Artificial Brain - Labyrinth Constellation
Chronique
Artificial Brain Labyrinth Constellation
Est-ce de ma faute si Artificial Brain me rappelle autant Warhammer ? Avec son death situé dans l'espace, ses titres transhumanistes et sa pochette (où même Paolo Girardi s'est fait moins typique que d'habitude, délaissant caves et cadavres pour la guerre à échelle interplanétaire), impossible de ne pas voir un lien entre ce disque et l'univers chéri par les fanatiques de Games Workshop. Et puis, Bolt Thrower le fait aussi, alors on ne m'en voudra pas d'en user...
Bref, si Artificial Brain était une légion Space Marine, aucun doute qu'elle serait celle des Emperor's Children. Son style alambiqué, coupant par détours et tambourinant sans prévenir, se marie bien avec les stratégies stylisées qu'aiment employer les orgueilleux fils de l'Empereur, faisant de la guerre un art où atteindre la perfection. Il faut dire qu'avec des parents tels que Gorguts (impossible de ne pas penser à Colored Sands et ses dissonances touchant le hardcore chaotique) et Krallice (dans ce goût de la mélodie tarabiscotée et néanmoins entêtante), les Ricains paraissent s'inscrire dans cette mouvance cherchant à mener le death metal plus loin. Cependant, inutile de réviser son solfège avant d'écouter Labyrinth Constellation : sa musique où l'oreille trouve à grignoter dans chaque instrument (à commencer par une basse parfaitement audible) s'apprécie avec une immédiateté étonnante étant donné la complexité de morceaux comme « Brain Transplant » ou « Orbital Gait ».
C'est qu'Artificial Brain n'oublie jamais de laisser parler les mélodies, rythmiques et accélérations galvanisantes lors des quarante-cinq minutes de Labyrinth Constellation. Sachant se faire simplement beau lors de leads touchant les étoiles (le début du morceau-titre), le groupe de New York possède de sérieux atouts décelables d'entrée, à commencer par ce hurleur dont le chant caverneux et carnassier est un plaisir à entendre, au point de reléguer sa relative monotonie au second plan (surtout que le bougre arrive à se montrer plus versatile qu'il n'y paraît, comme lors des cris aigus de « Frozen Planets »). Un death metal bac +5 joué de façon naturelle, comme s'il avait toujours existé, et qui ne cherche à aucun moment à se faire plus imposant qu'il n'est en réalité.
Ce qui, bizarrement, est le défaut principal de Labyrinth Constellation. Beau, batailleur et technique, certes, mais sans vouloir se rebeller contre la supériorité de ses maîtres, Artificial Brain n'arrive pas à transmettre une personnalité propre autre que son mix de Colored Sands et Dimensional Bleedthrough. Il me rappelle en cela un groupe comme Yellow Eyes et son mélange entre Krallice et Liturgy, des identités si marquées qu'elles ne permettent pas de trouver la sienne. Dommage, le groupe ayant visiblement peaufiné ses dix morceaux dont aucun ne lasse. Peut-être aurait-il fallu mettre mieux en valeur ce chanteur en l'appuyant de parties plus brutales, où les guitares, timides quand il s'agit d'agresser frontalement, auraient marqué le pas de concert avec son envie de croquer les planètes et leurs habitants ? La volonté de faire honneur à son rang est clairement là mais c'est pourtant l'estomac dans les talons que se termine l'écoute. Certainement un détail pour d'autres, mais particulièrement frustrant pour ceux aimant leur death à atmosphère spatiale comme un bon repas pris à la table des Titans.
Un tracklisting réfléchi (où les morceaux les plus catchy trouvent leur place en fin, relançant l'intérêt), une production cristalline et néanmoins profonde, des compositions travaillées... Tout cela fait qu'Artificial Brain mérite d'être écouté par les amateurs de death metal ambiancé. Cependant, un avertissement s'impose, car si Labyrinth Constellation mérite sa pochette, c'est clairement dans le camp des gentils qu'il se situe, là où j'aimerais le voir plus belliqueux. Malgré tout, étant personnellement friand d'albums accompagnant mes heures à lire « L'Hérésie d'Horus », je ne regrette pas d'avoir pris mon exemplaire sur Profound Lore. Décidément un label de qualité !
| lkea 7 Décembre 2014 - 1733 lectures |
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