre en lumière ces enchevêtrement de riffs et autres constructions plus ou moins alambiquées dont va user Intellect Devourer et desquelles ont peut sentir pointer une filiation assez évidente avec les Américains de Death et, parce que tout ça est quand même sorti l’année dernière, avec Blood Incantation également (impression d’ailleurs renforcée par le chant de Troy Mooney assez identique à celui de Paul Riedl dans son usage du Delay et de la réverb’...).
Composé il y a plus de vingt ans, très largement retravaillé depuis maintenant quelques années puisque la réformation du groupe remonte à 2012, Demons Of The Skull est un album particulièrement surprenant. Déjà parce que visuellement, ce n’est pas forcément ce que l’on attend de manière générale d’un album griffé de ce genre d’artwork ou de logo. Mais surtout parce qu’il réussi à travers son histoire à combiner cette vision du Death Metal technique propre aux années 90 avec une approche plus moderne et néanmoins respectueuse de cet héritage mais aussi de ses propres racines australiennes. Passé relativement inaperçu jusque-là, ce premier album pressé finalement à peu d’exemplaires (300 seulement pour la version CD) devrait pouvoir ravir autant les amateurs de Death Technique d’un autre temps que tous les sauvages enclin à davantage de violence et de brutalité. Quoi qu’il en soit, voilà une bien belle découverte.
| AxGxB 18 Février 2021 - 682 lectures |
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