Un chapitre se clôt. L’ère Angela Gossow se termine après 14 ans de hauts (
Wages Of Sin et
Rise Of The Tyrant) et beaucoup de bas (le reste de la discographie mais particulièrement l’abject
Khaos Legions). Point de retour de maître Johan Liiva, Arch Enemy continue dans son concept « metal à chanteuse hermaphrodite » en recrutant la frontwoman canadienne de The Agonist, Alissa White-Gluz. Un nouveau choc. Le guitariste indécis (parti en 2005 puis revenu deux ans plus tard) Christopher Amott quitte cette fois définitivement l’aventure, Nick Cordle (ex-Arsis) le remplace. Arch Enemy suivra-t-il la grosse surprise unanime
Soilwork de l’année dernière ? Pas vraiment.
Rappelez-vous, il y a trois ans presque jour pour jour (je me permets de m’auto-citer) : « Mardi 31 mai 2011, il est 22h. A ce jour,
Khaos Legions est indubitablement le plus mauvais album d'Arch Enemy et il est peu probable que les Suédois fassent pire ». La citation tient toujours,
War Eternal relève le niveau… Ouf ! Difficile de faire pire vous me direz (après avoir subi de nouveau l’écoute, je pense même que ma note est généreuse)... Une vraie purge. Pourtant les deux morceaux teasers « War Eternal » et « As The Pages Burn » laissaient présager encore d’un beau bousin. Outre le vide en termes de composition (à la limite du metalcore, l’ex-The Agonist aidant), nous découvrions ainsi la remplaçante d’Angela Gossow. Bien que fort charmante, ses hurlements poussifs (« constipation aiguë » selon Doctissimo) monocordes entraîneront la défenestration des adorateurs de Johan Liiva et feront regretter mutter Gossow sous hormones. Je passe la main pour la chronique.
Jugement trop hâtif, il s’agit finalement des titres les plus faibles de la galette. Contrairement à son prédécesseur,
War Eternal demeure d’une fluidité plutôt étonnante. Amott et son nouvel acolyte (responsable de
Starve For The Devil) ont tenté de créer une musique sans réels temps morts et calibrée pour tenir l’esgourde pendant près de 47 minutes. Arch Enemy corrige ainsi le tir en retournant vers la simplicité d’un
Anthems Of Rebellion. Des compositions « directes » constatées dès le première titre (le plus percutant de l’album) « Never Forgive, Never Forget » (aux faux airs d’un Arsis). On retrouve des structures de morceau binaires et des refrains simplistes (doux euphémisme, « You Will Know My Name » et « Down To Nothing » tenant la palme) mais très « catchy ». Des mélodies chaudes éparpillées (« You Will Know My Name », « Stolen Life », « Time Is Black », « On And On ») et des soli prenants sur quasiment chaque morceau (l’introduction de « No More Regrets », le tapping endiablé de « On And On » à 2:05, « Down To Nothing » à 2:20 ou encore l’interlude aérien « Graveyard Of Dreams »). Certains arrivent même à sortir du lot, je pense à « Avalanche » (qui aura droit à quelques lignes claires d’Alissa).
Huit albums déjà sur le CV (on retirera si vous le voulez bien l’affront compilé
The Root Of All Evil) d’Arch Enemy, et que dire de celui de Michael Amott (ex-Carcass). L’auditeur sera forcément pointilleux. Les soli paraissent ainsi bien en deçà des capacités du père Amott, quid de ses passages injouables à faire sortir les yeux de nos orbites ? Et que dire de ces compositions aux riffs basiques et prévisibles. Efficaces certes mais faisant office de metal pour draguer du « teenager ». L’aspect « extrême » de la bande (je vous invite à ressortir
Rise Of The Tyrant) semble avoir disparu. La batterie (inacceptable) de Daniel Erlandsson pas franchement inspirée ni écrasante (hormis « Never Forgive, Never Forget ») caresserait presque nos tympans. Tout ceci demeure lisse et convenu.
L’Arch Enemy de 2014 tentera d’effacer la procédure de divorce entamée sur l’affreux
Khaos Legions, pari réussi en partie. Reprenant les ficelles de
Anthems Of Rebellion, nous aurons droit à un death mélodique « rudimentaire » forgé pour capter l’attention (à la limite du FM) et être joué en « live ». Une recette qui fonctionne cerveau « off ». En creusant un peu l’écoute et en ressortant les anciens brûlots,
War Eternal sera très vite oublié, trop pauvre et aseptisé. La nouvelle hurleuse étant évidemment un lourd handicap. Cierges allumés pour une suite à
Burning Bridges, il va falloir encore prendre son mal en patience.
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