Pour ce qui sera ma dernière chronique, quoi de mieux pour boucler la boucle que le dernier album d’EXODUS en date ? J’avais attaqué il y a 8 ans par « Endless Pain » de KREATOR alors autant rester dans le thrash pur et dur, soit LE genre qui a façonné le metalhead que je suis (et resterai !). Ça tombe bien car avec son intitulé de circonstance, « Blood In, Blood Out » ne fait aucun mystère de ses racines old school : clin d’œil appuyé au légendaire premier opus, caméos de Kirk Hammett et Chuck Billy et retour de Zetro au poste de chanteur. Difficile de faire plus aguicheur pour le vieux fan de thrash bay area ! Ajoutez à cela les déclarations d’un Gary Holt en rupture du thrash progressif défendu sur les deux « Exhibit » (feeling plus punk des compos dixit l’intéressé) et les habituels abus de langage de Steve Souza (l’album le plus brutal et rapide du groupe), n’en jetez plus, l’excitation est à son comble.
On commence par quoi ? Par rendre hommage à Rob Dukes peut-être ? Débarqué durant l’enregistrement de ce 10ème full length, le troisième chanteur du combo de Richmond n’a cessé de progresser au fil des ans, dotant EXODUS d’un feeling hardcore loin d’être désagréable. Première constatation à l’écoute des lignes de chant du rappelé de dernière minute, il y a vraiment match nul. Autant on est plutôt content du retour de Steve, autant le sentiment premier reste un petit pincement au cœur concernant Dukes, féroce aboyeur qui avait conquis tout le monde sur scène mais également sur disque, finalement. S’il ne peut rivaliser en puissance avec Rob sur les couplets, Souza fait heureusement pencher la balance en sa faveur sur les refrains ; bien que moins à son affaire que sur l'excellent
« Tempo Of The Damned », Zetro fait ce qu’il sait faire de mieux, à savoir gueuler comme un putois du début à la fin. C’est souvent impressionnant, comme sur « Body Harvest » ou le hurlement final de « Collateral Damage » mais sur quelques titres plus posés, on aurait apprécié qu’il lâche un peu le chant en cadence pour des lignes plus classiques. Retour satisfaisant donc, à défaut d’être triomphal.
Sur le plan strictement musical, on est passé de l’heure dix huit de « Exhibit B : The Human Condition » à soixante-deux minutes, soit un quart d’heure de gagné. Toujours ça de pris, même si les tics de compositions de Holt et deux ou trois bouche trous viennent enrayer la dynamique de l’album. Pour le feeling punk, on repassera donc, « Blood In, Blood Out » ne renfermant aucun équivalent de « Thrash Under Pressure » ou « Burn, Hollywood Burn ». Quel dommage que Gary Holt, riffeur hors pair, alourdisse à nouveau ses compos de passages dispensables, répétant parfois jusqu’à l’écœurement des plans lourdement répétitifs n’ayant d’intérêt que pour les thrashers en formation. Mais plutôt que de taper sur Gary (ou Lee Altus, atteint du même syndrome de la rallonge inutile sur « Honor Killings » et « Body Harvest »), cette fois, j’ai plutôt envie de m’en prendre à Andy Sneap. Ce n’est pas aussi le boulot d’un producteur que d’inciter le groupe dont il s’occupe à faire des coupes lorsque le besoin s’en fait sentir ? Pour ne rien arranger, le mix laisse vraiment à désirer avec des guitares presque en arrière plan, les grands gagnants de ce rééquilibrage étant Jack Gibson (hé D.D. Verni, t’as vu comme elle ronronne ma basse ?) et le batteur Tom Hunting. Certains apprécieront peut être mais pour ma part, je persiste à trouver que les guitares manquent de crunch, l’habituelle marque de fabrique du groupe. Autre réserve, les soli : traditionnel point fort du groupe, ceux-ci déçoivent une fois sur deux, Holt et Lee Altus étant souvent pris en flagrant délit de tricotage stérile avant de rattraper le coup avec une mélodie en twin guitars (« Blood In, Blood Out », pas loin d’un « Count Your Blessings »). Sur ce plan là, EXODUS a clairement perdu de sa superbe avec les années et c’est bien regrettable. Pour en finir avec les griefs, éjectons sans ménagement le fadasse opener « Black 13 » (la touche electro de Dan The Automator n’apporte rien), à peine meilleur que « Raze » ainsi que les dispensables « Warped In The Arms Of Rage » et « My Last Nerve ». Ainsi, on se sentira plus léger pour aborder le final sans concession de la doublette infernale « Honor Killings/Food For The Worms ».
