Le quatrième album de BLACK SABBATH est une étape clé de leur évolution. C'est un disque qui marque le début du rituel de construction de presque tous les albums suivants de BLACK SABBATH, tous line-up confondus. C'est d'abord le premier disque pour lequel le groupe a fait une retraite pendant plusieurs mois (en l'occurence dans une villa de Los Angeles), retraite au cours de laquelle le disque a été construit et enregistré. C'est aussi à partir de cette époque que Tony Iommi commence à avoir besoin d'un d'un sparing partner pour donner le meilleur de lui-même et tenter des innovation. Le guitariste est toujours la source principale des riffs sur lesquels se bâtissent les morceaux de son gang mais les disques les moins inspirés de la discographie sont ceux sur lesquels Iommi a été livré à lui-même et je pense que malgré son immense talent, il est plus à l'aise quand il dispose d'une âme soeur pour confronter ses idées et mieux avancer. Sur
Vol 4, c'est Geezer Butler qui tiendra ce rôle, le bassiste s'improvisant organiste sur mellotron tandis que Tony Iommi s'essaie au piano dont il joue sur "Changes" (la première ballade du Sab dont la version la plus célèbre est la reprise qu'en a faite Ozzy plusieurs années plus tard, en duo avec sa fille).
Vol 4 est aussi le premier disque produit par Tony Iommi. Le manager Patrick Meehan a beau être crédité comme co-producteur, tous les témoins s'accordent pour dire que sa seule contribution à la conception de l'opus a consisté à fournir le groupe en cocaïne et l'on peut supposer, connaissant le bonhomme qu'il se soit prétendu co-producteur pour piquer un peu plus de thunes à ses poulains. C'est enfin le premier opus produit sous perfusion de coke. Le groupe qui carburait jusqu'ici aux drogues douces a découvert la coke sur la tournée américaine de Master of Reality. Les quatre brummies sont cokés jusqu'aux yeux et tenteront même de dédicacer leur création à la poudre blanche en choisissant de l'appeler Snowblind (littéralement "tempête de neige", mais signifiant également "de la coke jusqu'aux yeux". C'est Warner qui convainc le groupe d'adopter une démarche moins radicale, craignant qu'un disque faisant aussi clairement l'apologie des drogues dures ne puisse pas marcher aux States. Les anglais feront donc un clin d'oeil plus subtil en précisant dans les remerciements
“we wish to thank the great COKE-Cola Company of Los Angeles”
Une ambiance au beau fixe, le vent en poupe, une liberté totale, la coke comme muse. Le quatuor de Birmingham est au top de sa forme et les drogues sont, pour le moment, de puissants booster à leur inventivité et à leur folie. Le résultat est un album ambitieux qui mélange avec justesse le son classique de BLACK SABBATH et des innovations qui vont elles aussi à devenir des classiques du son du groupe : les claviers, les orchestrations, les ballades. Avec cet album, BLACK SABBATH place la barre de la qualité très très haut, et se donne un challenge de taille pour les disques suivants. Faire au moins aussi bien et idéalement repousser encore les limites.
Si
Master Of Reality était l’album de la maturité,
Vol 4 est celui de la confirmation. L'enchaînement des dix pistes est d’une justesse diabolique. Allez savoir quel rôle la coke a effectivement joué dans le processus de création, mais le résultat est à la hauteur de l’investissement. Reprenant la recette consistant à enchaîner les pistes Heavy et des morceaux plus atmosphériques et expérimentaux, le disque pousse les choses un petit peu plus loin. Les morceaux Heavy sont encore plus Heavy, les inserts progressifs sont encore plus progressif. Ainsi, l’instrumental “Fx” pour lequel Tony Iommi frotte son crucifix sur les cordes de sa guitare et bien sûr les claviers. Comme d’habitude, ces ouvertures vers d’autres univers ne sont que des interludes pour accentuer l’effet extra lourd des morceaux les plus Heavy qui sont eux-même les plus Heavy que le SAB ait composés jusqu’ici. La doomesque ouverture "Wheels Of Confusion", avec son riff épais, son break surpenant et sa deuxième partie plus aérienne et rapide. Les cultissimes “Supernaut” et “Snowblind", richement pourvus en riffs d'anthologie. Les lourdissimes “Cornucopia” et “Tomorrow”s Dream”, le poétique "Laguna Sunrise" interprété où la guitare acoustique est accompagnée par une ligne de violons. La batterie de Bill Ward est toujours aussi libre et virevoltante (écoutez bien les plans de percus sur "Supernaut" et "Under The Sun", c'est magnifique) tandis que côté chant, Ozzy est égal à lui-même. Comme le groupe nous y a déjà habitués sur ses précédents méfaits, la tracklist alterne les ambiances et ménageant ses effets et bien que quelques morceaux sortent du lot, il n'y a pas de mauvaise surprise à déplorer.
Le dernier point remarquable de ce disque, c'est que tout en sonnant cent pour cent SABBATH, il part dans une direction complètement différente de celle de
Master Of Reality. On peut mettre cela sur le compte de la coke ou plus sûrement sur l'énorme talent du gang, Tony Iommi en tête, pour proposer quelque chose de neuf à chaque album de BLACK SABBATH, une caractéristique qui se vérifie tout au long de l'histoire du groupe, à une ou deux exceptions près!
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