L’affluence massive lors du concert d’Ulcerate à la maison des chœurs de Montpellier ne dit pas autre chose : les Néo-Zélandais ont changé de statut depuis
Stare Into Death and Be Still. Autrefois fer de lance d’une scène encore relativement confidentielle, possédant plus un succès d’estime que réel, la formation a conquis un public plus grand avec son passage sur le label Debemur Morti et une musique suivant ce changement, plus mélodique sans perdre en identité.
Il suffit de voir la setlist d’Ulcerate sur cette tournée, oubliant les créations précédentes (un simple
« Everything Is Fire » en guise de rappel) pour se centrer sur ses deux dernières œuvres,
Stare Into Death and Be Still et évidemment
Cutting the Throat of God. Est-il alors si étonnant que l’impression qui domine à l’écoute de ce dernier est celle d’une stagnation ? Clairement, si le trio a toujours su surprendre d’album en album par une variation de son style – qu’on ne présente plus, après l’avoir abordé tant de fois –, les dissemblances se font moins sentir qu’autrefois, un tempo globalement moins rapide ainsi qu’une ambiance un poil plus belliqueuse étant les deux gros points notables dans ce jeu des sept différences.
Ulcerate, donc, ne surprend pas sur
Cutting the Throat of God : il confirme la direction prise, tout en se reposant sur des lauriers que je n’ai tout de même pas encore envie de lui enlever. Telle maîtrise excuse – en partie – cette absence de remise en question ! Ainsi, je retrouve avec plaisir ces accalmies empruntant le son froid et liquide du The Cure des années grises, ces tricotages éperdus courant vers un dénouement souvent funeste, des éléments avec lesquels la bande joue constamment, quelques moments de bravoure (cf. « To Flow Through Ashen Hearts » et le morceau-titre, parfaits dans leurs rôles respectifs d’ouverture et conclusion recueillies et grandioses) ou particulièrement enivrants (« The Dawn Is Hollow » ; « To See Death Just Once ») ponctuant une écoute où les détails finissent par prendre une place prépondérante. Au premier abord monolithique, ces cinquante-sept minutes finissent par montrer que leurs sept chapitres ont chacun quelque chose de particulier.
J’ai bien conscience de cracher dans la soupe en trouvant à redire au sujet de
Cutting the Throat of God. Brillamment exécuté, d’une intelligence et d’une richesse folles, il est difficile à prendre en défaut jusqu’à son regard mélancolique au milieu du bain de sang le plaçant à part du tout-venant s’attachant uniquement à la technique ou aux expérimentations dissonantes. Pourtant, cette inertie que je ressens au regard d’une discographie pleine de surprises ne s’en va jamais tout à fait, l’impression d’écouter une séquelle de
Stare Into Death and Be Still m’empêchant d’apprécier ce nouvel album pour ce qu’il est en lui-même.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : au-delà d’une batterie qui gagnerait à être plus aérienne sur certaines parties – oui, pour aussi impressionnant que soit une nouvelle fois Jamie Saint Merat, il se fait trop présent à mon goût lors des baisses en tension –,
Cutting the Throat of God est à la hauteur des meilleures œuvres d’Ulcerate, groupe qui commence à en avoir un certain nombre à son actif. Clairement, si ma préférence reste à l’ovni
The Destroyers of All, l’orgiaque
Shrines of Paralysis et l’héroïque
Stare Into Death and Be Still, celui-ci se place non loin de ses grands frères.
Attention, cependant : la suite devra clairement être d’un autre acabit pour qu'Ulcerate continue de m’enthousiasmer.
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