Et de 11 pour EXODUS, qui marque avec « Persona Non Grata » un retour attendu, ne serait-ce que pour les 7 années le séparant de la sortie d’un « Blood In Blood Out » plutôt solide. Un long hiatus pour le groupe, conséquence de facteurs internes (Gay Holt au chevet d’un SLAYER en préretraite, Tom Hunting affecté par un cancer de l’estomac) et externes (y a un sale truc qui court dans l’air depuis deux ans, ça vous parle ?). Pour autant, nul changement de line-up en vue avec un Steve « Zetro » Souza fidèle au poste de gueulard en chef, au grand damn de ceux qui ne supportent plus depuis longtemps son timbre de voix nasillard.
Pourtant, ce qui frappe d’emblée aux premières écoutes de « Persona Non Grata », c’est que le chanteur historique du groupe a fait ce qu’il fallait pour varier au maximum ses interventions derrière le micro. Car si l’essentiel de ses vocalises donnent dans la déclinaison d’un Brian Johnson officiant au sein d’un groupe de thrash, Steve taille également dans le gras dès que l’occasion lui est donnée de varier un tant soit peu de son registre de prédilection (le title track, très révélateur à ce niveau), quant il ne se remet pas à frayer sur des terres mélodiques délaissées depuis des lustres (« The Fires Of Division »). Pas mal critiqué, Souza a donc corrigé le tir dans les limites de ce dont il est capable, livrant ici une bien meilleure prestation que sur « Blood In Blood Out ». Ecoutez un peu la perturbante « Prescribing Horror » (ces cris de nourrissons dans le final, une épreuve !), dans un registre proche de « Like Father Like Son » sans les passages rapides pour vous en convaincre : loin de rester dans sa zone de confort, Steve fait forte impression en variant au maximum son spectre vocal toujours sujet à controverse. Décemment, on ne peut pas lui en demander plus, d’autant qu’il s’appuie sur les backing vocals bien velus des fistons de passage (coucou Nick et Cody des excellents HATRIOT).
Et musicalement, on en est où ? Après une bonne décennie à donner dans l’épate au détriment de l’efficacité thrash attendue, EXODUS revient à de meilleures intentions, contrairement à ce que pourrait laisser augurer un morceau titre frayant au-delà des neuf minutes. Déraisonnable ? Vu l’excellence de ce titre et le format beaucoup plus resserré du programme restant, on passera l’éponge illico, en saluant la performance d’un combo toujours à l’heure lorsqu’il s’agit d’allier agressivité et virtuosité. Saluons surtout la note d’intention : n’ayant plus rien à prouver depuis belle lurette, les Américains semblent avoir réintégré le studio avec pour seule intention d’accoucher de bons titres, point barre. En résulte la suite logique d’un
« Tempo Of The Damned », probablement l’album le plus apprécié de leur seconde partie de carrière, comme en témoigne « Lunatic Liar Lord », déclinaison évidente d’une certaine « Scar Spangled Banner ». Où l’on retrouve un caméo appréciable de l’ami Rick Hunolt, fort bien remplacé par un Lee Altus tenant la dragée haute à la tête pensante Gary Holt.
Avec seulement deux titres dépassant les sept minutes, Gary a recentré les débats : plus concis que les deux « Exhibit », « Persona Non Grata » s’appuie sur des compos qui font mouche dès la première écoute. Festival attendu de riffs et de soli, tout en prenant bien soin de nettoyer les oreilles de l’auditeur aux barbelés, « Persona Non Grata » souffre peu de trous d’air malgré son running time de soixante minutes. Les salves les moins convaincantes ? « The Years Of Death And Dying » et « The Fires Of Division », les plus heavy du lot et encore! Ça reste franchement solide. Disons que mon goût prononcé pour la bataille rangée m’incite forcément à mettre en avant les aimables pugilats que sont « The Beatings Will Continue », « Clickbait » ou encore « Antiseed », parfait final qui bourre jusqu’à ce que mort s’en suive. Ajoutez à cela un sens aigu de la relance et des variations bien senties qui prolongent la durée de vie de l’ensemble et vous obtenez sans nul doute ce qui s’avère être leur meilleure sortie depuis pas loin de vingt ans. Comme en plus les Californiens ont enfin trouvé le point d’équilibre entre grosse saucée thrash et mid tempo propice au tassement de disques vertébraux, on ne peut que se réjouir de leur retour aux affaires. EXODUS for president !
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31/01/2022 09:29