Allez, encore une formidable chronique des créateurs du formidable
The Destroyers of All où je vais montrer ma formidable incompétence (c’est formidable) ! Mon inquiétude de parler death metal sur un site comptant tant de lecteurs fans du genre pouvait encore être surmontée par le coup de cœur qu’avait entrainé l’essai de 2011 des Néo-Zélandais, cette fois-ci, il va m’être difficile d’éviter ces jets de tomate que je crains, même si après les chroniques des derniers Watain ou The Monolith Deathcult, on commence à penser à créer des pâtes à la bolognaise Thrashocore.
Car Ulcerate ne réitère pas l’exploit, donne malheureusement raison aux critiques pensant que
The Destroyers of All était un album OVNI au sein de la scène et de leur discographie. Non pas que leur death metal bac +5 ait perdu en originalité – on retrouve toujours ces sonorités empruntées à Immolation, Gorguts et Neurosis –, seulement,
Vermis donne l’impression que la formation privilégie la forme au détriment de la substance. Une maladie qui touche de plus en plus les mètres-étalon du metal non euclidien – cf. le dernier Portal – et que j’aime appeler le syndrome
Paracletus, en référence à l’album de Deathspell Omega de 2010 : tout est intelligent, travaillé, « forward thinking », « groundbreaking », tout le lexique du journaliste travaillant chez Pitchfork et… tout est emmerdant. Aïe.
Il serait pourtant injuste de dire qu’Ulcerate se soit galvaudé ou qu’il repose sur ses acquis.
Vermis ne sonne pas comme un
The Destroyers of All bis, préférant offrir la mixture des Néo-Zélandais dans ce qu’elle a de plus lisible, brutale, tout en conservant cet art de la fuite où les cassures rythmiques s’enchainent. Le titre « Weight of Emptiness » laissé en écoute est le parfait exemple de ce que contient ce nouvel album avec son introduction syncopée, presque catchy, et ses passages chaotiques révélant quelques lignes de force au fur et à mesure, des points de repère montrant que le groupe ne joue pas son death comme du free-jazz mais avec un objectif en tête.
Mais quel objectif ? Sans retomber sur l’éternel débat entre riffs et ambiances – bon courage pour savoir comment l’un crée l’autre ! –,
Vermis manque cruellement de ton, de cette atmosphère tragique qui faisait de
The Destroyers of All une œuvre dont la technicité devenait vectrice de sens. Ici, le trio varie trop pour donner cette aura rectiligne, « doomed », à ses monolithes. Ainsi, l’introductive et quasi-instrumentale « Odium », le morceau-titre commençant véritablement ce longue-durée dans la brutalité ou encore la lourdeur de « The Imperious Weak » sont autant de moments qui auraient pu être forts au sein d’un ensemble cohérent sur le plan des émotions. Insérés dans ce fourre-tout capitalisant sur la débauche d’originalité (dans quel but ?) et de technicité (pour quel propos ?), ils deviennent bêtement impressionnants, sans consistance.
Là où
The Destroyers of All tirait sa force de sa retenue,
Vermis donne tout sans réfléchir, avec une certaine diversité mais sans nuance, sans profondeur. Ce qui fait que je me vois mal mettre plus que la moyenne à un disque formellement réussi (et au batteur toujours impressionnant, évidemment) et cependant vide. Sans doute y en aura-t-il pour dire qu’Ulcerate rejoint papa Gorguts et son
Colored Sands au panthéon de cette année, pour ma part, je reste sur mon idée que les techniciens de surface trouvent plus leur rôle à nettoyer mon salon qu’à faire de la musique. À vous de voir.
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