Soilwork - Sworn To A Great Divide

Quelques semaines après la sortie du très bon (et quelle surprise !) Rise Of The Tyrants d'Arch Enemy, un autre dinosaure du death mélodique suédois vient pointer le bout de son nez. Amputé de son guitariste fondateur Peter Wichers après 10 ans de bons et loyaux services (dorénavant ingénieur son et producteur) et sous le poids d'un Stabbing The Drama des plus contre versés, la tâche des Suédois de Soilwork s'annonçait extrêmement compliquée… Le groupe enchaînera les auditions et choisira finalement Daniel Antonsson (Dimension Zero) à ce poste anecdotique de guitariste. La bande soudée (Dirk Verbeuren devient le batteur officiel), les musiciens peuvent désormais enregistrer leur septième opus Sworn To A Great Divide.

La rupture signée à partir de l'honorable Figure Number Five, les fans de la période thrash/death couillu pré-Natural Born Chaos réfractaires à la nouvelle voie « pop » prise, vous pouvez arrêter cette lecture attentionnée. Un rappel des faits me semble tout de même nécessaire : après 8 ans de Metal avec un grand « m », Soilwork abandonne sa technique exemplaire ainsi que sa hargne au profit de compos « easy-listening » uniquement portées par des refrains au chant clair de Björn. Pour ce troisième album suivant cette mouvance, Sworn To A Great Divide se placerait entre un Figure Number Five et un Stabbing The Drama. En effet ce coquin de Soilwork fait un retour timide aux riffs thrash/death et aux soli pas du tout vilains ! L'arrivée du gratteux Daniel Antonsson n'est y certainement pas étranger et redonnera un léger sourire aux anciens (le titre éponyme, « The Pittsburgh Syndrome » ou « As The Sleeper Awakes » par exemple). N'espérez cependant pas un « réel » retour aux sources, ces passages thrashy éparpillés restent à des années lumières de ce qu'a pu faire Soilwork auparavant ou de ce qui se fait maintenant. Le groupe ne s'est clairement pas foulé (pas franchement digne de leur part…) mais ce pas infime se laisse tout de même apprécier.

Les soli suivent aussi cette description mais redonneront un baume au cœur non négligeable, je pense en particuliers à « Breeding Thorns », l'entêtant « Your Beloved Scapegoat » ou à celui du très bon « 20 More Miles ». Les riffs mélodiques demeurent quant à eux encore une fois quasi-inexistants (on notera le très bref et accrocheur sur « I Vermin »), remplacés par les nappes légères et délectables du clavier mais surtout par les performances étonnantes de Björn au chant. Le bonhomme est d'ailleurs parti au Canada chez Devin Townsend (6 ans après Natural Born Chaos) pour peaufiner ses lignes vocales. Sur ce point, il n'y a absolument rien à dire, Björn hurle et chante avec une aisance grinçante. Pour ces deux genres, le gaillard propose une nouvelle fois moults variations (« 20 More Miles » est le meilleur exemple à mon sens) qui larguent encore très loin derrières les autres prétendants dans le genre death mélo FM (qui a dit Anders d'In Flames ?).

Carré au possible, Sworn To A Great Divide se laisse écouter sans broncher et n'est pas la bouse tant attendue (vous aurez remarqué un artwork de Seth splendide). Mais la comparaison avec le travail passé de Soilwork et surtout face à un Disarmonia Mundi ou un Scar Symmetry, les compositions en prennent un sacré coup et feront oublier l'album assez vite… Espérons que le groupe continue à mieux fouiller ses titres et qu'il prenne exemple sur les groupes cités, peut-être alors, Soilwork sortira un album de qualité à ajouter à sa longue discographie.

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