Jouons cartes sur table : le death, a fortiori brutal ou technique, me fait l'effet d'une lecture du droit français (Oh Von_Yaourt, je viens de comprendre…) : ça « gère » mais est inhumain et je finis par m'assoupir, acculé par tant de débauche techniciste ou graou-graou sans âme. On excusera donc les possibles manquements d'un chroniqueur peu spécialisé dans le domaine (euphémisme) bien que, pour reprendre l'ami Keyser, Ulcerate soit un groupe de death pour personne n'en écoutant pas. Clairvoyante la boule à Thrasho, les néo-zélandais ayant exploré d'autres terres depuis un
Everything Is Fire qui ne m'avait pas touché bien que ses influences post prononcées me faisaient de l'œil. Je sentais un potentiel certain et le groupe n'était pas loin de me plaire. Chose faite avec
The Destroyers Of All.
La recette n'a pourtant pas changé des masses. On retrouve ce mix personnel, sorte d'Immolation qui aurait appris à se faire tresser la barbe par Neurosis et cambriolé les disques de Blut Aus Nord chez les poitevins de Deathspell Omega. Les guitares sont tortueuses et dissonantes, portées par la voix grave d'un Paul Kelland ayant sans doute pris des leçons chez Ross Dolan, ses growls étant plus profonds et sentencieux qu'auparavant. La production renforce ce sentiment de densité où l'auditeur se noie dans un océan limpide et pourtant compact, fait de lignes de basses imbitables et autres rythmiques imprévisibles (on reviendra sur ces dernières). Ulcerate ne nous a pas gratifié d'un énième revirement stylistique et les premières écoutes se soldent par une impression d'inutilité où l'originalité ne rattrape pas une resucée de
Everything Is Fire en encore plus linéaire. Car oui, le bonhomme file tout droit, pas forcement au niveau des riffs, trop adeptes de chamboulements pour subir cette critique, mais sur un plan global,
The Destroyers Of All ne décollant jamais, rasant les mottes au point d'être assimilable à un seul bloc où le découpage par morceau relève du superflu.
Arrive alors le retournement de situation de cette chronique : et c'est justement ce qui rend cet album incroyablement prenant (quel twist ! Niqué, Usual Suspects !). Ulcerate y est moins crépitant. Les flammes le parcourant autrefois ont fait leur office lâchant leur victime rongée à l'air libre. En résulte ce disque qui n'est qu'une charge massive d'un taureau brulé au troisième degré : éperdu, il fonce et s'arrête sans raison, le temps de pauses Isisiennes enfin maitrisées et pleinement développées (on en avait eu un avant goût avec le titre « The Earth At Its Knees » sur
Everything Is Fire), un liquide lacrymal atténuant fugacement les démangeaisons d'une peau rôtie. Le combo arrive enfin à marier ensemble deux éléments qu'il visait, à savoir un style à part au service d'une ambiance monstrueuse (un cornu aux allures de Béhémoth tant le monolithe est dur à domestiquer) avec un arrière fond presque triste (charcutons un brin et citons les passages où les cordes s'étirent dans une tentative désespérée de dissolution à l'image de « Cold Becoming », « The Hollow Idols » suivi du début de « Omens »). Noire feria !
Impossible de ne pas citer la batterie, seul instrument de
The Destroyers Of All captivant dès le départ. Jamie Saint Merat devrait changer son patronyme en « Méat », ça lui couterait pas cher et collerait à son martelage priapique. Certainement pas le plus technique ou rapide de sa catégorie mais possédant un feeling industriel enchainant blasts et mid-tempi groovy avec une froide justesse renforçant l'idée que si Justin Broadrick se mettait au brutal death, c'est ce qu'il réaliserait. Le calciné piétine et accélère à l'aveuglette et fait beaucoup pour donner envie à l'auditeur de dépasser la linéarité apparente des tours préliminaires. Hallucinant de bout en bout.
Il leur manque toujours la capacité d'écrire un morceau-repère, de ceux qui assoient définitivement les grandes œuvres sur un piédestal. L'éponyme pourrait prétendre à ce qualificatif mais ne fait que reprendre les éléments assénés précédemment sur un format long malgré un final où les tremblements se mêlent à un quasi-recueillement rappelant que le jour où les mecs se décideront enfin à écrire leur « A Chore For The Lost », ça fera très mal. Une broutille, pour ce qui reste la première baffe d'un 2011 annonciateur de spasmophiles grillés ne vivotant que pour nous autres charognards. En tout cas, ainsi est
The Destroyers Of All.
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