Le hasard du calendrier crée parfois des situations amusantes. Ainsi, à moins d'une semaine d'intervalle sortaient les troisièmes albums de Sirenia et Tristania sans Veland (le cinquième sinon), deux vétérans de l'ancienne scène metal symphonique et éternels rivaux depuis que Veland s'est barré de Tristania pour monter Sirenia (enfin ça fait vachement people de le dire et vous savez qu'ici, à Thrashocore, on aime les ragots). Etant donné la médiocrité de leurs dernières productions, on était en droit de se demander ce que tous ces norvégiens allaient devenir.
Comme vous le savez tous (enfin on va dire, ça m'arrange), l'ami Veland (Sirenia) a pécuniairement succombé au chant des sirènes en signant chez Nuclear Blast et en optant pour un style néo-metal gothique des plus insipides (cf. chronique de "Nine Destinies And A Downfall"). Avec un titre d'album aussi audacieux que "Illumination", Tristania avait vraiment intérêt à remonter le niveau du très moyen
"Ashes" sous peine d'essuyer de vieux jeux de mots du genre "Ils ne l'ont toujours pas eu... l'illumination", etc. Sans parler d'illumination proprement dite (non je n'irai pas plus loin), les norvégiens ont su se rassembler, se forger une nouvelle identité et il ne serait pas étonnant que ce nouvel album soit le début d'une nouvelle ère.
Toutefois, n'attendez pas de Tristania qu'il révolutionne le metal gothique. De toutes façons, je crois que ça ne sert pas à grand chose d'attendre une révolution dans ce domaine. Le groupe demeure fidèle à lui-même et affine ce nouveau cap amorcé il y a deux ans sur
"Ashes". Pour ceux qui espéraient encore, je suis au regret de vous annoncer que c'en est définitivement terminé des choeurs et autres orchestrations qui ont fait leur renommée : il faut désormais compter sur un metal gothique moins grandiose, plus épuré. Ainsi, les guitares réinvestissent l'espace sonore en compagnie bien sûr du chant de Vibeke qui se veut beaucoup moins sirupeux et plus ambiguë. D'ailleurs, le groupe adopte une utilisation moins manichéenne des chants, chacun d'entre eux participe à tous les moments et toutes les ambiances, chaudes ou austères. Quant aux hurlements, avec le départ de Kjetil Ingebrethsen, ils se font de plus en plus rares mais ont été néanmoins exécutés par un certain Vorph de Samael (!!!) sur cet album.
Même s'il n'est pas très original, "Illumination" n'est pas pour autant un album dénué d'intérêt. Tristania y a mis du coeur à l'ouvrage et nous offre des compositions riches et bien senties, tantôt lentes, tantôt plus violentes mais toutes s'inscrivent dans le même esprit. Entre mélodies subtiles, refrains enchanteurs et interprétation raffinée, le groupe développe ces atmosphères sombres et tristes qu'on leur connaît, atmosphères qui prennent ici une autre dimension. Les norvégiens semblent s'être concentrés sur l'essence de leur musique et les émotions. Toutefois, "Illumination" ne s'assimile pas si facilement, et sa richesse ne se révèlera qu'au fil des écoutes contrairement au dernier Sirenia. Et pour ceux qui seraient prêt à l'acquérir, sachez que l'artwork est magnifique (notamment le digipack), sobre, classieux et sied à merveille à la musique. Un album de metal gothique de plus donc, mais un bon qui ravira les amateurs du style.
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