A ce stade, la barque des reproches est déjà bien chargée me direz vous. Heureusement, « Blood In, Blood Out » n’a pas que des défauts, loin de là ! Déjà, les hymnes sont de retour avec un title track speedé pas loin d’être irrésistible, l’excellente « Collateral Damage » et du bon gros mid tempo qui martèle façon « Blacklist » (« Salt The Wound », « BTK »). Délestée d’une minute, « Body Harvest » et « Honor Killings » seraient quant à elles tout bonnement géniales. D’un point de vue global, on note avec satisfaction le retour de riffs plus directs façon
« Bonded By Blood » sur « Blood In, Blood Out » et « Collateral Damage », même si Gary Holt n’oublie pas d’épater la galerie avec des plans torturés dont il a le secret (le carnage final « Food For The Worms »). Autre bon point, la recrudescence de backing vocals envenimant des titres comme « Body Harvest », « Honor Killings » (DE-CA-PI-TA-TED !!!) ou « Blood In, Blood Out », supplément de couilles bienvenu complétant à merveille les gueulantes hautes perchées de Steve. Saluons également l’abattage de Tom Hunting, auteur de sa meilleure prestation à ce jour au sein d’EXODUS. Dynamiques et variées, ses parties maintiennent la pression tout du long, malgré les trous d’air du tracklisting. Que de progrès depuis ses débuts hésitants, notamment sur
« Pleasures Of The Flesh » !
Si elles ne changent pas la face du disque, la participation amicale de Kirk Hammett (EXODUS était son premier groupe, souvenez vous) sur « Salt The Wound » et de Chuck Billy sur « BTK » participent enfin des moments forts de « Blood In, Blood Out » ; pas là pour plaisanter, Kirk se met à niveau en nous balançant une lead bien chaotique tandis que l’ours de TESTAMENT épaule son acolyte de DUBLIN DEATH PATROL à grand renfort de soufflantes caractéristiques : déjà sacrément pesant, le final de « BTK » n’en sort que plus destructeur encore. Enfin, si je n’ai pas encore mentionné la violemment groovy« Numb », c’est parce que celle-ci navigue entre deux eaux ; un peu longuette, elle vaut principalement pour les gueulantes de Steve et son break salement enivrant à mi parcours. "Blood In, Blood Out" n'est donc ni le successeur attendu du 1er album, ni leur opus le plus brutal à ce jour. Juste un bon EXODUS et un très bon album de thrash avec son lot habituel de tueries auquel il manque, comme souvent, un petit quelque chose pour prétendre au Panthéon. Parce que les Américains ont, depuis toujours, le potentiel pour sortir l’album de thrash ultime, on ne peut s’empêcher d’être un peu plus sévère avec eux qu’avec d’autres. Difficile donc d’évaluer ce « Blood In, Blood Out » aussi bourré de qualités que de défauts, régulièrement frustrant mais le plus souvent terriblement jouissif. Si ma préférence va au jusqu’au boutiste « Exhibit B : The Human Condition » (pour rester dans la période récente), j’aurais quand même du mal à ne pas vous le conseiller !
5 COMMENTAIRE(S)
20/09/2017 13:22
Un disque toujours meilleur que les deux volumes de "Exhibit" ennuyeux au possible, où l'on trouve des bons titres mais d'autres plus moyens. Et puis effectivement le problème c'est que les titres s'allongent à n'en plus finir et on a un sentiment rapide de répétition et linéarité.
05/01/2015 20:46
05/01/2015 14:06
Salut l'artiste en tout cas!
05/01/2015 14:00
Je suis en train de l'écouter pour la première fois suite à ta chronique (il était pourtant sur mon téléphone depuis des semaines...). Et bien pour le moment, ça fonctionne très bien même si certains titres se montrent moins efficaces ("Body Harvest" en ce moment et bof...).
05/01/2015 13:31